30 mars 2009

Trente petites minutes d'éternité...





De la collection "littérature en piccolo" de chez Liana Levi, je viens de lire Mon voisin, de Milena Agus. Cette collection est faite pour les amateurs de romans courts, pour les pressés, les entre-deux trains ou entre-deux métros. Les histoires se lisent en trente minutes maximum, et ce sont des petits bijoux!

Dans Mon voisin, j'ai retrouvé le style direct de Milena Agus, que j'avais déjà tant apprécié dans Un mal de pierre.

Mon voisin est l'histoire d'une femme qui n'a plus aucune envie de vivre. Elle élève seule son petit enfant, qui ne marche pas et ne parle pas... Elle cherche la meilleure façon de se suicider. Quand, un jour, elle rencontre son voisin, un autre monde s'ouvre devant elle... Son existence basulera-t-elle ou pas? Je vous laisse face à ce mystère...

"Elle avait raison de boire l'eau jamais vidangée de la citerne en espérant le typhus, et de manger les conserves périmées en se souhaitant le botulisme, et de toujours marcher du côté de la route où les autos passaient et pouvaient l'écraser. Mais c'était le printemps maintenant, et au printemps on regarde dehors, une fois les vitres nettoyées."

Avis à ceux qui souhaiteraient mettre un brin d'Italie et de soleil dans leur quotidien...

23 mars 2009

Entre l'ombre et la lumière




Quel est le roman qui détrône en ce moment la série des Harry Potter en nombre de ventes? Et oui, c'est la série des Twilight de Stephenie Meyer!


Curieuse que je suis, je viens de lire le Tome 1.


Bilan de ce bestseller: une très belle histoire d'amour platonique entre deux ado comme on n'en fait plus!


Un petit univers à soi, qui n'est pas celui de la magie, mais des vampires!


Une histoire bien montée qui prend chapitre après chapitre.


Qu'en retient-on? Que souvent nos désirs les plus fous nous font peur... Qu'il était bon être innocent, jeune, croyant à cent pour cent en la possibilité d'une relation amoureuse noble, forte, et merveilleuse!


Bref, un roman pour ceux qui veulent faire une petite régression fort agréable à l'âge du grand amour et des grands rêves! Un roman pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les vampires! Enfin, un roman pour ceux qui ont de longues heures à tuer... On ne voit pas le temps passer si on se prend au jeu! A en rêver de croiser un beau vampire dans les rues tard le soir!


22 mars 2009

Conte pour fées printanières




C'est un petit conte de fée printanier, à quelque chose près. Un roman empli de tendresse, de douceur, d'espoir et d'amour, ou presque. Il est comme un petit bouquet de fleurs, avec quelques boutons de Ensemble c'est tout, et quelques feuilles de L'élégance du hérisson. Son titre: La grand-mère de Jade. Son auteur: Frédérique Deghelt.


Jade, triste d'entendre que ses tantes veulent placer sa grand-mère en maison de retraite suite à quelques signes de faiblesse de l'âge, décide de l'enlever et de l'emmener vivre avec elle à Paris. C'est un peu comme dans Ensemble c'est tout d'A. Gavalda, elles découvrent les joies des moments partagés. Et puis c'est aussi comme L'élégance du hérisson de M. Barbery, car Jeanne, la grand-mère de Jade, a un secret: derrière son apparence de mamie savoyarde sans éducation, elle câche une passion pour les livres et une érudition littéraire hors norme.


Vous l'aurez compris La grand mère de Jade de Frédérique Deghelt se lit tout seul, de même que son roman précédent La vie d'une autre, que j'avais lu d'un coup.


Un roman de plus de chez Actes Sud, un endroit où aller, ma petite collection bien aimée qui va rejoindre ma catégorie Au féminin sans hésitation!
La grand-mère de Jade est un roman qui donne envie de lire ou relire les classiques, de vivre en mot, d'écrire. C'est aussi un texte qui illustre pas mal la difficulté pour les jeunes auteurs d'être édité. Par ailleurs, je trouve qu'il est salutaire de montrer à quel point un écrit avant de devenir un roman doit être relu, retravaillé, revu, maintes et maintes fois.


Enfin, je voudrais ajouter que pour moi la grandeur du roman vient de sa fin... Que je l'aurais moins aimé sans ses dernières pages! Mais ne trichez pas! Ce serait tout gâcher!!!!


Bonne lecture au soleil!

17 mars 2009

Petites et grandes foulées




Courir
de Jean Echenoz se lit comme on écoute un journaliste sportif haletant commenter les exploits des marathoniens. C'est très factuel, et pourtant on se laisse prendre, on veut savoir si Emile arrivera premier, s'il battra un nouveau record, s'il décrochera une médaille. On sert les dents et l'on tremble pour lui.

Emile, c'est Emile Zatopek bien sûr. Célèbre courreur vainqueur du 10.000 mètres en 1948. Mais l'on découvre bien plus que les courses, on se plonge dans l'envers du décors. Son travail chez Bata, si si... Sa façon bien à lui de se positionner par rapport au régime tchèque.

Courir est un roman écrit par un homme pour les hommes. C'est très narratif. Il n'y a que peu de places pour les sentiments. Son histoire d'amour avec Dana est presque aussi mécanique qu'une course.

Ce qui reste touchant pourtant, c'est qu'Emile n'a pas l'etoffe des héros. Il est simple, honnête, juste avec lui même. Il ne change pas sa méthode ou sa façon de courir en fonction des autres. Il suit son cap, par tous les temps.

Ce roman pourrait tout à fait être adapté au cinéma dans le courant actuel des biopic.

Ce qui frappe au niveau du style, c'est la répétition du prénom, comme dans un rapport circonstancié. Emile fait ceci. Emile fait cela. Emile encaisse.

Echenoz fait presque de l'écriture une course. Ponctuant la cadence.

En outre, on a l'impression qu'une autre course se joue en parallèle, celle des chars, qui avancent.

Etrange objet que ce roman, biographie romancée à la Ravel mais pas seulement. C'est comme si l'intensité de la course marquait les pages, le rythme, et le style.

Avis aux amateurs de parcours biographiques en roman, mais aussi à ceux qui aiment les romans mêlant les histoires singulières à l'histoire des sociétés.

16 mars 2009

BD italienne...




Aujourd'hui, je m'en viens vous parler de Bandes Dessinées italiennes. Quand j'ai débarqué en Italie, on m'a dit que le pays était moins tourné B.D. qu'en France. Mais, je peux vous confier maintenant que ce n'est pas totalement vrai. La B.D. italienne compte une jeune génération très active.

Parmi mes trouvailles, Sualzo, et sa B.D L'improvisateur.

Sualzo vient de Peruge, où d'ailleurs son pseudo correspond dans le patois local à un oiseau au pouvoir magique. Quant à son personnage principal, Elia, il n'a rien d'extraordinaire. C'est plutôt le trentenaire italien, looser, qui se rêve saxophoniste star, alors qu'il est prof en retard.

Il veut partager la scène avec les plus grands et se retrouve en studio pour enregistrer des pubs, déprimant! En drague, il n'est pas non plus au top. Bref, un regard assez juste sur certains profils masculins de la botte!

Ce qui m'a plu chez l'improvisateur, c'est la place faite à la poésie, dans l'histoire mais aussi dans les citations littéraires qui introduisent les chapitres. (Avis aux amateurs de Pessoa!) D'ailleurs, cette structure en chapitre permet une lecture fort agréable, et une progression dans le temps et les lieux à l'ancienne qui n'est pas sans déplaire.

La palette de couleurs choisie se marrie bien avec l'univers du jazz. Le trait aussi!

Enfin, j'apprécie tout particulièrement les décors des villages à l'italienne. Les murs jaunes, les volets verts ouverts en persienne, les places, où il fait bon discuter dehors le soir, à la fraîche. Je trouve que l'ambiance est bien retraduite en image, dans les scènes nocturnes.

On attend donc de voir la suite des aventures d'Elia... et pour patienter on se met à écouter du jazz...

15 mars 2009

Littérature en série




Oui, bon, c'est pas très avouable mais je me délecte en ce moment en lisant la suite de la série des Sunday Philosophy Club d'Alexander Mc Call Smith. C'est bon d'ouvrir un roman en connaissant déjà tous les personnages, le décor, le style. C'est comme retrouver les héros d'une série télé qu'on a aimée!


J'en suis au quatrième et avant dernier tome! Pour ceux qui ne connaitraient pas, l'héroine est Miss Isabel Dalhousie, philosophe, vivant à Edinbourg. Elle pratique la philosophie éthique ou morale, comme elle respire. En outre, elle est extrêmement curieuse, et fourre donc systématiquement son nez dans des affaires mystérieuses qu'elle ne manque pas de résoudre brillament. Je les lis en anglais pour la douceur du style. Des mots qui entrent sans lutter dans l'esprit et qui ne laissent pas de traces. Bref, juste de la pure détente de dimanche!


En français, vous les trouverez chez 10/18: Le club des philosophes amateurs (tome 1); Amis, amants, chocolat (tome 2); Une question d'attitude (tome 3); Le bon usage des compliments (tome 4).


Alexander McCall Smith est aussi l'auteur d'une autre série que j'avais dévorée: celle de Mma Ramotswe, détective, au fin fond du Botswana. Je ne peux que vous la recommander!


Enfin, je voudrais vous signaler l'excellent site internet d'Alexander McCall Smith: tout y est, les livres, des interviews filmés de l'auteur, etc.


Une vraie machine à faire des petits pains chauds qu'on déguste en un rien de temps...

11 mars 2009

A la pêche!




Lire la B.D. Paul à la pêche de Michel Rabagliati, c'est comme partir en vacances quelques semaines au Québec, Tabernacle! Mais pas que! Au-delà de toutes les petites expressions joyeuses des québecquois, on y trouve un vrai talent de narrateur et de dessinateur, qui manie aussi bien la description des lieux dans leur moindre détail dans des grandes cases que la satire quand il se doit dans des plus petites (voir notamment les bulles concernant Apple!).

On y suit une petite chronique de la vie comme elle va, quand on part pêcher à la mouche avec des amis... ou plutôt quand on part à la pêche au mouflet... car sous ce titre se cache en fait le récit de la grossesse de la compagne de Paul. Or cette grossesse n'est pas sans attente, sans fausse joie, sans épreuve, comme celle du pêcheur dans sa barque. Les pages se tournent avec suspense et on est de plus en plus touché et ému par les aventures du couple. Sur 200 pages, on est emporté dans les pensées de ces trentenaires, finalement pas si loin de nos soucis et de nos joies quotidiennes à nous quand on y pense, même si nous ne sommes pas du même côté de l'Atlantique.

Le dessin en noir et blanc est assez proche de celui que l'on peut trouver chez Guy Delisle, par exemple dans Chroniques Birmanes. La même auto-dérision aussi, sur la place et le rôle des pères.

Cette B.D. est l'un des nombreux albums de la série des Paul: Paul dans le métro, Paul à la campagne, etc. La naïveté des titres à la Martine cachant souvent un propos très subtile sur nos petites existences.



Les forces de Michel Rabagliati: sa façon de brosser le portrait des gens qui l'entourent, de les cerner en trois coups de crayons; sa facilité à raccrocher des anecdotes amusantes à une trame parfois pas toujours évidente à raconter; sa capacité à mêler critique sociale, psychologie et humour. Michel Rabagliati connaît un immense succès au Canada avec sa série des Paul. Je pense qu'il en sera de même en France!

Alors, si vous avez aimé Guy Delisle, jettez-vous sur les Paul! Et dites-moi ce que vous en aurez pensé!!!

08 mars 2009

INTERACTIF 3




Revoilà un petit INTERACTIF pour vous soliciter fidèles lecteurs de ce blog! INTERACTIF vous permet, pour rappel, de faire partager vos coups de coeur. Après la plus belle histoire d'amour dans un roman, et les plus beaux romans courts à glisser dans un sac, le thème en est: Littérature venue d'ailleurs.


Il s'agit de conseiller des romans venus de pays dont on ne lit presque jamais de romans... par exemple des romans du fin fond de l'Afrique, des romans du fin fond du Népal, d'Arménie, ou du fin fond d'Equateur... Bref, des perles rares que vous auriez découvertes et qui vous auraient emmené très loin dans un recoin de la planète que vous aimeriez nous faire connaître!!!


A vos plumes!!!!


NB: Depuis peu, pan-or-amiques s'est doté d'une nouvelle rubrique: ATTENTION BESTSELLER! Pour ceux qui aimeraient lire les petits pains qui se vendent bien...

05 mars 2009

A hauteur d'enfants...


"Quand Rose a rencontré mon père, mon gentil père, le directeur du cirque, quand Rose a rencontré son Monsieur Loyal, elle était déjà enceinte de moi.

Mais elle avait le ventre si creux - les os magnifiques de ses hanches créaient comme une bassine en leur milieu -, elle avait le ventre si creux que mon père ne me soupçonna pas."


L'histoire de Rose commence ainsi. ou presque...


Dans Déloger l'animal, de Véronique Ovaldé, nous suivons une narratrice de 7 ans ou peut-être 12, on ne le sait pas. Une petite fille qui essaie de comprendre d'où elle vient, et ce que font les adultes aux comportements parfois si mystérieux.


On ne fait que lui mentir, et elle ne fait que réécrire son histoire, en décousant les uns après les autres les mensonges des adultes qui l'entourent.


Ce roman est proche du film Stella. Pour l'un comme pour l'autre, c'est avant tout le regard d'un enfant porté sur un milieu populaire, autour duquel il construit son imaginaire. Dans les deux cas, le langage cru fait partie de la vie et de l'univers reconstruit et réinterpreté sans cesse.


Mais avant tout, Déloger l'animal est l'histoire de la disparition d'une mère, dont Rose attend désespérement le retour, sur le toit de l'immeuble où elle habite avec Monsieur Loyal:


"J'apercevais l'horizon, un horizon de toits terrasse, un bric-à-brac d'antennes de télé, de paraboles, de réservoirs d'eau, de jardins clandestins avec bambous, barricades, bassines pour récupération de pluies d'acide, chaises, caisses repose-pied, frigo pour bière, générateur turbinant nuit et jour, il y avait aussi les chats errants, les mouettes, les sirènes et les essoufflements du port, le bruit des rues qui montait jusqu'à nous par spasmes paresseux. Je me disais toujours, ils pourraient bien tous mourir en bas, ils pourraient bien tous attraper la peste, je n'en saurais rien avec mes lapins.

Les lapins étaient tapis à l'ombre de la cheminée. Ils bénéficiaient de petits ventilateurs pour leur assurer un minimum d'air, pour qu'ils ne tournent pas de l'oeil et continuent de scruter l'horizon toit terrasse tout devant.

Nous noous entendions à merveille, les lapins et moi."


Ce roman est très touchant, car derrière ses tentatives pour comprendre le monde, on lit toute la souffrance de Rose, qui parfois enfile sa petite cape noir et fushia pour sauter de l'immeuble. Entre vie rêvée et vie réelle, Véronique Ovaldé interroge avec talents le monde des enfants, des adolescents et des adultes.


Un roman dont la force est dans le style unique, imagé, naïf, tendre.


Un roman qui a su créer tout un univers coloré, de cirques, de glaces et de bonbons, là où se tiennent les réalités pas toujours reluisantes des adultes.


Un roman qui mélange humains et animaux, les intervertit. Qui sont les lapins en cage, qui est le lion du cirque... Et quel est cet animal à déloger?


Je vous laisse découvrir!