22 septembre 2019

La petite fille sur la banquise



C'est un livre difficile à lire, car il parle d'une petite fille de neuf ans, violée dans une cage d'escalier.

Avec cette auto-fiction, Adélaïde Bon raconte surtout comment cela va marquer toute sa vie d'adolescente et de jeune femme, son jeu d'actrice, ses liens aux autres, son rapport au corps et à la sexualité.

Pour incarner le mal être, les méduses se déploient sous sa plume et dans son quotidien. Elles peuvent tout gâcher, lui donner envie de mourir ou de se faire du mal.

Et pourtant comme elle dit, ses parents ont compris, elle a vu un médecin, la police, et elle a ensuite multiplié les démarches pour prendre soin d'elle. Mais ça n'arrêtait pas la douleur, l'angoisse, la culpabilité.

Le livre se termine par le procès du violeur, et montre aussi les rouages judiciaires, au-delà des effets psychologiques et physiques.

Le roman a une forme intéressante car elle écrit à la troisième personne, puis à la première peu à peu.

Très touchée par cette lecture, témoignage, au féminin. Merci Marion pour le cadeau!

Le livre a reçu le prix des lecteurs sélection 2019.

Un texte qui montre bien la place du travail sur soi pour avancer, l'importance de l'écoute, de la solidarité, de la famille.






11 septembre 2019

A la ligne



Il y a des livres salvateurs. C'est ce que fut pour moi A la ligne de Joseph Ponthus la semaine dernière, entre deux stations de métro dans une ligne blindée, inhumaine.

Dans ce premier roman, un ancien khâgneux passionné de littérature y décortique les non-sens du travail, depuis son expérience d'intérimaire dans l'agro-alimentaire à faire cuire des tonnes de bulots à celle du nettoyage et autres missions hard core dans un abattoir.

Il décrit le travail, les gestes, les ambiances, les silences et les bruits, les pauses, les douleurs du corps et de l'âme, les jeux de rapport de forces. C'est à la fois sociologique, poétique, et auto-fictif! C'est bourré d'anecdotes qu'on n'oublie pas. C'est touchant, révoltant, intrigant. Tout à la fois.

Il décrit très bien "le merdique", comme l'appelle le philosophe Pascal Chabot. C'est à dire les choses usantes qui ne produisent rien mais perdurent pour le plus grand malheur de certains. Et avouons le, on n'y passe tous! Qu'il est bon de voir des humains qui ont su inventer des postures pour tenir face à lui...

C'est un livre qui permet de prendre du recul sur nos univers professionnels. Un texte qui montre comment la littérature peut permettre de survivre, de Dumas à Apollinaire, en passant par la chanson française...

La forme du livre m'a plu aussi, comme une sorte de grand poème, de petites phrases courtes, puis à la ligne, justement. On sent qu'il écrit tous les soirs après le travail, pour évacuer, pour coucher sur le papier ce qu'il a composé au fil des heures pour ne pas souffrir ou s'ennuyer. On sent le vécu, le témoignage, l'immersion, la plongée, les oscillations de l'état d'esprit, la joie d'une bonne blague, la douleur d'un petit retard dans la chaîne.

Un livre à mettre dans toutes les mains pour dénoncer les accidents du travail, la précarité, le parcours des chômeurs, la condition ouvrière. Ce n'est pas de la haine, c'est une forme de regard juste, drôle, qui s'attache à tout pour tenir, tenir à tout prix.

Un livre où l'on sent l'amour aussi à la mère, à l'épouse, aux lignes qu'on se répète comme des mantras précieux,

Alors merci Joseph Ponthus, et chapeau bas. Un livre qui donne envie d'écrire!




08 septembre 2019

La végétarienne



Encore de la littérature coréenne, Han Kang avec La Végétarienne.

Un matin, elle se réveille après un rêve atroce, et décide de se débarrasser de toute la viande de la maison. Son mari la retrouve en train de vider le congélateur et le réfrigérateur.

Ce dernier ne comprend pas le changement qu'il observe chez sa femme et tente de la forcer à changer de comportement. Il s'allie avec se belle famille pour se faire.

C'est un livre où l'on sent une violence sourde poindre derrière chaque mot.

C'est très troublant à lire... Il y a des scènes où l'on malmène la végétarienne pour la gaver, la forcer à manger de la viande à tout prix.

Est-ce que l'auteur cherche à dénoncer la société coréenne qui force la femme mariée à subir les pressions familiales et maritales?

En tout cas, un roman qui marque par l'explication qu'il fait de la non-communication, de l'incompréhension mutuelle.


04 septembre 2019

Ma vie palpitante



Vacances en Corée du Sud oblige, je me suis penchée sur les romans coréens cet été, et tout a commencé par Ma vie palpitante de KIM Ae-ran (Merci Marie-Anaïs!)

Areum a seize ans, l'âge que ses parents avaient quand ils l'ont conçu. Pourtant il ne lui reste que peu de temps à vivre, car il est atteint d'une maladie qui le fait vieillir de dix ans en un an. Chaque jour est accompagné de la dégénérescence de sa vue, de ses muscles, et de tous les tissus qui composent son corps.

Alors il interroge son histoire et se met à écrire sur les adolescents que furent ses parents à sa naissance. Il tente de comprendre ce qu'il peut faire de sa vie, lui qui en a si peu.

Ses parents, eux, n'arrivent pas à gagner leur vie. Or les frais d’hôpitaux s'accumulent. C'est comme cela qu'ils finissent par décider de participer à une émission télé, afin que la population émue ne les aide à payer pour Areum toutes les factures médicales...

Je ne vous en dis pas plus.

Un roman sur les âges de la vie et le sens de l'existence.

Un livre qui interroge notre monde moderne, la télé réalité, les réseaux sociaux, les fausses identités, les jeux en ligne.

Un regard sur la Corée du Sud avec les tensions familiales, les attentes sociales, la pression pour la réussite scolaire et professionnelle.

Un texte à la première personne avec un héro attachant, un style qui s'attache aux détails avec singularité.

Une belle découverte !