31 décembre 2009

Bonne Année 2010!




En ce 31 décembre, je m'en viens vous souhaiter des mots doux pour 2010.

Des mots qui éclairent.

Des mots qui surprennent.

Des mots qui changent.

Des mots qui transportent.

Des mots qui touchent.

Des mots qui marquent.


Et pour Pan-or-amiques, je souhaite que vous passiez le mot, pour qu'encore plus de personnes puissent y puiser des idées de lecture pour l'année à venir!


Bon réveillon!


19 décembre 2009

Pour se faire du bien...




Pour vous faire du bien pendant les fêtes, je vous ai trouvé un album B.D. assez unique en son genre: La veille dame qui n'avait jamais joué au tennis de ZIDROU.


Cet album est une mise en B.D. de petites nouvelles. J'aime les nouvelles pour ce qui est si accrocheur quand on les lit: leur chute! Et là on est servi!


En plus, le trait varie à chaque histoire, car ZIDROU a travaillé avec différents dessinateurs!


Alors de quoi parlent ces nouvelles en image? Tout d'abord, de ce qu'on est prêt à faire par amour. Ensuite de l'intimité. Enfin des surpises de la vie.


Je ne veux rien vous révéler de plus, pour que vous puissiez vous aussi vous faire bercer par la magie de ces petits bouts d'histoire.
Cette bande dessinée plaira à tous ceux qui sont en quête de tendresse, d'humour et de sensibilité.
Elle est aussi faite pour ceux qui aiment les histoires courtes, juste quelques pages avant de s'endormir...


09 décembre 2009

Essayer




Suite à mon commentaire sur Quitter le monde, j'ai reçu comme avis de lecteurs que ce n'était pas le meilleur Douglas Kennedy... Qu'il fallait que je lise La poursuite du bonheur. C'est chose faite!


J'y ai retrouvé ce qui fait Le Douglas Kennedy: du romanesque, et encore du romanesque. Mais surtout des femmes fortes, trinqueballées par le destin. Des avocats gentils, attentionés et honnêtes. Des moments de réussite avec bel appartement et argent à la clé, comme des moments de déprime totale au bord du suicide... et des pages qu'on tourne à une vitesse folle, sans se retourner.


Ce qui m'a plu, c'est que ça marche! Comme dans Quitter le monde, la force des émotions est là, l'intruigue est bien menée, les personnages complexes et bien trempés.


Avec en plus, ici, le McCartysme. Ca fait frémir mais on peut presentir Guantanamo.
Cette fois-ci, nous sommes dans le milieu du journalisme et des artistes, plutôt à gauche, et donc en danger en cette période de guerre froide.


Et puis enfin, j'aime la morale de l'histoire: "Vivre, c'est essayer"


A méditer!


04 décembre 2009

Au 36...



Un petit polar français. Ça faisait longtemps. Mais pas une intrigue policière fumeuse à la série télé. Plutôt un reportage documentaire précis et synthétique sur comment la police mène des enquêtes criminelles à Paris. D'ailleurs, le roman a presque la forme d'un rapport.

Tout démarre avec le meurtre d'un CPE d’un collège de banlieue : deux balles à bout portant, tirées par un mystérieux motard au casque noir. Une scène de crime sur un trottoir près d'une cité, et pour les policiers, le même scénario que d’habitude : « Identifier le cadavre, entendre les témoins, annoncer la mort aux proches, assister le médecin légiste lors de l’autopsie, tirer les ficelles, confronter les idées, monter le dossier, vérifier les alibis, travailler les pistes, mettre hors d’état de nuire, obtenir les aveux (…) Des jours de labeur, des nuits d’insomnies et de doutes. » Mais cette fois, ce qu’ils ne savent pas encore, c’est que ce mort est le premier d’une longue liste et qu’ils partent à la chasse d’un serial killer du vendredi…


Tout y est: le décor du
36 quai des orfèvres, les relations entre policiers et substituts du procureur, les liens ambivalents entre les policiers et les journalistes, les façons qu'ont les collègues de se donner des pseudo. Mais surtout, le vocabulaire du milieu est là pour nous plonger dans l'ambiance. On apprend par exemple qu'un "tapissage", c'est aligner un suspect parmi d'autres civils pour voir si le témoin peut le reconnaître ou pas. Mais vous apprendrez aussi ce que veut dire "crever" une affaire, et plein d'autres expressions que je vous laisse découvrir à la lecture du roman. Et pas de panique, l'auteur nous met les explications en bas de page, comme pour mieux nous faire entrer dans son quotidien!

Enquête faite sur l'auteur, Hervé Jourdain, on comprend mieux:
parisien de naissance, et vendéen de cœur, il est lui-même policier depuis l'âge de vingt ans. Il est également passionné de course à pied, ce qui se ressent à la lecture du livre. De fait, il nous fait naviguer entre les amateurs de marathons et les flics, entre La Rochelle, Les Sables d'Olonne, et Paris. On sent le vécu au-delà de l'effet de réel.

J'ai trouvé que les personnages étaient moins fouillés que chez d'autres auteurs qui ne sont pas policiers de formation, comme par exemple Fred Vargas. Par contre, on se rend mieux compte du côté
procédural du métier. Les P.V., les règles de perquisition, les attributions des enquêtes à un service plutôt qu'à l'autre, les archives, les interrogatoires. J'ai trouvé que la clé de l'enigme semblait trop simple au début; je sentais venir le dénouement; et puis en fait non! Pas complètement. Et c'est ça qui m'a fait dire que ce roman vallait le détour!

Ce livre plaira à ceux qui veulent savoir comment se passe une autopsie, comment on traque les personnes via l'internet, et toutes les autres techniques modernes utilisées courament par la P.J.

Ce roman fera le plaisir des amateurs de
Simenon.

Un roman qui piquera aussi l'intérêt de ceux qui côtoient
l'éducation nationale mais aussi le monde de l'édition.

Enfin, je dois dire que j'aime la mise en abyme proposée par l'auteur sur ce que veut dire écrire un polar... Je ne vous en dit pas plus...

Bonne lecture!

30 novembre 2009

Sourde Egypte




Misère, clientelisme, corruption, terrorisme,... Cet inventaire à la Prévert très noir donne un avant-goût de ce que vous pourrez trouver dans l'Immeuble Yacoubian de Alaa el Aswany. Cet auteur nous fait découvrir une Egypte sourde aux maux de ses hommes, une Egypte qui étouffe les ambitions les plus nobles au profit des bassesses les plus minables. Un livre qui fait mal. Et pourtant tout n'est pas si simple, si caricatural, si tranché.


Bien sûr, la condition des femmes est révoltante, bien sûr le népotisme fait frémir, mais l'Egypte de l'Immeuble Yacoubian reste plus que ça. C'est une Egypte qui chante, qui fume, qui boit, qui aime, qui cherche. Une Egypte qui n'est pas celle des pyramides et des touristes, mais bien une Egypte du quotidien de la rue, au passage.


Ce roman plaira à ceux qui aiment comprendre les sociétés de l'intérieur. El Aswany est un reconstructeur d'ambiance de talents. On sent les odeurs, on entend les bruits du Caire. Il sait aussi faire se croiser les différents personnages avec subtilité, si bien qu'on voit se tisser le lien social, on le voit aussi se défaire, de pages en pages, tout en étant dans ce brouhaha de personnages qui font la vie d'un immeuble.


Ce roman intéressera ceux qui se penchent sur le devenir des êtres, dans leur lutte quotidienne pour se faire une place dans ce monde, que ce soit en passant par les études, la religion, les magouilles, l'amour. Ils pourront suivre Taha qui plonge dans l'islamisme. Azzam qui coule dans l'affairisme. Entre autres.
Je vous offre l'incipit: "Cent mètres à peine séparent le passage Bahlar où habite Zaki Dessouki de son bureau de l'immeuble Yacoubian, mais il met, tous les matins, une heure à les franchir car il lui faut saluer ses amis de la rue: les marchands de chaussures, et leur commis des deux sexes, les garçons de café, le personnel du cinéma, les habitués du magasin de café brésilien. Zaki bey connaît par leur nom jusqu'aux concierges, cireurs de souliers, mendiants et agents de la circulation. Il échange avec eux salutations et nouvelles. C'est un des plus anciens habitants de la rue Soliman-Pacha."


Ce livre est aussi l'occasion pour moi de lancer deux nouvelles rubriques: celle intitulée "romans d'immeuble" et celle intitulée "découvrir un pays". La première vous plongera dans des histoires qui sont construites autour d'un immeuble, dans des lieux et époques différentes. La deuxième vous permettra de vous plonger dans la découverte d'un pays, par l'écriture. Encore plus d'entrées possibles pour vous fidèles lecteurs dans le monde des romans d'ici ou d'ailleurs, à la recherche de petites pépites à partager! Vue pan-or-amique garantie!

21 novembre 2009

Anti long fleuve tranquille...




C'est comme un conte de fées mais à l'envers. Un conte de fées du désespoir. Un univers où les tartines beurrées tombent toujours du mauvais côté, où l'on se prend les pieds dans le tapis. Une sorte de livre de Job contemporain. Vous savez ce passage de la bible où le diable dit à Dieu que Job a la foi parce qu'il a tout. C'est alors que Dieu le prive de chacun de ses petits bonheurs, pour prouver au diable qu'il continuera à croire même dans la pire situation... Mais ici point de Dieu, point de Job. Mais une femme, Jane. Une héroïne hors du commun. Pour ce roman Quitter le monde.


Jane va nous montrer sa vulnérabilité, mais surtout sa force. Sa volonté. Sa liberté. Jusqu'au bout. Jane va porter ce récit à elle seule. Un personnage qu'on n'oublie pas.


C'était mon premier Douglas Kennedy après tant de recommandations de mes amies. J'avais comme une sorte de peur du bestseller. Et en fait, j'ai trouvé ça très bien mené. J'ai pensé également que ce roman transmettait une certaine énergie, contrairement à ce que l'on pourrait croire en lisant le résumé. (Je vous conseille d'ailleurs de ne pas lire la quatrième de couverture avant de commencer!)


Ce livre jette un regard intéressant sur l'Amérique:


"Nous sommes tous obnubilés par le désir d'arranger les choses, au point de nous persuader que nous sommes capables de rectifier le cours de la vie. 'Jeter des ponts', 'tendre la main', 'arrondir les angles': le lexique de l'Amérique moderne est hanté par le besoin de réconciliation, car nous sommes le pays 'où tout est possible', pas vrai? Nous nous faisons fort d'esquiver la tragédie, de combler l'abîme insurmontable qui se creuse si souvent entre les êtres humains, de comprendre l'incompréhension..."


Un roman pour ceux qui s'intéressent aux parcours de vie...


Un roman qui donne envie de lire Melville, Hemingway et d'écouter Brückner.


Merci Anne-Laure de me l'avoir prêté!!!!


Un dernier extrait pour la route:


"Le souvenir d'une nuit blanche en particulier, des mois auparavant, s'est dégagé je ne sais pourquoi du fouillis de ma mémoire. tourmentée par ma peine, environnée de ténèbres, je m'étais levée pour aller m'asseoir devant mon ordinateur et parcourir le cyberespace pendant des heures, sans but, jusqu'à ce que le jour revienne enfin. Brusquement, j'avais tapé sur Google le mot 'incertitude'. Sur une impulsion. Au milieu des dizaines de pages qui s'affichaient, à l'écran j'avais repéré un nom qui ne m'était pas inconnu: Werner Heisenberg. C'est le mathématicien et physicien allemand à qui revenait la parité du principe d'incertitude: en considérant une particule donnée, on ne peut jamais connaitre à la fois, sa position et sa vitesse. C'est l'une ou l'autre. Telle est l'indétermination de tout fragment de vie."

16 novembre 2009

Meurtre à Fjällbacka




Tout commence quand un pêcheur remonte le corps d'une petite fille noyée au lieu de son casier à homards. Et Camilla Läckberg nous embarque directe sur la piste d'un tueur très mystérieux, dans l'ambiance tendue et nuageuse d'un petit village suédois, Fjällbacka, que les habitués de l'auteur connaissent bien!

Ce sont à nouveau Erika et Patrick qui mènent l'enquête, enfin cette fois-ci, peut-être quand même plus Patrick, car Erika vient d'avoir une petite Maja, et qu'elle est très occupée à alaiter...

C'est donc dans la droite ligne de La princesse des glaces, et du Prédicateur. Et ça s'appelle le tailleur de pierre.

Ce sont les mêmes outils narratifs: Camilla Läckberg nous présente des personnages qui en savent plus que nous, et nous tient en haleine au maximum avant de nous révéler leur petits secrets. On suit le point de vue de différents acteurs du drame par petites séquences successives, sans trop savoir toujours quels liens il existe entre les différentes histoires. Et tout d'un coup tout prend forme. Et l'on comprend l'inavouable, le terrible, le cruel.

Un roman à conseiller à tous les amateurs de polars à la Millenium.

Un roman qu'on lit en deux jours, scotché à son fauteuil ou à son lit, jusqu'à pas d'heures!

Bref, avis à ceux qui ont de longs trajets en perspective, ou qui veulent tout simplement se faire un week-end cocooning palpitant!

13 novembre 2009

Intense Irlande




J'étais à un mariage à Naples, quand une Irlandaise à la retraite m'a conseillé de lire Le testament caché de Sebastian Barry. Elle m'a dit que je découvrirais une histoire bouleversante, et que je pourrais comprendre l'Irlande un peu mieux... Et quel cadeau elle m'a fait! Ce roman est un trésor!

Il est si bien écrit (et traduit) qu'on a envie de le lire tout doucement, intensément. De ne pas en manquer une miette.

Ce sont deux journaux intimes qui se répondent et se font écho. Celui d'une vieille dame centenaire dans un asile psychiatrique, et celui de son médecin.

Roseanne, la patiente, a un regard si aiguisé sur la vie qu'on a envie de continuer à l'écouter nous raconter son histoire: son enfance, ses parents, son mariage, sa déchéance, son exclusion, ses douleurs. Ses paroles sont si justes et son témoignage est si touchant, qu'on est emporté comme par une grande vague.

Tant de passages m'ont marquée comme celui-ci: "Certaines choses changent à l'allure des hommes devant nos yeux, mais d'autres changent selon des arcs si grands que c'en est invisible. Le bébé voit une étoile clignoter à la fenêtre dans la nuit noire et tend la main pour l'attraper. De la même manière, mon père s'efforçait de saisir des choses qui étaient en réalité hors de sa portée et qui, quand leur lumière lui parvenait, étaient déjà anciennes et terminées."

Ou celui-là: " Je dois avouer que certains souvenirs dans ma tête me semblent étranges à moi aussi. Je n'aimerais pas avoir à le dire au Docteur Grene. La mémoire, il me faut le croire, si elle est délaissée devient une sorte de pièce remplie de boîtes ou un débarras dans une vielle maison, son contenu est tout mélangé, peut-être pas seulement par négligence mais aussi à force d'y chercher au petit bonheur, et par-dessus le marché, d'y jeter des choses qui n'ont rien à y faire."

C'est beau cette femme qui écrit en cachette, qui cherche à fouiller les méandres de sa vie passée, avec modestie et pudeur.

Quant au Docteur, il est lui aussi plongé dans des eaux troubles car il a pas mal de soucis avec sa femme, et parce que son asile doit fermer car trop vétuste. Il doit donc évaluer les patients pour savoir où les dispatcher. Or il n'arrive pas à cerner Roseanne, la centenaire si discrète et belle dans sa vieillesse. Elle lui est un mystère qu'il va essayer de percer.

Sebastian Barry nous livre un roman magistral, prenant, riche. Il nous permet de découvrir son pays l'Irlande avec talent. Son roman est une fresque sensible qui donne à sentir un monde d'hier, pris dans les tourmentes, les guerres, les religions, les pressions sociales.

Je conseille ce roman à tous ceux qui s'interrogent sur la mémoire, le passé et ce qu'on en fait.

Je recommande le livre à ceux qui aiment les yeux scintillants des mamies qu'on n'oublie pas.

Pour moi, certainement, une de mes plus belles lectures des derniers mois, avec D'autres vies que la mienne.

08 novembre 2009

Histoires de femmes


C'est un concentré d'histoires de femmes écrit par Rebecca Wells. Celles d'une fille, de sa mère, et de la mère de cette dernière, mais surtout l'histoire d'un groupe de copines à la vie à la mort surnommées les Ya-Ya, d'où le titre: Les divins secrets des petites Ya-Ya.


Tout commence quand Siddy, metteur en scène à succès, découvre avec horreur une chronique du Sunday New York Times consacrée aux liens avec sa mère... Quand on sait que celle-ci alcoolique l'a battue, on comprend la peine que cause l'article à la mère et à la fille. Ce roman, c'est toute leur histoire, une tentative de comprendre l'alcool, les coups, les douleurs, de Siddy, de sa mère Vivi, et de la mère de sa mère, Buggy. Et ce par l'entremise des carnets de souvenirs de Vivi et de ses amies intitulés les divins secrets des petites Ya-Ya. On trouve de tout dans ce pêle-mêle de souvenirs abimé, une clé, de vieilles lettres, des photographies usées par le temps, des bouts de gâteau, des anecdotes, etc.


C'est alors une plongée dans les années Shirley Temple, les années Billy Holiday, les années Autant en emporte le vent, et j'en passe. Une plongée dans l'histoire de l'Amérique en guerre, et son après, les années 60 jusqu'à nos jours. Une plongée dans l'histoire de la Louisiane, d'où est originaire Rebecca Wells, l'auteur.


La traduction française n'a rien d'exceptionnel dans le style, mais on se laisse emporter par l'histoire de ces amitiés féminines intenses.


Je pense que chacune des lectrices sera touchée par des moments différents du roman, tous les épisodes de vie collectés formant un patchwork très détonnant et surprenant. Et je crois que toutes y trouveront des étincelles de bonheur et de partage. Une main sur l'épaule.


C'est aussi un roman sur le pardon. Sur le devenir adulte. Sur l'Amour avec un grand A. Un amour pas égal, pas sans effort, et pas sans douleur.
En exergue du roman on trouve ces mots qui le qualifient bien je trouve:
"Nous ne naissons pas d'un seul coup, mais par petites touches. D'abord le corps, ensuite l'esprit... Nos mères sont déchirées par les douleurs de notre naissance physique, tandis que nous subissons les longues souffrances de notre croissance spirituelle. Mary Antin"
Je pense que ce livre plaira à ceux qui ont aimé Ligne de failles de Nancy Huston.

05 novembre 2009

Petites lettres et grandes émotions




C'est un tout petit livre, qui se lit très vite, et qui se glisse facilement dans un sac: Un homme à distance de Katherine Pancol. Il raconte les liens entre une libraire à Fécamp et un mystérieux homme américain acheteur passionné de livres. Peu à peu la liaison se fait moins professionnelle et plus émotionnelle pour le meilleur et pour le pire.

Au-delà du fait que les mots coulent tout seul, ce roman a l'avantage de donner tout plein de conseils de lecture, car les livres sur lesquels échangent les deux héros existent bel et bien.

C'est un petit roman pour ceux qui ont aimé Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, et autres romans épistolaires.

C'est un petit roman pour ceux qui aiment les livres dont les libraires sont les héros, comme le libraire.

C'est un roman pour les pressés, qui veulent juste s'aérer l'esprit l'espace d'un instant.

Un extrait:

" Est-ce qu'on sait tout de l'autre quand on aime les mêmes livres? Est-ce que les livres sont un moyen de tout se dire, même l'inavoué, le plus terrible secret? Si vous m'aviez parlé de livres qui m'indiffèrent, si je vous avais énoncé des titres qui vous laissent froid, auriez-vous pensé à moi comme si vous saviez tout de moi?"

03 novembre 2009

Une Australie sombre...




Si vous souhaitez découvrir l'Australie, ce roman policier est pour vous: L'homme chauve-souris de Jo Nesbo. Non seulement vous pourrez vous promener dans Sydney, devant l'opéra, dans l'arrière-pays, mais vous aurez aussi une vue imprenable sur la noirceur qui peut régner ici ou là: le monde des drogués, des alcooliques, des boxeurs, des prostituées, des gens du cirque, etc. C'est une plongée dans les bas fonds qui permet de mieux comprendre les enjeux sociaux d'intégration mais aussi l'histoire de cette contrée lointaine.

D'ailleurs l'intrigue rondement menée est construite elle-même sur le modèle d'un conte aborigène.

Ce roman policier est le premier d'une longue série qui fut honorée par la critique à sa sortie, et qui donna à Jo Nesbo le statut d'auteurs de polar reconnu qu'il a aujourd'hui. Son inspecteur mythique c'est Harry Hole. Un ancien alcoolique qui essaie de garder la tête haute pour affronter des affaires de crimes.

Dans l'homme chauve-souris, une jeune norvégienne est retrouvée violée et tuée. Du coup, la Norvège mandate l'inspecteur Hole pour qu'il travaille avec ses collègues australiens sur le cas. Il va alors avoir comme partenaire un agent de police aborigène, qui va l'initier au pays mais aussi aux horreurs du monde et à ses mystères. Un tandem de choc qui va faire avancer l'intrigue avec talent, et non sans rebondissement!

La première particularité de Jo Nesbo est de réussir à combiner le suspense avec une réelle découverte culturelle d'un pays. Tous les amateurs des relations multi-culturelles s'y retrouveront!

La deuxième particularité de Jo Nesbo, c'est d'avoir créé un inspecteur très humain, avec plus de failles et de faiblesses que de force. Un peu à la Adamsberg de Fred Vargas, mais en encore plus perdu et noir, en encore plus blessé...

Enfin, j'ai aimé qu'il intègre des bouts de contes et de mythologie australienne au roman. Ca lui donne tout son charme!

Un bémol peut-être: le triste sort des femmes dans le livre...

28 octobre 2009

Résistant




C'est un petit univers de peur à l'atmosphère étouffante, où personne ne peut faire confiance à personne, où tout est basé sur l'image et le mensonge, où tout le monde doit jouer un jeu habile pour survivre, où tout peut basculer et très vite.

C'est à Berlin en 1940, juste après la défaite française. La Gestapo, les SS et les commissaires sont partout, ainsi que les membres du parti. Il n'y a pas d'issue, pas de justice. L'arbitraire est omniprésent.

Pourtant, au milieu de tout ce dédale de propagande, un vieux couple tient bon. Les Quangel. Ils viennent d'apprendre la mort de leur fils au front, et cela crée chez eux comme un électrochoc pour entrer en résistance...

Un roman réaliste sur l'Allemagne nazie qui illustre toutes les dérives d'un régime totalitaire.

Un roman construit autour de la vie d'un immeuble, comme l'immeuble Yacoubian et les secrets d'un petit monde, et qui donne au genre tout son sens entre les rumeurs et les dénonciations de cages d'escalier. C'est d'ailleurs le lieu où tout se joue ou presque. Comme si l'immeuble en lui même se faisait l'écho de la société et de ses vices. Il y a ceux qui se jettent des fenêtres, ceux qui se cachent, ceux qui épient par les judas, ceux qui déposent des cartes postales dénonçant le régime au détour d'un appui de fenêtre,...

Un livre qui plaira à ceux qui ont lu Une femme à Berlin. La plume est si proche du quotidien qu'on en dirait presque un témoignage au-delà de la forme romanesque.

Un livre qui fait réfléchir sur l'homme et son pouvoir en société. Sur le mal. Et qui n'épuise pas le sujet, mais le ravive bien au contraire.

Un livre hommage aux résistants de tout bord. Un grand livre, comme le disait Primo Levi, à juste titre...

Son titre en allemand Jeder stirbt für sich allein (en français dans le texte: Chacun meurt pour lui tout seul). Tout est là.

Un extrait:

"Les Hergesell supportaient avec peine cette atmosphère dans laquelle il leur fallait vivre. Mais ils se répétaient que rien ne pouvait leur arriver, puisqu'ils n'entreprenaient rien contre l'Etat. 'Les pensées sont libres' disaient-ils. Mais ils auraient dû savoir que ce n'était même plus le cas sous ce régime."

23 octobre 2009

Soliste





Il y a peu, Carole, une amie, m'a fait découvrir les petits livres amusants d'Eleonore Zuber (lorsque je me sens ridicule, lorsque je suis vraiment chiante, etc). Et hier, je suis tombée sur Seule en solo, de Oxolaterre et Sophie Zuber, et j'ai décroché quelques sourires alors même qu'il faisait gris! Et j'ai pensé qu'entre Eleonore et Sophie, les Zuber avaient du bon en ce début d'hiver!

Aussi bien chez l'une que chez l'autre, j'aime le style du dessin naïf qu'on imaginerait bien sur des T shirts ou des cartes postales . J'aime le côté laconique du texte de leurs BD.

Dans la série des Lorsque... d'Eleonore Zuber, tout est dans le détail qui tue... dans le cocasse... Elle se moque bien des filles, de leurs manies (régime, shopping, etc) et de leur envie d'être amoureuse!

Dans Seule en Solo, on retrouve tour à tour toutes les petites phrases qu'une célibataire entend de ses amis, de ses parents... et ses pensées aussi.

De: "Parfois, on a un gros rhume et personne pour nous porter un aspirine" à "Je suis le nombre impair. A cause de moi, on ne peut pas alterner un homme une femme autour de la table" en passant par plein d'autres petits bouts de vécu!

Juste quelques pages et tout est dit ou presque!

Dans le même genre, il y a Joséphine de Pénélope Bagieu... qui rentre pour ne retrouver que des piles de factures dans sa boîte-aux-lettres, un frigo vide et son chat! Qui n'en finit pas d'essayer de trouver quelqu'un (de meetic en soirées, de clubs de ski en réunions de bureau).

Alors un phénomène social à étudier la BD pour femme esseulée? Stéréotype ou rigolade? A vous de juger!

20 octobre 2009

Humain, très humain




Il m'arrive rarement de pleurer en lisant un livre, mais là, je n'ai pas pu l'empêcher. D'autres vies que la mienne m'a touchée en plein coeur. Une de mes meilleures lectures des derniers mois. C'est un livre Humain, avec un grand H. Un livre où tout ce qui fait notre condition surgit et nous fait face: la mort, la maladie, l'amour, les peurs, les joies, les horreurs, les peines.


C'est un livre profond. C'est un livre sincère, je crois. Ce n'est pas un roman mais plus un partage d'évènements rares et intenses: D'abord, le tsunami en Asie du Sud-Est. E. Carrère y était avec sa compagne et leurs enfants. Ils ont survécu mais la petite fille d'un couple avec qui ils avaient sympathisé y est morte noyée. Ensuite, le mort de la soeur de la compagne d'E. Carrère. Elle était juge, elle avait un mari et trois petites filles mais elle a été emporté (et très vite) par un cancer. E. Carrère analyse ces situations de deuil. Nous sentons son regard à la fois introspectif, et curieux des autres. C'est une entrée dans l'intime qui fait réfléchir à son propre vécu. Mais qui fait aussi pénétrer dans des sphères parfois ignorées comme celle de la petite existence d'un tribunal d'instance à Vienne (Isère), ou celle des chambres d'hopitaux où il question d'amputation, de soins paliatifs, entre autres.


Ce livre m'a tellement marquée, que les mots me manquent pour le décrire. Il y a tant de passage qui m'ont bouleversée chacun à leur façon...


"Ce qu'Etienne découvre devant ces types perdus au tribunal, écrabouillés, mal barrés dès le départ, c'est que plus ce qu'on lui dit est difficile à entendre, plus il est calme. Devant les souffrances d'autrui, il retrouve instinctivement la posture qui lui a permis de supporter les siennes lorsqu'il était cancéreux. S'ancrer au fond de lui-même, dans son ventre. Ne pas se révolter, ne pas lutter, laisser faire: le médicament, le cours de la maladie, celui de la vie. Ne pas chercher quoi dire d'intelligent, laisser venir les mots qui sortent de sa bouche: ce ne sont pas forcément les bons, mais c'est seulement comme cela que les bons ont une chance de sortir."


Un livre à conseiller à tous ceux qui doutent encore qu'au plus sombre de la tragédie on puisse trouver un peu de lumière...
Un livre pour creuser en soi au fin fond de l'hiver...

15 octobre 2009

Mal-être en barre




C'est un roman d'actualité, remarquable, sur le mal-être en entreprise. Son titre: Les heures souterraines de Delphine de Vigan.

Elle y dissèque avec talents toutes les mesquineries, les bassesses, les non-dits qui détruisent à petit feu, de l'intérieur, dans notre monde moderne. Les longs trajets de RER, l'indifférence générale, la solitude, les luttes intestines pour réussir, etc.

Mathilde travaille dans le marketing. Elle a tout pour faire une belle carrière, elle est reconnue, elle donne beaucoup d'énergie pour sa boîte. Et un jour, tout bascule sans qu'elle ne s'en rende compte. On lui donne le bureau à côté des toilettes, on ne la met plus en copie des emails, elle n'est plus informée des réunions... Tout s'enraye. On ne fait que lui répéter qu'elle a mauvaise mine. Qu'elle devrait se reposer. Elle sombre peu à peu.

"D'abord Jacques avait décidé que les quelques minutes qu'il lui consacrait chaque matin pour faire le point sur les priorités et les dossiers en cours constituaient une perte de temps. Elle n'avait qu'à se débrouiller seule, et le solliciter en cas de besoin. De même, il avait cessé de venir la voir dans son bureau en fin de journée, un rituel qu'il avait instauré depuis des années, une courte pause avant de rentrer chez lui. Sous des prétextes plus ou moins plausibles, il avait évité toute occasion de déjeuner avec elle. Il ne l'avait plus jamais consulté à propos d'une décision, avait cessé de se préoccuper de son avis, n'avait plus jamais fait appel à elle d'aucune manière."

Thibault lui est médecin. Il parcourt Paris en voiture de détresse en douleur, au milieu des embouteillages et des SMS l'informant des visites à effectuer. Il souffre de sa récente rupture...

Tous les deux naviguent dans le noir de la ville. Tous les deux n'ont plus d'air pour respirer.

Un roman saisissant, qui illustre bien notre époque et ses travers.

Un texte qui plaira à tous ceux qui ont approché de près ou de loin l'hypocrisie des grandes entreprises.

Des mots qui parleront à ceux qui ont pu un jour se sentir en détresse.


"Au moment où la porte se referme derrière elle, Mathilde plonge la main dans son sac jusqu'à sentir le contact du métal. Elle a toujours peur d'avoir oublié quelque chose, ses clés, son téléphone, son porte-monnaie, son passe Navigo. Avant, non. Avant, elle n'avait pas peur. Avant, elle était légère, elle n'avait pas besoin de vérifier. Les objets n'échappaient pas à l'attention, ils participaient d'un mouvement d'ensemble, un mouvement naturel, fluide."

13 octobre 2009

Coeur lourd




Hier soir, j'ai lu Le cœur-enclume de Jerôme Ruillier. Un trait fin et facile pour un sujet loin d'être évident: celui de la naissance d'un enfant prématuré et handicapé.

Ce qui m'a plu c'est la douceur malgré la dureté du sujet. On dirait presque des petits ours bruns. Cet album est plein d'émotions, de tendresse, de peine, de sentiments complexes et intimes. Il a quelque chose d'enfantin dans les dessins et cela pour parler d'un sujet d'adulte plutôt délicat: la naissance dans ce qu'elle peut avoir de déroutant.

Jérôme Ruillier ose parler de sentiments parfois inavouables comme le rejet de son enfant, les doutes face au handicap, la peur de l'annoncer aux proches, le dégout de soi-même. Il nous confie une tranche forte de sa vie comme un petit coquillage fragile.

Un témoignage bouleversant qui vaut la peine d'être lu...

Une petite leçon de vie en noir et blanc qui redonne des couleurs et de l'espoir!

30 septembre 2009

Petit conte moderne








Un petit roman qui ne mange pas de pain, qui se lit tout seul et qui s'en va: No et moi de Delphine de Vigan.




Lou, treize ans, est une enfant surdouée, toute petite en taille et qui vit un enfer à la maison. Depuis le décès de sa petite soeur, sa mère a sombré dans la dépression. Un jour, pour un exposé, elle rencontre No, une SDF de la gare d'Austerlitz. Elle va décider de la faire entrer dans sa vie, de l'aider, sans trop savoir dans quoi elle s'avance!




L'histoire est assez convenue mais on s'attache quand même à leur duo... Lou et No vont grandir ensemble pour le meilleur et pour le pire!




J'ai découvert Delphine de Vigan en écoutant le 5-7 de France Inter. Elle y était interviewée pour son dernier roman, les heures souterraines. Son discours m'a plu, et Patricia Martin, la présentatrice, m'a convaincue de la lire!




Je pense que son style plaira à tous les fans d' Anna Gavalda et autre Katherine Pancol.




Un petit conte moderne!

28 septembre 2009

Inadéquation




La solitude des nombres premiers
... Un très joli titre pour un roman fort et poignant.

C'est l'histoire de Mattia et Alice. Tous deux ont vécu des moments traumatisants dans leur enfance, et on les suit adolescents puis adultes... On les voit se débattre avec la vie. Mattia rejette le monde, Alice se sent rejeter par le monde. Et tous deux tentent bon an mal an d'avancer. L'un est surdoué, l'autre boite suite à un accident, et chacun vit les décalages et inadéquations de son âme et de son corps face à la société, à la famille et aux amis.

Le ton est juste. L'histoire n'est pas celle d'un conte de fée, mais elle colle au vécu et au sensation des personnages avec brio. Si bien qu'on arrive aussi à poursuivre avec eux pages après pages malgré la dureté du propos.

Un premier roman d'un thésard en physique qui vaut le détour! On ressent bien toutes les petites humiliations, tous les rejets, toutes les blessures au corps et à l'âme.

Je l'ai lu en italien, mais vous pouvez le trouver en français, anglais, etc.

La force de ce livre est de ne pas tomber dans la psychologie de bas étage, mais de démontrer comme mathématiquement les douleurs telles qu'elles sont.

Un roman qui s'attache à ce qui nous détache des autres.

Un texte qui ne cherche pas à séduire, mais qui plaît par sa différence, comme Mattia et Alice.

Merci à Ele, Fede, Ricardo et Simon pour ce très beau cadeau de fin de thèse!

17 septembre 2009

La mystérieuse Rosalie Blum






Le personnage est attachant, comme la BD. Le trait est celui du quotidien: les stylos qui traînent, les miettes sur la table,... J'aime la façon qu'à Camille Jourdy de nous raconter le petit déjeuner en quelques cases: Des mains qui tranchent le pain, vue plongeante sur le pot de confiture, détail du sachet de thé qu'on retire de son bol, et la main qui allume la radio. Pas un mot. Et quand il y en a ce sont ceux du monologue interieur de Vincent.


Vincent, il a la trentaine. Il vit en province. Il est coiffeur. Rien de rien dans la vie. Ah si, une mère affreuse, possessive, égoïste et qui se rejoue sa vie rêvée en marionnettes en ricannant! Et pourtant un jour tout bascule quand Vincent se met à suivre cette mystérieuse Rosalie Blum dans la rue...


Une BD du trentenaire en crise comme il en existe d'autres (Monsieur Jean, Le combat ordinaire, etc). Mais un ton différent, et des astuces de mise en scène de l'histoire très bien vues.


J'ai lu les deux premiers tomes, et j'ai aimé me laisser surprendre par cette histoire banale mais si bien racontée. Pas de bulles mais des mots qui dansent ici ou là, un souci du détail dans le dessin, de belles expressions du visage surtout pour le chat et la mère acariâtre. J'aime aussi que l'histoire ne soit pas toute enfermée dans des cases... Mais qu'il y ait tantot de petits croquis comme des photos prises en mode rafale, puis une page entière comme une aquarelle qu'on peut prendre le temps de regarder. J'aime les couleurs un peu vieillotes du salon de coiffure, j'aime le fait que d'une vie de déprimé Camille Jourdy fasse un tableau...
Avis aux amateurs de BD...

10 septembre 2009

Vive les épluchures de papates




Un titre comme ça, on en voit rarement: Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates! Et croyez-moi le livre vaut le détour!

Il s'agit de la correspondance (fictive bien sûr) entre différents personnages anglais, so british! Les lettres sont piquantes, drôles, parfois sarcastiques, d'autres fois tristes. Elles décrivent avec vivacité et humour des scènes cocasses du quotidien. Elles critiquent parfois les moeurs des uns et des autres. Elles sont aussi l'occasion de confessions douloureuses. Bref, on sautille d'une missive à l'autre comme on court à la boîte-aux-lettres en espérant des petites surprises de papier en rentrant à la maison.

Et au final, grâce au talent de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows toutes ces lettres tissent une très belle histoire d'amitié et d'amour entre des êtres sincères et dévoués qui ont la même passion pour la vie et le même caractère enjoué.

Je dois dire que l'on tombe très vite sous le charme de Juliette, le personnage principal, une écrivaine londonienne qui cherche une bonne idée de roman à écrire... mais aussi de l'île qui va finir par attirer toute son attention: Guernesey. C'est en effet dans ce décor qu'est né, pendant la seconde guerre mondiale, ce mystérieux cercles de lecture...

Ce roman est aussi l'occasoin de lire des tas d'autres histoires et anecdotes sur la vie des habitants des lieux pendant et après la guerre... ou comment garder le sourire quand tout va mal. Et cela grâce aux échanges de courriers entre juliette et les membres de ce mysterieux cercles aux tourtes aux épluchures de papates et aux romans.

Ca se lit tout seul... Ca donne envie d'écrire et de recevoir de longues lettres. Comme il devait être doux de ne pas avoir de téléphone portable et d'email ni de guides touristiques pour découvrir un lieu et ses habitants... mais seulement les mots sur le papier de vieux livres ou de lettres!

Ce livre plaira à ceux qui aiment les personnages au tempérament bien trempé et au ton qui décape!

Ce livre fera le bonheur de ceux qui aiment Petits meurtres dans un jardin anglais, Beaucoup de bruit pour rien, etc. On est en société, on s'observe, on ne s'épargne pas, et cela pour le meilleur divertissement des uns et des autres.

Ce livre conviendra aussi à tous ceux qui aiment Anna Gavalda, Alice Ferney et les autres auteurs de la série Au féminin de ce blog! Il vous donnera envie de lire, c'est sûr!

Extrait:

"C'est ce que j'aime dans la lecture. Un détail minuscule attire votre attention et vous mène à un autre livre, dans lequel vous trouverez un petit passage qui vous pousse vers un troisième livre."

08 septembre 2009

Au pays des morts...




Judith Hermann a une écriture du concret; une écriture du quotidien, brut; une écriture qui met en scène par le détail banal mais familier... comme le cliquetis des petites cuillères dans le tiroir quand on tend les doigts pour attrapper le tir-bouchon tout au fond derrière les couverts... ou comme les arcs dessinés sur la vitre par les essuie-glaces sous la pluie...


Dans son dernier recueil de nouvelles, elle se penche sur la question de la mort des proches à travers des gestes simples, ceux qu'on s'efforce de continuer à faire pour rester vivant quand tout nous bouleverse... ceux qu'on fait pour accompagner les autres dans la douleur sans quitter le quotidien qui semble irréel tant il est effacé par la souffrance...


Le fil conducteur entre les nouvelles s'appelle Alice. Beau personnage confronté à la mort de façon forte et différente à chaque fois...


J'ai dégusté comme toujours les nouvelles allemandes de J. Hermann. Des petites lumières dans la nuit.

22 août 2009

Un tout petit village...




Tout commence par ces mots:


" Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi, je n'ai rien fait, et lorsque j'ai su ce qui venait de se passer, j'aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu'elle demeure tranquille comme une fouine dans une masse de fer."


Brodeck vit dans un village. Dans tout ce que ça peut avoir de petit, un village... surtout quand les gens du village, devant la présence persistante d'un étranger, se sont ligués contre lui, jusqu'à commettre le pire.


Lui, Brodeck, il est chargé du rapport. D'où le titre du roman: Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel.


C'est un livre à lire. Très bien écrit. Une plume qui virevolte entre passé présent et futur avec tant de délicatesse qu'on en oublie les frontières pour ne faire que sombrer dans les pièges de la mémoire.


On y retrouve les camps, la guerre, la désolation, les sévices, l'exclusion, la honte, la peur.


Certaines pages m'ont fait penser à l'oeuvre de René Girard, notamment à La violence et le sacré.


"Quand je relis les pages précédentes de mon récit, je me rends compte que je vais dans les mots comme un gibier traqué, qui file vite, zigzague, essaie de dérouter les chiens et les chasseurs lancés à sa pousuite. Il y a de tout dans ce fatras. J'y vide ma vie. Ecrire soulage mon coeur et mon ventre."


Ce roman plaira à ceux qui s'interrogent sur l'histoire, la grande et la petite.


Ce livre plaira à ceux qui aiment les plumes bien affinées.
Un texte qui sent la campagne, les sous-bois, les feux de cheminée et les creux de l'hiver...


Ce livre interpelera ceux qui s'intéressent aux phénomènes de groupe, à la sociologie, et à l'anthropologie quand elle se fait roman...

08 août 2009

Terriblement fort




Parce qu'elle ne s'est jamais abandonnée elle-même en étant contrainte de s'abandonner aux autres... Parce qu'elle a su trouver les mots pour raconter l'occupation, la guerre, les privations, les viols... Parce qu'elle est restée digne... je voudrais tant vous conseiller la lecture de son journal intime intitulé: Une femme à Berlin, Journal, 20 avril - 22 juin 1945 et paru chez Gallimard.


Elle, c'est une berlinoise anonyme, qui vit la faim, l'attente, les atrocités. Elle est très cultivée, elle a beaucoup voyagé en Europe, mais là elle n'est plus rien ou presque, jusqu'à ce qu'elle trouve des pages vides pour accueillir ses pensées.


On découvre un berlin où toutes les règles, toutes les échelles de valeurs, sont renversées ou absentes. Plus de jours, plus d'heures, plus de dimanche, plus de semaines, juste un temps long qui s'étire entre deux bombardements, entre deux allé-retour à la pompe en courant.


Vous allez me dire que c'est très difficile de lire de telles choses. Et moi-même, j'ai mis du temps avant de trouver la force de lire son témoignage. Mais, ça vaut tellement la peine. Pour elle, pour elles je dirais même, mais aussi pour nous, car c'est un témoignage de force.


C'est un livre précieux pour comprendre (ou tenter de comprendre) ce que veut dire ne pas vivre en paix.


On ne peut s'empêcher de penser aux irakiennes, aux afgahnes, africaines, etc.


Un livre à mettre en toutes les mains qui veulent apprendre la vie et la mort, en face.


Un livre qui brise des tabous sans jamais tomber dans le mauvais goût.


Un livre qu'on n'oublie pas.


Un extrait:
"Faisons le compte: j'ai parcouru douze pays d'Europe, ai vécu notamment à Moscou, Paris, Londres et vu de près le bolchevisme, le parlementarisme, et le fascisme, comme simple être humain parmi d'autres êtres humains. Des différences? oui, et parfois même considérables. Mais j'ai tendance à croire qu'elles résident dans la forme et la couleur, dans les règles du jeu, et non dans le bonheur supposé inférieur ou supérieur, réservé à la majorité, comme le professait candide."

27 juillet 2009

sucré salé



Les mariages, les divorces, les naissances, les deuils, que des moments forts de vie qui peuvent être doux ou avoir un goût amer. Dans Mariage Arrangé, Chitra Banerjee Divakaruni nous fait partager en quelques nouvelles les joies et les tristesses des mariages indiens, au pays ou en expatriation aux Etats-Unis. Chaque nouvelle est très émouvante. On ressent sa sensibilité et son tact dans chacun des mots qu'elle choisit.


En onze histoires, on découvre les rites indiens, mais aussi les détours que peuvent prendre les us et coutumes lors d'exils.


Je n'ai pas de nouvelles préférées dans ce recueil, toutes m'ont emmenée ailleurs, toutes m'ont parlé. Je vous laisse donc les découvrir.


"J'attends ce jour depuis si lontemps que lorsqu'enfin je monte dans l'avion, je respire avec difficulté. Dans ma précipitation, je me cogne à l'hotesse de l'air qui se tient à la porte pour nous accueillir, avec un sourire d'un rose brillant, du même rose exactement que ses ongles.

"Désolée, dis-je, vraiment désolée, comme les soeurs me l'ont enseigné dans ces vieilles salles de classe à haut plafond que la brise provenant des arbres nîm du couvent raffraichissait.

"Pas de problème" réplique-t-elle, arborant un sourire doré comme les cheveux qui tombent en boucles parfaites sur ses épaules. C'est la première fois que j'entends cette expression. Séduite par les syllabes exotiques, je murmure "pas de problème" en me frayant un chemin dans l'allée."

Chaque nouvelle est le début d'un long voyage... dans l'intimité bouleversée de femmes indiennes.

Ceux qui ont aimé La maîtresse des épices retrouveront la plume douce de Chitra Banerjee Divakaruni avec plaisir. Les autres trouveront dans ces nouvelles une façon plus légère de la découvrir en quelques pages au lieu d'un long roman! (Cela dit La maitresse des épices vaut VRAIMENT le détour!)

Ce recueil de nouvelles plaira à tous ceux qui s'intéressent aux conditions des femmes dans le monde.

Mais il plaira aussi à tous ceux qui sont touchés par les histoires de vie, tout simplement.

13 juillet 2009

En pleine figure...




Pour vous, de Dominique Mainard. On peut se le prendre en pleine figure. C'est un roman qui pousse à l'extrême les pires aspects de notre société: société de consommation, de victimisation et de consolation.


Delphine, l'héroine, a la trentaine et vend réconfort et illusion à qui en a besoin, et pour très cher! Son agence de vente de services à la personne s'appelle POUR VOUS et accueille de tout: de l'adolescent autiste que les parents veulent occuper, au couple qui loue un bébé pour l'après-midi pour compenser la perte, etc.


C'est sordide, et pourtant assez juste dans l'analyse des dérives de notre monde moderne.


Je vous avoue que je ne l'ai pas fini... Mais que pourtant j'y ai trouvé un ton mais aussi une approche de notre petit univers assez forte!


Avis à ceux qui ne craignent pas le cynisme et la prostitution des sentiments!

09 juillet 2009

Monologue contemporain




C'est un long monologue d'une femme qui se parle à elle-même du fin fond de son lit où elle n'arrive pas à trouver le sommeil, contrairement à son mari qui dort paisiblement à côté. Enfin paisiblement, c'est beaucoup dire... Demain (c'est le titre du roman), ils mettront fin à des années de secret, des années de mensonge... Mais avant cela, elle se remémore leur rencontre, leur apprentissage de la vie de couple, leur désir d'enfant, la naissance de leurs jumeaux... et les silences... les non-dits... qui suivirent.

Un livre qui pose la question des tabous familiaux. Un livre qui interroge les liens de filiation... Je ne vous en dirais pas plus, afin de ne pas gâcher le suspense qui fait tenir le roman et tourner les pages!

Graham Swift est un auteur anglais dont les livres furent souvent portés à l'écran. Il est connu pour la justesse de son ton, et la délicatesse avec laquelle il peint les personnages.

La force de Swift dans Demain réside dans sa façon de décrire la jeunesse des années 1960 confrontée à des problèmes des années 1980, où quand la médecine change la donne dans les foyers et les amours...

Un petit extrait:

"Vous dormez, je suppose, mes anges. De même, à ma grande surprise et à mon grand soulagement, que votre père, comme un homme qui trouve de dormir à la veille de son éxécution. Demain, il aura besoin de tout le courage dont il est capable. Je suis la seule réveillée dans cette maison, en cette nuit d'avant le jour qui va bouleverser nos vies. Bien que ce jour soit déjà là : les petites aiguilles lumineuses de mon réveil (que je n'ai pas réglé) indiquent une heure du matin tout juste passée. Et les nuits sont courtes. On est presque au milieu de l'été 1995. Une semaine après votre seizième anniversaire. Par un hasard quelque peu embarassant et qui, selon certain, n'en est pas un, vous êtes nés sous le signe des Gémeaux. Je ne suis pas quelqu'un de particulièrement superstitieux. J'ai épousé un scientifique. Mais une petite chose que je ne pourrais m'empêcher de faire demain - pardon, aujourd'hui, mais pour un instant encore je peux garder cette illusion -, ce sera de croiser les doigts."

22 juin 2009

Envie d'ailleurs?



Je vous emmène au pays des marées, loin, au fin fond de l'Inde pour un voyage dont vous rentrerez changé!


Votre guide: Amitav Ghosh, un très célèbre écrivain du pays!

Vos compagnons de route: Kanay un traducteur qui retourne sur les terres de son enfance, Piya une chercheuse spécialiste des cétacés, et Fokir un humble pêcheur.

Au milieu du réel et des légendes, vous tournerez les pages au rythme des flots, parfois lentement à marée basse, parfois haletant lors de bourasques...

Une écriture poetique vous servira de fil... Il y a du Rilke dans ces mots-là!


"Lavée et changée, Piya gagna en rempant l'avant du bateau, tenant la serviette à carreaux dont elle tentait de demander le nom à Fokir, mais ses gestes ne provoquèrent qu'un haussement de sourcils et une grimace de perplexité. Ce qui n'avait rien d'inattendu car il n'avait montré jusque là que peu d'intérêt à nommer les choses en Bengali. Piya en avait été intriguée, son experience étant que face à un etranger parlant une autre langue, les gens se lançaient presque machinalement dans un rituel de dénomination d'objets. (...) Comment perd-on un mot? Disparaît-il dans votre cerveau comme un vieux jouet dans un placard et y reste-t-il caché sous la poussière et les toiles d'arraignée, attendant d'être jeté ou redécouvert? Un temps la langue Bangali pour Piya avait ressemblé à un flot furieux essayant d'abattre sa porte."


Un roman lent comme lorsqu'on découvre en vacances une contrée lointaine, sac au dos. Il y a les mots, les mets, les odeurs, les rencontres, les aventures audacieuses ou simples!


Un roman à conseiller à tous les curieux du nord-est de l'Inde, à l'embouchure du Gange et du Brahmapoutre...


Un livre qui vous mettra doucement à l'heure d'été, dans un dépaysement le plus total...
Si vous avez aimé La maitresse des épices, vous serez heureux de réembarquer pour l'Inde en mots...

01 juin 2009

Une blessure peut en cacher une autre...




Exit wounds, c'est la dernière B.D. que j'ai empruntée. Ecrit par Rutu Modan, son titre m'a interpelée dans les rayons. Une "exit wound" ou blessure de sortie est le nom donné à l'orifice par lequel ressort la balle après avoir ricoché parfois sur certains os du corps.


Très belle B.D. au final, publiée chez Acte Sud B.D.


Le trait est simple, les scènes du quotidien prises sur le vif.


C'est l'histoire de Koby, un chauffeur de taxi en Israël. Un jour, on lui apprend que son père est peut-être l'homme non identifiable (car trop brûlé) tué dans un récent attentat. Koby n'ayant que très peu de liens avec ce dernier hésite à se lancer à la poursuite de son géniteur absent... pourtant la vie va l'y conduire... par la rencontre de l'ex de son père... une soldate israelienne très grande surnommée la girafe.


Les visages sont expressifs. La psychologie des personnages est habilement retraduites.

Les dialogues sont prenants...


Un beau témoignage de la vie en Israël.

Une belle réflexion sur les liens familiaux.


Une exploration de la société israelienne acutelle par l'intime qui vaut le détour donc...

11 mai 2009

Loin de tout...




Il y a des hommes et des femmes que nous croisons dans le métro et qui respirent l'ailleurs. Ce sont des Africains multicolores qui portent si bien le boubou, des figures masculines maghrebines en robes longues et en babouches,... Parfois on aimerait pouvoir lire dans leurs yeux d'où ils viennent, comprendre ce qu'ils ont vécu, tant leurs mains ou leurs pieds semblent en dire long. Yannick Guihéneuf nous offre cela dans son roman EXILS, au bout de la nuit, chez l'Harmattan.


Ce livre se compose de petites histoires de vie de réfugiés. Il y a Amadou le Mauritanien, Andrée l'artiste Haïtienne, Alpha le Guinéen, et j'en passe. Chacun de leur destin les a poussés en France. Et le réel dépasse la fiction quand on lit leurs aventures... On le préssent. Un journaliste, narrateur du roman, les rencontre, suite à la disparition mystérieuse d'un juge de la cour chargée de statuer sur leur possibilité d'obtenir le statut de réfugié politique. Il nous livre leurs mots, leurs rêves, leurs peurs. Il rapporte avec simplicité et justesse le poids de leurs existences, de leurs fuites, de leurs adieux.


Ce roman est comme un reportage d'Envoyé Spécial, tant il tient du témoignage journalistique. Le narrateur est très neutre, très peu développé comme personnage de roman. Il est passeur. Au sens le plus noble du terme.


Ce livre plaira aux lecteurs de romans marqués par la géopolitique contemporaine, comme ceux de Y. Khadra. Romans où les situations politiques et sociales broient les hommes à petits feux... Grâce à EXILS, on redécouvre l'histoire de pays lointains, on se prend en pleine face les restes d'esclavage, les oppressions, les sévices...


Si vous croisez un jour un réfugié, offrez-lui! Il se sentira peut-être moins seul... au bout de la nuit!


Lire EXILS, c'est déjà faire un pas vers eux...


Un petit extrait:


" Je suis naïve comme mes peintures, c'est ce que j'ai pensé quelques minutes avant de prendre l'avion pour Paris. A vingt-six ans, moi, Haïtienne, je payais très cher la liberté de l'artiste que je me suis accordée en peignant une scène qualifiée de subversive. On y voit le président Aristide, la croix autour du cou, manger des jeunes Haïtiens comme le dieu Chronos dévorant ces propres enfants"




25 avril 2009

Des bulles de Pologne...




Laissez-moi vous présenter Marzi! Elle a les cheveux roux, de grands yeux bleus d'enfant, une curiosité hors norme, et un regard fin sur le monde des adultes qui l'entoure. Elle vit en Pologne, au moment où Solidarnosc se développe et organise des grèves pour faire chuter le régime communiste imposé par l'URSS. Elle regarde le monde depuis sa tour d'immeuble toute grise en béton sovietique ou depuis le fin fond des champs de fraises de la campagne polonaise.


Marzi est l'héroïne d'une B.D. dont je viens de refermer le Tome 4 avec grand plaisir. Son titre: Le bruit des villes.


Cette B.D. est composée à quatre main: Il y a pour le récit, les souvenirs d'enfance de Marzena Sowa, et pour les dessins les traits vivants de Sylvain Savoia.


On enchaîne des petites histoires anecdotiques et amusantes qui éclairent à chaque fois un des aspects du vécu de Marzi et sa famille. Couleurs vives, voix off, et quelques bulles, et c'est parti, nous voilà dans les années 1970...


En B.D., Marzi nous initie à l'histoire de la Pologne, les grèves, les rationnements, les modes collectifs de survie (un congelo pour tout l'immeuble, et en cas de panne de courant, il y a une vache entière à manger d'un coup!). Elle aborde aussi les points sensibles, comme le massacre de Katyn. A ce propos, je vous recommande vivement le film qui vient de sortir à ce sujet. A Katyn, les officiers de l'armée Polonaise furent tués un à un par une balle dans la nuque par l'armée russe. Les soviétiques en prenant le pouvoir en Pologne ont alors construit un mensonge d'Etat, affirmant que les nazis avaient fusillé les officiers polonais. Bien sûr, toute la population ne fut pas dupe...


Marzi m'a rappelé Marjane Sartrapi et son Persepolis. Grâce au regard de l'enfant, on peut découvrir le régime vu d'en bas, mais aussi les non-dits des adultes, les peurs, les espoirs, etc.


Une B.D. que je recommande à ceux qui voudraient faire un voyage dans le temps, à l'époque du rideau de fer...


Une B.D. pour les curieux des autres!




20 avril 2009

Valsez-vous?




Voici un roman tout droit fait pour ma rubrique "Musicalement vôtre". Il s'agit de La Quatorzième valse de Tubeuf, aux éditions Actes Sud.


André Tubeuf nous transmet sa passion pour la musique et les musiciens à travers ce roman, qui raconte les derniers jours du pianiste Dinu Lipatti, et en particulier son dernier enregistrement, et son dernier récital à Besançon. Tubeuf s'appuie sur des éléments réels de la vie du célèbre pianiste pour construire une intrigue intimiste autour de la musique, comme moyen d'affronter la souffrance et la mort.


Dinu Lipatti se meurt dans d'affreuses souffrances, mais une lettre anonyme de fans va lui donner la force d'aller au-delà de lui pour faire jaillir sous ses doigts une dernière version de ses oeuvres préférées de Bach et de Chopin... Sous la plume de Tubeuf comme sous les doigts de Lipatti se joue quelque chose de divin, mystique, quelque chose de l'ordre de la foi.


Ce qui fait la beauté du texte, c'est l'immersion totale dans le vécu physique et psychologique du pianiste, en scène, entre deux enregistrements, ou seul face aux doutes. Il y a notamment des pages très impressionnantes sur le ressenti de l'interprète en action. Avis aux mélomanes, vous ne serez pas déçus du spectacle...


"Je me suis dit que j’y allais comme en vacances ; que j’y avais bien droit. Madeleine aime conduire. Alice en vacances dans le Midi nous laisse son auto pour la quinzaine. D’ailleurs nous ferons étape à Soleure pour la nuit, chez les chers Dunand : j’ai promis mon concours – gracieux – à un tout petit concert dans leur salle des fêtes, une réunion de famille pour mieux dire, ou paroissiale, en fin d’après-midi. Je le leur dois bien, ils sont de ceux qui nous ont tendu la main quand nous débarquions de Roumanie, Madeleine et moi, avec cinq francs à nous deux. Je leur jouerai Bach, des chorals transcrits. Ils me demanderont Jésus que ma joie demeure, naturellement. C’est devenu (pour autant que je suis, moi, quelqu’un) ma signature. Mais d’abord c’est Bach. En pas même trois minutes, tout Bach : son ordre, sa piété, sa chaleur simple et fraternelle – Dieu qui parle, mais sans les nuées. J’aime ces publics sans sophistication ni snobisme, qui ne savent même pas qu’ils sont le public. Ils ne demandent rien, ils attendent tout. Ils sont là comme s’ils priaient, ou espéraient, de leurs seules oreilles. Ils sont comme je suis resté, je crois, Dieu merci, ils n’en ont pas fini avec la merveille. Mais je n’oserais pas, à eux, jouer tout entière la première Partita, qu’il faudrait quand même que j’aie essayée une fois en public en entier, avant de la donner à Strasbourg en festival, un festival Bach, en plus ! C’est un peu long pour eux, ils pourraient trouver ça sec, ou abstrait. Abstrait, Bach ?! Lui, si sensible, si constamment et mystérieusement incarné ! Mais ils pourraient s’impatienter, et serrés dans ce cadre je les sentirais qui n’osent pas remuer sur leurs chaises, de peur de grincer, déranger, se faire remarquer. Mieux vaut l’éviter. Personne n’écoute avec plus de ferveur, de gratitude anticipée, que ces auditoires de fortune, habituellement privés de musique. Mais ils ne savent rien des manières, des rites. Ils sont assez ouverts pour sentir quelque chose, qui va leur prendre la gorge ; mais ils ont peur de s’y trahir, en toussant, en étouffant ; alors ils se raclent la gorge. La peur de la peur. Eux aussi ont ça. Il n’y a pas que le pianiste."

10 avril 2009

Un délice de cocasserie littéraire...




C'est l'histoire d'un libraire et de sa librairie ouverte 24h sur 24... Une librairie où viennent des acheteurs de livres bien sûr, mais aussi à l'occasion Dieu, le facteur, un témoin de Jéhovah, la plus belle femme du monde, une question, et j'en passe! Une histoire farfelue et réjouissante! Un petit conte moderne, un petit théâtre bien surprenant!


Le titre du roman: Le libraire, et son auteur Régis de SaMoreira.


Vous y rencontrerez des jeunes filles qui ont le syndrôme de la dernière page (elles s'y précipitent en cachette), des groupes qui n'arrivent pas à passer entre les rayons... et toujours le poudoupoudoupoudou de la porte et les tisanes qui rythment les heures du libraire.


Ce roman me fait penser à Prévert, à Ionesco, et à Queneau à la fois! C'est si décalé, que ça prête à lire avec un grand sourire.


Parfois on tombe sur une réflexion philosophique, parfois sur une méditation sur la place des livres, parfois sur une phrase sortie de la méthode assimile pour apprendre une langue inconnue.


C'est une sorte d'inventaire fou de toutes les petites scènes du quotidien d'une librairie, en version surréaliste. A faire pâlir ou rougir les libraires!


Un extrait:


"-Avez-vous un livre sans aucun appareil electro-ménager?

- Voyons... même pas un frigo?

- Surtout pas un frigo!"


Un roman surprenant donc, fait pour les amateurs d'OVNI littéraire à la E. Loe.


Un roman en clin d'oeil aux passionnés de littérature tant les références sont nombreuses et habilement distillées...


Des mots et un style, qui nous portent ailleurs... au bord du monde... dans un grand navire onirique et déjanté...

06 avril 2009

Mystère à Fjällbacka...




Dans un petit port suédois, on avait découvert une femme morte mystérieusement, et nous avions été embarqués dans une intrigue du nord comme on les aime: La Princesse des glaces nous avait tenus le souffle court! Pour ceux qui ne s'en rappelle plus, c'est !


Il faut croire qu'avec Le prédicateur, Camilla Läckberg a encore frappé! Nous retrouvons avec plaisir l'inspecteur Hedström et sa chère Erica, embarqués cette fois-ci dans une affaire d'ossements retrouvés en tas non loin de la côte, sous un corps de femme nue et morte il y a peu. Je ne vous en dit pas plus!


Allez, si, peut-être, un scoop: Erica attend un enfant!


Bref, un polar de chez Actes noirs ACTES SUD, qui mérite de faire les têtes de gondole. Bien construit, avec comme pour La princesse des glaces, un récit qui entremêle le point de vue des victimes en italique et celui des enquêteurs en normal.


Une histoire assez sombre, dans un milieu provincial très étroit, une famille où les haines et les mensonges sont rois, les Hult. Leur caractéristique: Le grand-père était réputé pour ses pouvoirs de guérisseur et de prédicateur, qu'il aurait peut-être transmis à ses fils. Mais le doute planne sur ce gourou et ses héritiers ou déshérités...


Je recommande ce roman à tous ceux qui se trouvent en manque de Millenium (suite au récent poisson d'Avril de Rue 89 annonçant un Tome IV!).


Je conseille ce roman au fan de Mankell, ou Indridason.


Un roman qui ne vous lâche plus, jusqu'aux révélations finales... à faire frémir!


01 avril 2009

Une obscure clarté




C'est un roman fait pour les amoureux d'actualité, les fan de géopolitiques, les curieux de l'ONU, entre autres! Ca s'appelle les Eclaireurs, et c'est la suite des Falsificateurs, tous deux signés Antoine Bello.


Un bref rappel de l'histoire des falsificateurs: un jeune sociologue islandais, Sliv, se fait recruter dans un cabinet de conseil, pour mener des études environnementales. Très vite, on lui demande de modifier son rapport de mission, de changer quelques faits historiques ici ou là. Il se retrouve alors embarquer dans une toute autre aventure: Il découvre qu'une organisation internationale secrète, le CFR, opère derrière son entreprise, et falsifie les faits du passé ou du jour, pour changer l'avenir. Il y est recruté... sans trop savoir sa finalité!


Dans Les Eclaireurs, nous allons enfin pouvoir approcher de plus près le mystérieux Consortium de Falsification du Réel et son fonctionnement... et qui sait découvrir qui se cache à sa tête! Mais je ne vous en dit pas plus!!!! Tout ça sur fond de 11 septembre et de guerre en Irak! Il se pourrait même que des traîtres opèrent pour leur propre compte au sein du CFR... Le suspense est à son comble.


On ne peut pas dire qu'Antoine Bello ait un grand style littéraire. Il maîtrise surtout l'art du dialogue et des comptes-rendus de réunion.


Par contre, son point fort est de mêler très habilement la fiction et le réel, si bien qu'il nous fait réfléchir à l'impact de l'un et de l'autre sur nos vies, mais aussi à leurs liens. Le Pentagone n'est jamais très loin d'Hollywood!


En plus, je trouve que ces deux romans nous offrent une réflexion très intéressante sur les idées, leurs circulations, leurs manipulations. Pourquoi une idée particulière devient-elle un jour importante ou dominante, tandis que d'autres s'évanouissent dans le vide sidéral médiatique?


Enfin, je pense que tous ceux qui s'interrogent sur éthique et politique seront ravis, ainsi que ceux qui sont intéressés par le monde diplomatique.


Une série de romans à recommander pour garder un regard critique sur le monde...