26 mars 2008

Le quotidien ou presque...




C'est un premier roman qui raconte le quotidien d'une jeune fille, employée d'une cafétaria d'entreprise. On suit les vaisselles, les serpillages du sol, les corvées en tout genre. On voit l'humain face à la routine, et qui tente vaille que vaille de chercher des grains d'espoir. C'est un journal de bord lapidaire. On y retrouve les lâchetés, les bassesses, les lourdeurs. On y retrouve la lenteur des heures aussi.




Ca s'appelle Journal d'une serveuse de cafétaria, de Anne Buisson, et c'est publié chez Farrago, les Editions Léo Sheer.




"Sur le trajet du travail, je ne pense jamais aux différentes tâches qui m'attendent et que je déteste faire (je préfère observer les gens dans le métro, par exemple). Si bien qu je ne suis jamais dans l'appréhension. L'immédiateté, cela me sauve: je vis chaque moment de ma journée sans penser à celui qui va suivre. Je préfère croire que cela est le cas pour la pluspart des gens, sinon comment cela est-il possible de travailler toute une vie durant?"




Je conseille ce livre à tous les sociologues qui se cachent, à tous les pressés du métro (ce roman se prête tout à fait à un allé-retour à travers Paris dans un wagon, bien serré), et à tous ceux qui s'intéressent un temps soit peu à l'usure, mais aussi à comment rompre avec!

16 mars 2008

Nuit violette...




ah oui, c'est pas mal du tout...


Je l'aime bien ce personnage qui attaque sa deuxième partie de vingtaine...
Ah non mais il est trop fort.
Il ne voit plus la cohérence du monde... (et ben moi non plus parfois... euh même souvent en ce moment...)


alors il liste:




ce qu'il aimait faire dans son enfance...




les caractéristiques que devrait avoir un objet qui pourrait lui faire du bien...



les petites choses observées dans la journée...



les animaux qu'il a déjà vus dans sa vie...




ah là... il est en train de discuter avec un petit en bas de son immeuble au bac à sable...




ah non mais c'est vraiment génialissime...



Il faut absolumment que je le conseille à Claire...




et il reçoit des fax... d'un ami météorologue, et de son frère...




j'adore son côté à l'ouest et en fait si près du réel...




Il faut trop que je le conseille à Estelle...




Ouh la la la, il est tard. Bon j'éteins.




euh... Encore une page, juste une page, j'aime bien le titre (ah oui, parce qu'il y a une mise en forme et des titres trop bien toutes les trois pages). Bon ok j'ai dit j'éteins...




... je me retourne dans mon lit...




... euh... je rallume...




Et je reprends le bouquin...




J'ai pas fait une nuit blanche... parce que j'ai dormi un peu quand même...




Mais disons une nuit violette... complètement sous le charme de Erlend Loe, Naîf.Super.




Un super livre pour ma catégorie OUT OF THE BOX.




100000098776 mercis Typhaine: J'A-DO-RE !!!!

15 mars 2008

Expiation




Voici un roman que j'ai lu sans même comprendre le sens de son titre: Il s'agit d' Atonement de Ian Mc Ewan. Mot anglais qui après quelques recherches signifie "expiation". Un mot d'un autre temps, et pourtant...

On suit Briony, une enfant à l'imagination débordante. C'est l'été, les années 30, les cousins débarquent, le grand frère rentre au bercail avec un ami... Briony découvre alors l'amour de sa soeur aînée pour le fils de la gouvernante... et tout bascule en une nuit... mais je ne vous en dirais pas plus, pour ne pas gâcher le suspense!

C'est un roman magnifiquement construit. On y retrouve les chapitres à l'anglaise qui prennent chacun un sens dans leur unité. On y retrouve les changements d'angles et de perspectives, qui permettent très habilement de revoir certaines scènes à travers les yeux d'un autre personnage. Ce procédé donne alors à la scène précédemment décrite un sens tout à fait différent, ce qui fait subtilement avancer l'intrigue.

Les quatre parties du livre semblent des romans indépendants, avec un genre autre à chaque fois, de la description douce d'un été amoureux à un tableau réaliste de la guerre, de la vie d'une infirmière à celle d'une écrivain. Cependant chaque partie éclaire les autres d'une façon tout à fait surprenante. C'est cela qui créée de fait l'unité du roman.

Le thème du livre, à savoir le lien entre l'imagination et le réel, entre le mensonge et l'expiation, permet de construire un roman autour de l'écriture et du procédé de création, tout en emportant pleinement le lecteur dans une intrigue forte et bien menée.

Ce livre est très certainement un grand roman de Ian Mc Ewan. A conseiller à tous ceux en quête de chef d'oeuvre littéraire, d'un style bien taillé et d'une écriture fine.

Enfin, un immense merci à Richard pour m'avoir conseillé ce livre, dans un restaurant vietnamien inoubliable à Berlin!

08 mars 2008

Bellevillez-vous!




C'est un petit polar très parigot, tout plein d'argot des rues belleviloises, et qui résonne des années 30... Ca s'appelle Belleville-Barcelone, et c'est écrit par Patrick Pécherot (chez Série Noir Gallimard).


On y suit un jeune détective privé, chargé d'une investigation sur la disparition d'une jeune fille. Il se retrouve à enquêter sur la guerre d'Espagne, les ravitaillements d'armes, en plein surréalisme. On découvre alors l'envers d'une époque, riche de politique et d'engagement.


Ce qui fait l'originalité de ce roman, c'est son ton et sa langue. C'est un vrai exercice de style de réussir à recréer les mots d'un autre temps. C'est donc aussi un vrai parcours initiatique pour le lecteur au coeur d'un langage parfois oublié et ici magnifiquement ravivé.



Merci donc à Anne, pour m'avoir fait découvrir Patrick Pécherot. Si ce romancier est aussi bon en scénario de BD, qu'en roman, ça promet!


Enfin, je dois dire que je ne peux pas parler de polars bellevillois sans évoquer Pennac, certainement un de mes auteurs favoris. Pennac lui aussi a réussi à recréer un petit belleville en mot, avec brillaux! Si vous n'avez jamais ouvert La petite marchande de prose ou La fée carabine, vous êtes chanceux: vous allez pouvoir découvrir un univers drôle, humanissime, et touchant! Courrez à la bibliothèque ou chez votre libraire, vous verrez, ça se lit tout seul, et on passe un très très bon moment!


05 mars 2008

Florence, le 5 Mars 2008: Cher vous,





Ce sont des lettres qui ne nous sont pas adressées mais qui nous parlent. Ce sont des lettres qui sont d'un autre siècle, mais qui n'ont pas jauni ni pris un gramme de poussière. Ce sont des lettres sans P.S. parce que tout est essentiel, tout est dit. Ce sont les lettres d'un voyageur, d'un européen... Je suis certaine que vous avez trouvé: ce sont les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke.



Je les conseille à tous ceux qui se cherchent et qui doutent. Tout ceux qui goutent la vie d'un oreille attentive pour y saisir du sens et du nouveau.



Morceaux choisis:



Viareggio pres Pise (Italie), le 23 Avril 1903:

''... Laissez vos jugements connaitre leur propre développement, calme, non troublé; comme tout progrès, il doit venir de la profondeur du dedans, et rien ne peut le hater ni l'accélérer. Tout doit etre porté à terme puis mis au monde. Laissez chaque expression et chaque germe de sensibilité s'accomplir en vous, dans l'obscurité, dans l'indicible...''



Flädiem Suède, le 12 Aout 1904:

''Voilà pourquoi il est si important d'etre solitaire et attentif, lorsqu'on est triste; car l'instant où, apparemment, rien n'arrive ni ne bouge, est celui où notre avenir entre en nous, et c'est un instant qui se trouve tellement plus près de la vie que cet autre bruyant et contingent où l'avenir nous vient comme du dehors. Plus nous sommes, dans la tristesse, silencieux, patients, ouverts, et plus le nouveau entre en nous profondément, imperturbablement, mieux nous en prenons possession, plus il sera notre destin.''



Ces lettres donnent envie d'écrire. De creuser notre solitude pour voir apparaitre sous la plume les mots justes et bons.

Ces lettres donnent envie de recevoir du courrier. Car on comprend que chaque mot, dans cet intimité partagée, est un immense cadeau.

Ces lettres donnent envie de trouver un peu de sagesse dans la torpeur du soir.

02 mars 2008

Noir et Rouge


C'est un polar chinois qui nous plonge dans la vie tumultueuse de Shangai. Son titre: Mort d'une héroine rouge. L'auteur: QIU Xialong.

Suite à la découverte du corps d'une jeune femme dans un canal de la ville, l'inspecteur Chen, mi-policier mi-poète, est mis sur l'affaire. Et c'est alors que nous découvrons l'envers de la vie chinoise: Les dortoirs communs, les prix du partis, les mets de nouilles à déguster sur le pouce ou dans un petit restaurant, le système de téléphone, l'attribution des logements. On voit un pays en plein changement, entre vieux proverbes et nouvelles images.

QIU Xiaolong nous offre le regard d'un intellectuel fin et perspicace sur son pays. Il nous emporte dans une analyse politique et sociologique de la Chine, tout en écrivant avec finesse et style un vrai roman à suspense. Le personnage de Chen et de son associé Yu sont très attachants. Les liens de confiance et de méfiance qui se nouent et se dénouent rendent l'intrigue palpitante.

Pour la petite histoire, QIU Xialong a dû quitter la Chine pour les Etats-Unis en 1989 suite aux évènements de Tienanmen. Ayant lui même connu les affres de la révolution culturelle, il nous en fait partager les conséquences. Un roman à conseiller à tous les curieux de la Chine, à tous les amoureux des pollars bien écrits, et à tous les poètes qui se cachent.

A lire après être passé chez les frères Tang (ou dans toute autre épicerie chinoise du coin) acheter des nouilles, de la sauce au soja, de la bière, ou tout autre fruit ou légume inconnu qui aura pu vous tenter! Cela accompagnera très bien l'histoire et vous mettera dans l'ambiance d'un Shangai tout en parfums et odeurs.