11 mai 2009

Loin de tout...




Il y a des hommes et des femmes que nous croisons dans le métro et qui respirent l'ailleurs. Ce sont des Africains multicolores qui portent si bien le boubou, des figures masculines maghrebines en robes longues et en babouches,... Parfois on aimerait pouvoir lire dans leurs yeux d'où ils viennent, comprendre ce qu'ils ont vécu, tant leurs mains ou leurs pieds semblent en dire long. Yannick Guihéneuf nous offre cela dans son roman EXILS, au bout de la nuit, chez l'Harmattan.


Ce livre se compose de petites histoires de vie de réfugiés. Il y a Amadou le Mauritanien, Andrée l'artiste Haïtienne, Alpha le Guinéen, et j'en passe. Chacun de leur destin les a poussés en France. Et le réel dépasse la fiction quand on lit leurs aventures... On le préssent. Un journaliste, narrateur du roman, les rencontre, suite à la disparition mystérieuse d'un juge de la cour chargée de statuer sur leur possibilité d'obtenir le statut de réfugié politique. Il nous livre leurs mots, leurs rêves, leurs peurs. Il rapporte avec simplicité et justesse le poids de leurs existences, de leurs fuites, de leurs adieux.


Ce roman est comme un reportage d'Envoyé Spécial, tant il tient du témoignage journalistique. Le narrateur est très neutre, très peu développé comme personnage de roman. Il est passeur. Au sens le plus noble du terme.


Ce livre plaira aux lecteurs de romans marqués par la géopolitique contemporaine, comme ceux de Y. Khadra. Romans où les situations politiques et sociales broient les hommes à petits feux... Grâce à EXILS, on redécouvre l'histoire de pays lointains, on se prend en pleine face les restes d'esclavage, les oppressions, les sévices...


Si vous croisez un jour un réfugié, offrez-lui! Il se sentira peut-être moins seul... au bout de la nuit!


Lire EXILS, c'est déjà faire un pas vers eux...


Un petit extrait:


" Je suis naïve comme mes peintures, c'est ce que j'ai pensé quelques minutes avant de prendre l'avion pour Paris. A vingt-six ans, moi, Haïtienne, je payais très cher la liberté de l'artiste que je me suis accordée en peignant une scène qualifiée de subversive. On y voit le président Aristide, la croix autour du cou, manger des jeunes Haïtiens comme le dieu Chronos dévorant ces propres enfants"