23 février 2019

Libéria



Voilà un beau roman à lire en parcourant l'Afrique de l'Ouest: Liberia de Christophe Naigeon.

Nous sommes au début du 19e siècle aux Etats-Unis, dans le Massachusetts. Nous faisons la connaissance du héros, Julius Washington, un apprenti journaliste, qui fait ses armes en couvrant tout ce qui se passe au port. Il est fils d'une ancienne esclave, et il va pas à pas découvrir le monde des marins, de la traite des noirs, des abolitionnistes, des marchands, des aventuriers, et de la politique anglaise, française et américaine de l'époque.

On découvre le monde des quakers et des trafiquants en tout genre. La vie à bord, les débarquements, les déceptions, les rêves, au fil de ses traversées de l'Atlantique.

On apprend beaucoup sur les arguments en faveur et contre l'abolition de l'esclavage de l'époque. On voit aussi comment le retour des africains est tenté avec le Sierra Leone et le Libéria mais aussi avec des colonies ratées. On comprend aussi ceux qui ne veulent pas que les affranchis repartent pour qu'ils soient plus forts aux Etats-Unis.

On est plongé dans l'ambiance des vies que tout efface en une fièvre, des vies que tout détruit en un coup du sort.

Enorme travaille de documentation de l'auteur, dont on sent la plume de journaliste, qui va dans le détail, creuse, questionne.

Merci à Mme Lafon pour la très belle découverte!






06 février 2019

Mathieu Hidalf, le génie de la bêtise



Gros coup de cœur pour Mathieu Hidalf, le génie de la bêtise, de Christophe Mauri. Quelle espièglerie, quelle facétie, quel regard piquant sur notre monde moderne plein des scoops de presse, de phénomène de cours et de contrats tordus!

Bon, je dois l'avouer, je suis conquise par ce petit jeune homme ingénieux et par le ton drôlissime de Christophe Mauri. Je ris toute seule de page en page, et j'en redemande! (J'enchaine les tomes...)

Nous sommes dans un royaume. Deux familles s'affrontent les Hidalf et les Pompou. Il faut plaire au roi... mais voilà, Mathieu Hidalf a offert au souverain pour son anniversaire un chapeau orgueilleux, qui ne veut plus quitter la tête couronnée tant il se sent vexé! Autant vous dire, que M. Hidalf regorge d'effort pour faire répéter l'hymne anti-Pompou à ses enfants et pour éviter que Mathieu, le génie de la bêtise, ne soit interviewé par le journal du royaume... Assez, c'est assez!

Tout m'a plu. Le fait que Mathieu ait trois sœurs, qui s'appellent toutes les trois Juliette pour éviter à M. Hidalf de se tromper, au chien à quatre têtes Bougetou... (dont certaines ronflent la nuit ou gobent des nymphettes, petites fées qui font la lumière dans les manoirs du royaume!).

J'aime beaucoup aussi le personnage de l'expert juridique, Maitre Magimel, qui vit avec la famille et contractualise à tout va les punitions du père, et les autres lubies du moment!

A mettre dans toutes les mains de 7 à 77 ans, pour un peu de légèreté!

Dans le tome suivant, on découvre une école pour l'élite du royaume qui pourrait être une parodie d'ENA ou un clin d’œil à Harry Potter...

Je ne vous en dis pas plus!

On sent que Christophe Mauri aime autant les contes pour enfants que les clins d’œil aux adultes.

C'est un peu comme si le prince des mots tordus et la sorcière de la rue mouffetard avaient fait des petits... On retombe en enfance avec plaisir et malice en lisant les aventures de Mathieu Hidalf!

Un petit extrait pour vous mettre en appétit:


"à la minute même où il était devenu célèbre, Mathieu avait reçu la punition la plus terrible jamais infligée à un enfant. C’est du moins ce qu’imaginait son père, M. Rigor Hidalf, qui n’avait aucune imagination.
Par exemple, allez savoir pourquoi, M. Hidalf décidait de priver Mathieu de tarte au citron, sans se souvenir qu’il détestait ça. Une autre fois, il lui faisait servir une double ration de crème de marrons, persuadé que Mathieu en avait horreur; mais c’était justement son dessert préféré!
Alors Mathieu engloutissait ses deux portions de crème de marrons. Avec un peu de chance, se disait- il, M. Hidalf le forcerait à en manger une coupe supplémentaire. Hélas ! Mme Hidalf veillait sur lui.
– Trois coupes de crème de marrons? disait-elle en posant sur Mathieu un regard pénétrant.
– Je l’ai bien mérité, maman ! Après tout, j’ai fait une grosse bêtise...
– SI J’ENTENDS ENCORE UNE FOIS CE MOT, rugit M. Hidalf, TU MANGERAS DE LA CRÈME DE MARRONS À TOUS LES DESSERTS !
– Il me semble qu’il en a mangé suffisamment pour aujourd’hui, répliqua Mme Hidalf avec un grand calme. Mathieu, les Juliette, montez vous coucher. Il est déjà tard."