15 juillet 2020

L"esquisse d'un rêve



Un peu de littérature Islandaise!

Et un livre résolument "Au féminin"!

Un vrai régal de début d'été que cette découverte!

Nous sommes donc en 1910 quand tout commence. Une veuve élève six enfants avec en tête le projet qu'ils puissent tous aller à l'école, avoir une vraie éducation et puisse s'épanouir dans la vie. Pourtant il n'y a pas d'argent, à peine de quoi manger. Mais avec beaucoup d'ingéniosité et d'énergie, chacun des enfants va s'y mettre. Et surtout Karitas, une jeune fille très débrouillarde, qui va réussir à nourrir la smala tout en trouvant de quoi avoir une machine à coudre, et un vrai logement! Elle va aussi découvrir pas à pas que son talent à elle, c'est le dessin. Elle va tracer sa vie de femme et d'artiste.

Kristin Maria Baldursdottir va nous montrer par ce roman comment être maître de son destin à tout moment et même dans l'adversité.... C'est un récit plein d'espoir, de force, de nature, d'embrun, de neige, de froid, de hareng... avec aussi des pointes d'humour!

Sur 500 pages, on va s'attacher à cette famille, aux histoires de cœur des unes, aux espoirs de pêche des autres. Et surtout on va voir une artiste en herbe creuser le chaos au fond d'elle même pour produire des œuvres pas toujours alignées avec l'époque et les goûts du village! Elle va oser l'abstrait, les collages,... Tout ce qui peut jaillir et donner sens à ses ressentis. Elle va affronter ses angoisses, ses visions d'elfes ou de revenants... sa solitude... ses doutes.

Un roman qui montre la dure vie des femmes, de grossesse en grossesse, dans les fonds de campagne, et entre les campagnes de pêches. Ca m'a rappelé Quand rentrent les marins... de A. Huth.

Un livre qui raconte aussi la libération des femmes, pas à pas...

Au passage une belle histoire d'amour...

Un très grand merci à Dominique pour ce beau cadeau!





05 juillet 2020

La voix des vagues



Un roman qu'on n'oublie pas: La voix des vagues de Jackie Copleton. Très belle lecture de déconfinement!

Un peu comme dans une pièce de Wajdi Mouawad, Jackie Copleton mélange la grande Histoire (celle de la bombe nucléaire sur Nagasaki) avec la petite histoire d'une famille japonaise, qui a ses secrets, ses tensions, ses poids.

Amaterasu Takahashi est la mère de Yuko, une jeune fille douce qui aime dessiner et rêve d'être un jour infirmière. Nous sommes juste avant la seconde guerre mondiale. Yuko va s’éprendre de Sato, un ami de son père, marié, et coureur de jupon. Elle va l'aimer en secret jusqu'à ce que ses parents le découvrent et lui interdisent tout contact avec cet homme. En plein chagrin amoureux, en pleine tentative de tout de même construire sa vie de femme, va survenir la bombe... Une explosion dans la vie du Japon et dans cette famille qui va laisser des doutes, des interrogations, et des questions qu'Amaterasu, depuis sa nouvelle vie aux Etats-Unis, et du haut de ses 80 ans, va tenter de démêler, en se replongeant dans son passé...  car un jeune homme se présente à elle qui dit être son petit fils! Je ne vous en dis pas plus.

J'ai été emportée par l'histoire avec un petit et grand H. Ce livre m'a rappelé un autre de mes coups de coeur sur le même sujet: Le poids des secrets. J'aime quand les romans parviennent avec autant de finesse et de justesse à décrire les histoires de famille, les non-dits, et les coïncidences étranges de la vie, les jeux d'échos entre événements, petits ou grands.

Par ailleurs, je trouve formidable de découvrir une autre culture par le roman. Et ici Jackie Copleton arrive à merveille à nous apprendre la culture japonaise de chapitre en chapitre. A chaque fois il y a un en tête qui explique un concept japonais, via un mot, qui n'existe pas dans d'autres langues et qui représente un des éléments de la tradition ou des us japonais qu'elle veut nous faire toucher du doigt.

Le roman se déroule sur plus de 50 ans, et je trouve fort de voir comment le récit dans sa construction mêle l'avant guerre au japon et la vie aux Etats-Unis d'émigrés japonais, via des lettres que les personnages retrouvent, ou encore des journaux intimes. Cela tisse l'intrigue entre les époques, mais aussi entre les points de vue. On est alors tour à tour avec Amaterasu qui retrouve des lettres de Sato ou le journal intime de sa fille, comme on est dans la tête de Sato et Yuko quand ils les écrivent.

Enfin, c'est un roman sur la différence, l'acceptation de soi et des autres.

Un livre qui pose la question de ce qu'est être une famille, ce qu'est l'héritage, porté et voulu.

Donc vraiment je vous conseille ce premier roman, qui est un subtil mélange de douceur et de mélancolie. Beaucoup d'émotions vous attendent...

Merci à la Librairie idéale, rue clerc dans le 7e arrondissement de Paris!