20 juillet 2008

Tombé du ciel...


Trouvé sur un rebord de fenêtre... Manhattan Grand-Angle de Shannon Burke. Magnifique couverture qui représente Manhattan vu du ciel, en noir et blanc. Très beau grain de l'image.

Je me suis lancée. Et je me suis retrouvée chez les ambulanciers de New-York.

Le héros est ambulancier, mais pas que: il est aussi un photographe. Un photographe de la douleur, des malades, des suicidés, des accidentés, des clochards. Un photographe amateur qui prend en gros plan les entrées de balles dans la peau, les brûlures, les bleus. Et puis un jour, il rencontre Emily, une séropositive escrimeuse. Elle va lui donner envie de chercher à photographier d'autres choses: juste des yeux, juste une image de bonheur fugace. Derrière ce livre, on retrouve donc de multiples histoires: celle d'un photographe, mais aussi celle d'un New-York pauvre, où il faut voler des médicaments pour survivre, celle d'une lutte contre la maladie, le sida, avec tous les regards d'exclusion, de peur, etc.


Je conseille ce livre à tous les amoureux de photo. Non seulement on suit les prises de vue... mais aussi les moments de tirage, de développement. Ce sont de très belles pages.


Je conseille ce livre à tous les fans de la série Urgence. Ils retrouveront cet atmosphère d'urgence américaine.


Je conseille ce livre à tous ceux qui s'interrogent sur ce que peut être la vie avec le sida, la vie avec un maladie incurable. Beau témoignage d'amour malgré la souffrance.


07 juillet 2008

Facéties florentines...





Samedi, je suis allée dans ma petite librairie de goût du 15e: L'échappée... C'est un lieu très sympa où l'on peut trouver des livres déstockés à des prix défiés en toute concurrence (livres de cuisines, livres d'art, livres pour enfants, romans) et dans une ambiance très cool. Il y a aussi des CD à 4 EUR, des DVD, des superbes cartes postales., des petits carnets... Bref, c'est un lieu qui donne envie de tout acheter... à ne pas manquer rue des Entrepreneurs, à deux pas de la sortie du Metro Charles Michel (juste après le Piquard).


Alors que je pensais ressortir avec un paquet cadeau pour un ami, une jolie carte, et un marque page, quelle ne fut pas ma surprise en arrivant chez moi: Mélanie, la tenancière, avait glissé un livre pour moi... Très touchée par le geste, je me suis jetée dans sa lecture. Le titre: Facéties et bons mots, de Le Pogge Florentin et Le curé Arlotto...


Qu'est-ce donc me direz-vous?


Il s'agit de petits textes latins traduits en français, écrits au XVe siècle à Florence... Je vous vois déjà à faire les gros yeux... mais vous n'y êtes pas... Ce sont des farces, pour la moitié ultra-grivoises... et pour l'autre, des textes très ironiques sur l'église et les femmes! A ces italiens, je vous jure! Ils n'ont pas tellement changé avec les années!


Il y a deux sortes de facéties: l'une est de l'ordre du langage (le bon mot) et l'autre est de l'ordre de l'acte (la bonne farce)... Si vous voulez ça fait assez Beaumarchais l'insolent...


Ce sont à chaque fois des textes très brefs, comme de petites anecdotes...


Du genre, une jeune épouse qui retourne chez ses parents en larmes... Son cher et tendre époux ne serait pas pourvu du bon attirail masculin... Et voici la famille qui s'inquiète... quand le mari débarque, et devant leur inquiétude, fait étalage de ses organes... Le père, à leur vue, les trouve tout à fait bien, et se retourne vers sa fille... Celle-ci lui répond alors:


"Pourquoi me blamer et vous moquer de moi... Notre âne, qui n'est pourtant qu'une bête, en a long comme cela (et elle étendait le bras). La naïve enfant croyait qu'en cela l'homme devait être supérieur à la bête..."

Je pense que ces facéties plairont aux amateurs de contrepétries et autres textes grivois... Aux curieux de la prose florentine du XVe siècle...

NB: Féministes et catholiques s'abstenir! (Ou alors avec une bonne dose d'auto-dérision!)

03 juillet 2008

Perle rare...



C'est un roman MA-GNI-FI-QUE. Simple, épuré, fin... lent, fort et doux. Son titre: La formule préférée du Professeur, son auteur: Yoko Ogawa (chez Actes Sud).

Cela raconte l'histoire d'un grand professeur de mathématiques, qui, suite à un accident de voiture, a perdu la mémoire. Il ne se souvient que des 80 dernières minutes de son existence. Pour survivre, il attache des petites notes à sa veste, et reçoit l'assistance d'une aide-ménagère. Mère célibataire. Peu à peu tous les deux se lient d'un sentiment étrange de reconnaissance, de partage, d'amitié, auquel est associé le fils de l'aide ménagère, Root.

C'est si bien écrit. Tous les détails du quotidien y sont contés avec adresse et précision. Ce roman est beau comme une démonstration de mathématiques bien tournées. Fort comme un EUREKA, mais un EUREKA simple du quotidien. Parce que tout y est, dans ces instants de partage. Un peu comme dans l'Elegance du Hérisson de M. Barbery. A croire d'ailleurs qu'elle s'est inspirée de Yoko Ogawa!


Surtout ce livre donne envie des beautés simples de la science et des arts, tout comme des petites joies du quotidien, voir l'étoile du berger apparaitre, sentir le melon frais qui fond sur la langue un jour de grande chaleur, chercher le cadeau d'anniversaire adéquat...


Enfin, ce roman redonne envie de mathématiques! Et oui, qui l'eut cru. Ce vieux professeur nous fait découvrir tant de choses amusantes sur les chiffres, les nombres premiers, les nombres amis, etc. qu'on souhaiterait pouvoir se souvenir de toutes ces formules de tableau noir oubliées.


"Peu après avoir commencé à fréquenter le pavillon comme aide-ménagère, je découvris que le professeur avait l'habitude, lorsqu'il était plongé dans la confusion parce qu'il ne savait pas quoi dire, de proposer des nombres au lieu des mots. C'était le moyen qu'il avait trouvé pour échanger avec les autres. Les nombres étaient la main droite qu'il tendait vers les autres pour une poignée de main, en même temps qu'ils lui servaient de manteau pour se protéger."


La formule préférée du professeur est à conseiller à tous ceux qui cherchent de la sérénité dans les mots. A tous les curieux d'objets mathématiques surprenants. A tous les sensibles des jours qui passent et s'effacent... ou pas!