27 février 2007

Pollars venus du froid, la suite!

Après la découverte de l'excellent auteur de pollars islandais A. Indridason, j'ai pu lire dans la presse que Henning Mankell avait du soucis à se faire, lui qui était jusqu'à l'apparition de ce dernier petit génie du genre l'un des plus célèbres auteurs de polars à succès nordique (il est suédois), traduit dans plus de 2O langues! Alors j'ai craqué, et j'ai lu La muraille invisible de H. Mankell, en deux jours! C'est vous dire comme ces deux auteurs ont tout simplement un talent formidable pour nous emporter avec eux, dans le froid des enquêtes scandinaves!







Le personnage récurent de Mankell est l'inspecteur Wallander, un inspecteur très intuitif, parfois impulsif, mais qui sait sentir quand le monde lui échappe.

La richesse de Mankell est d'avoir pas mal vécu en Afrique, et de pouvoir mêler des univers parallèles, nordique ou africain, à l'image de la globalisation du crime et du terrorisme. Avec La muraille invisible, il nous offre un roman d'actualité autour de la protection des "infrastructures critiques". En effet, l'Union Européenne réfléchit depuis peu à comment se protéger d'attaques sur les réseaux d'électricité, d'eau, de gaz, etc. qui pourraient entrainer un blocage totale de nos sociétés. Il est intéressant de voir que Mankell y pense lui déjà depuis 1998!

J'en profite pour signaler aux fanatiques de polars, qu'il existe un site très bien pour se documenter sur les auteurs, les sorties, etc. Cliquer ici si ça vous intéresse!

24 février 2007

Objet Textuel Non Identifié


Je viens de refermer le dernier Paul Auster: Travels in the scriptorium (et pour tous ceux qui voudraient lire la version française, le titre est: Dans le scriptorium)

La couverture du livre que j'avais trouvé m'avait intriguée: un cheval blanc, dans une chambre blanche, avec un lit blanc, des feuilles blanches sur le bureau... et en blanc le titre et le nom de l'auteur...

Et là, je commence à lire les premières pages, et je me retrouve à observer les faits et gestes d'un homme âgé, qui n'a plus toute sa tête. Il s'appelle Mister Blank, Monsieur Page Blanche, en quelques sortes... Il est angoissé, il se sent enfermé, même s'il n'est pas sûr de cela, en fait il n'est sûr de rien! Est-il un personnage de roman enfermé en noir sur ces pages blanches?

On lui fait prendre des pillules, et il est filmé en permanence: Est-ce une allusion à nos sociétés modernes, pleines de consommateurs de médicaments et de vidéosurveillance?

Comme il n'a plus toute sa mémoire, il devient enquêteur! A chaque fois qu'un homme ou une femme passent la porte, il essaie d'en savoir plus. Et étrangement, les noms des personnages qui entrent et sortent me rappelle les personnages de la trilogie New Yorkaise, un des premier succès de Paul Auster. Est ce qu'il fait donc entrer d'autres êtres de papier dans ce roman mystificateur, êtres qui voyagent depuis leurs pages à eux, sur ces pages blanches nouvelles? Est ce un clin d'oeil à ses fidèles lecteurs, pour nous connecter d'une lecture à une autre, nous replonger dans son univers?

Mais peu à peu, on se rend compte que la principale occupation de Mister Blank est la lecture d'un manuscrit qu'il a trouvé sur la table de sa chambre: un texte qui parle de la guerre, et de comment on conduit des hommes à être convaincus qu'il faut faire une guerre contre des "Aliens", Ah! Donc ce serait bien une critique des Etats-Unis, et de la guere en Irak, à mots couverts?

Puis on retrouve l'infirmière qui vient laver Mister Blank: S'agirait-il donc de parler de la vieillesse, des maladies dégénératives?

Plus on avance, plus c'est vertigineux, plus on se trouve pris dans une mise en abîme: entre les ennemis inventés, les médicaments, le jeux sur les identités et les mots...
On n'en finit plus de se questionner, mais où nous emmène Paul Auster avec ce roman?

Mais ça je ne vous le dirais pas, bien sûr, pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte de cet auteur de grand style! Et pour ne pas vous gâcher la chute! Sûrement les deux pages les plus intéressantes après ce voyage troublant dans le scriptorium...

22 février 2007

Le Baleinié

Un petit tracas? J'ai ce qu'il vous faut! Un petit livre tout vert en tissu, avec écrit dessus Le Baleinié, même si c'est pas facile à déchiffrer. C'est un dictionnaire des tracas, écrit ou devrais-je dire inventé cocassement par Christine Murillo, Jean-Claude Leguay et Grégoire Oestermann.







Ils se sont amusés à trouver un nouveau nom commun ou verbe pour tous les tracas du quotidien qu'on connait tous sans pouvoir les nommer, faute de vocabulaire...

Ainsi, on peut trouver à la lettre B:

Boulbos: camion qui roule devant vous sur l'autoroute et vous masque systematiquement les paneaux d'indication!

un peu plus loin:

Jagun: langage à base d'indéfinitifs, de "ils" de "elles" de "on", pour éviter à avoir à dire "tu" ou "vous" à une personne

Kpètre: bandeau accrocheur qui vous a fait acheter un livre dont vous n'avez pas besoin

Plute: prix oublié sur un cadeau

à la lettre Z:

Zoupard: distance entre le ticket de péage et le bout des doigts tendus

et le mieux bien sûr sont les exemples qu'ils donnent comme dans un vrai dictionnaire, les sens figurés qu'ils ajoutent aux nouveaux mots! Bref, on se marre, et ça fait du bien de rire de ces petits tourments du quotidien, qu'on a tous connus un jour ou l'autre!

Pour les intéressés, les auteurs de ce désormmais célèbre dico, en ont fait une pièce de théâtre Xu, que je viens d'aller voir au Théâtre du Rond Point à Paris! Que du bonheur! Et il prévoit une tournée dans toute la France, donc renseignez-vous!

(Et si vous vous le demandez: Définition de Xu: Objet bien rangé, mais où?)

20 février 2007

Un petit tour en Islande...

Il y a peu je suis entrée dans une librairie, et j'ai commencé à discuter avec le libraire, qui était un fana de romans policiers! Je lui ai dit que j'avais lu presque tous les Fred Vargas, mais qu'à par ça, je ne m'y connaissais pas trop! Il a répondu: "j'ai ce qu'il vous fait" puis il est revenu avec dans les mains La cité des jarres, de Arnaldur Indridason, un petit livre de poche tout noir, tout maussade comme le climat là-bas, mais plein de suspense, me dit-il. Un livre qui a connu un tel succès qu'il est traduit en plus de vingt langues!






C'était la première fois que je lisais un livre d'un islandais, et j'avoue que j'étais curieuse d'en découvrir un peu plus sur ce pays, cette culture, ces hommes du froid et du silence,... Et puis s'il existait un commissaire aussi charismatique qu'Adamsberg, je ne voulais pas manquer ça! (voir libellé: Polars, Message posté sur Fred Vargas pour ceux qui n'ont pas encore eu la chance de découvrir la magie de cette romacière et de son célèbre enquêteur!)

Je n'ai pas été déçue du voyage!

Tout commence par la découverte d'un cadavre, classique, mais tout continue d'une façon beaucoup moins classique, avec la découverte d'organes manquantes, d'une mystérieuse maladie génétique, bref je ne vous en dit pas plus! On en apprend du coup pas mal sur les dernières lois d'éthique et de médecine en vigueur en Islande, tout en étant plongé dans une enigme qui mêle le plus noir au plus humain!

Je pense que tous les amoureux de Fred Vargas seront heureux de découvrir qu'elle a de dignes héritiers, ici ou là!

Alors, avis aux amateurs! L'inspecteur Erlendur vous attend, avec un cadavre sur les bras, un parapluie mouillé, et une mystérieuse douleur à la poitrine qui va et vient...

17 février 2007

Une autre version du monde...




Une très belle découverte de ce mois-ci: Les Falsificateurs, d'Antoine Bello! Je ne peux que vous le recommander très vivement!


D'abord, car l'histoire est très bien montée, pleine de suspense et de rebondissements. Ensuite, car ce livre fait voyager en terres peu connues (Revkjavik, Cordoba, Krasnoiarsk) mais aussi dans le temps, un temps d'une histoire chaque jour recomposée, par une équipe de jeunes talents d'une multinationale du mensonge, chargés de remanier le passé au jour le jour, mais dans quel but? Le mystère règne!



Alors pas à pas, Antoine Bello interroge les liens entre le vrai et le faux, entre la fiction et l'actualité qui la dépasse parfois (pensons aux fameuses armes de destruction massive en Irak, etc.) Il offre ainsi une réflexion sur les média, sur les sources historiques et digitales, sur le rôle des écrivains, des chercheurs, et des membres d'organisations internationales.



C'est aussi un roman d'initiation, car le héros du livre apprend à devenir un bon falsificateur, un peu comme si Antoine Bello voulait nous donner des pistes pour devenir soit un très bon romancier, soit un très bon homme politique, qui sait!



C'est aussi un roman qui nous interroge sur nos choix de pensée: qu'est on prêt à croire? Pourquoi pensons-nous ce que nous pensons? Jusqu'où serions nous prêt à aller pour défendre une cause? Jusqu'où acceptons nous de travailler pour des organisations dont nous ne connaissons pas vraiment clairement les buts?



En tout cas, ce roman offre une vision du monde moderne assez juste, je trouve, malgré le risque certain de tomber de nouveau dans la théorie du complot, on nous cache tout, on nous dit rien!



Je pense que tous les amateurs de John Le Carré ou de Mark Burnell seront comblés! Touche anglosaxone du détail qui tue et qui emporte, double vie, secret! Quant aux autres, ils pourront découvrir le roman d'espionnage ou thriller avec en plus une touche de réflexion philosophique et historique qui donne à penser!

05 février 2007

Bien montée!


Après avoir refermé Une pièce montée, le premier roman de Blandine Le Callet, on ne peut que penser que non seulement elle a dû assister à un bon nombre de mariage pour en faire un tel tableau cubiste, mais aussi qu'elle a très certainement un don pour l'observation des jeux sociaux et pour les petits dialogues bien ciselés dans la simplicité du quotidien. Bref, un roman à lire, pour passer un bon moment et remettre le mariage à la place qu'il tient aujourd'hui peut-être, parade reflet jeu repère... ou tout simplement rien, juste une grosse pièce montée, bien théâtrale, avec des choux qui menacent de s'écraser au milieu du caramel.

Chaque chapitre est le récit d'un mariage bourgeois, vu par un des participants: tour à tour petite fille d'honneur, prêtre, époux, belle-soeur, j'en passe et des meilleurs. On découvre tout ce que cette journée renferme, ou tout ce qui lui manque, page après page. On découvre les sourires, les grincements de dent, les chapeaux et les têtes à claque, les bleus au fleur et au coeur.

Alors si vous avez peur de vous ennuyer à un mariage, surtout ne vous inquiétez pas: lisez Une pièce montée et observez! Que du bonheur, ou presque!