31 août 2010

Gestion de crise




Que se passe-t-il quand du jour au lendemain toute une société devient aveugle? C'est la question qu'affronte Jose Saramago dans son roman magistral L'aveuglement. Décédé il y a peu, Jose Saramago est un des auteurs les plus connus du Portugal. Prix nobel de littérature, il n'a eu de cesse de poser son regard critique sur notre petit monde.


Tout commence par un incipit haut en couleur. Un homme est en voiture à un feu, justement là où l'orange, le rouge et le vert font sens, quand soudain le blanc. Un blanc lumineux de partout, plus rien d'autre. C'est alors que tout bascule. Peu à peu l'épidémie gagne du terrain, et l'on se retrouve plonger dans une société à quatre sens où les gens perdent leur nom et leur visage pour n'être que le premier aveugle, la femme du deuxième aveugle, etc. Saramago nous propose la ré-écriture de l'ordre social, pour le meilleur comme pour le pire.


Un livre pour tous ceux qui s'intéressent à la gestion de crises.

Un livre à offrir aux amateurs de romans d'anticipation, mais aussi à ceux qui n'en auraient jamais lu!

Un livre pour ceux qui s'intéressent à la vie en univers carcéral.

Un livre sur l'homme en fait. Saramago interroge l'humain par de longues phrases qui mêlent contexte, dialogue, suspense, jugement, et analyse. Les virgules ponctuent le chaos, dans un flot qui nous emporte d'une traite.


Des scènes magnifiques, des scènes affreuses.


Et au final une leçon de vie.


23 août 2010

Des mots pour faire face




Des livres qui parlent de la déportation, des camps, du retour, j'en ai lu, qui m'ont marquée. L'écriture ou la vie, de J. Semprun, pour commencer. J'ai pleuré.
Cela dit, celui-ci à une place toute spéciale pour moi, et ce par sa quête de la retranscription du ressenti au plus près, dans le malheur comme dans le "bonheur", dans l'imaginaire comme dans le non-sens du réel le plus cru. C'est Etre sans destin, d'Imre Kertesz. Et l'on comprend dès les premières pages pourquoi cet écrivain est prix nobel de littérature.


Les scènes qu'il dépeint, on les a ancrées en nous quand on referme le livre. Par exemple celle où il essaie d'imaginer comment des hommes réunis ont pu concevoir les camps...


"Ils s'étaient réunis, ils avaient très vraissemblablement rapproché leurs têtes, dirais-je, même si ce n'étaient pas des écoliers, naturellement, mais des hommes d'âge mur, des adultes, et peut-être même très certainement, à bien y penser, des messieurs en costumes chic, avec des cigares, des décorations, sûrement rien que des chefs qu'on ne peut pas déranger à ce moment là: voilà comment je me les imaginais. L'un d'eux tombe sur l'idée du gaz. Dans la foulée, un autre trouve la douche,..."


Ou une autre, celle où il sent qu'il arrête de se battre, qu'il sombre dans la mort peu à peu, qu'il ne peut plus lutter...


"J'étais ébahi par la vitesse, l'allure effrénée avec laquelle, jour après jour, diminuaient, mouraient, fondaient et disparaissaient la matière qui recouvrait mes os, l'élasticité, la chair. Chaque jour, j'étais surpris par une nouveauté, une nouvelle difformité sur cette chose de plus en plus étrange et étrangère qui avait jadis été un bon ami: mon corps. Je ne pouvais le regarder sans une impression de désespoir, une sorte d'horreur. C'est pourquoi au bout d'un certain temps, je cessai de me déshabiller pour me laver..."


et je pourrais multiplier ces scènes, ces instants, toujours au plus près d'une quête de précision, de sincérité, de droiture, de finesse.


Pour toutes ses raisons, un livre à lire absolumment.


Pour garder en l'esprit ce que l'homme est capable de faire, mais aussi pour porter en nous le vécu de ces hommes qui lentement nous quittent.

Merci à Jean-Pierre pour avoir mis ce texte dans la pile de romans de mes 30 ans!

05 août 2010

Pour les petits loups!









Un autre livre pour enfants qui m'a beaucoup plu, c'est Freddy et le loup qui rend fou de V. Bourgeau.








Alors que Freddy tente de s'endormir calmement chez lui, un loup débarque, pourchassé par un berger fou qui tire partout. PAN! PAN! Alors Freddy lui ouvre sa porte, et le loup s'endort sous son lit.








Mais bientôt ce sont les moutons qui arrivent pour demander asile. Au secours, le berger fou continue de tirer partout! Alors voici la pièce qui se remplit de moutons, on ne peut plus les compter, mais tout le monde s'endort quand même!








A son réveil, le loup fait BOUH! Et tous les moutons partent affoler!








Alors Freddy lui dit que ce n'est pas très gentil d'effrayer les moutons comme ça. Mais voilà c'est un des jeux favoris du loup. Il lui raconte toutes les fois où il a bien ri en faisant peur aux moutons.






Toutefois pour se faire pardonner, le loup aide Freddy à retrouver les moutons. Ca rassure le berger, car en fait il tirait partout pour essayer de rattraper tous les moutons chassés par les BOUH! du loup...








Tout est bien qui finit bien... à peu de choses près (le berger s'étant tiré une balle dans le pied!)








Des dessins très sympa, naifs et colorés. Simples et drôles. Et une belle histoire avant de s'endormir!








03 août 2010

Mousson généreuse




Un peu comme dans le conte de boucle d'or, j'ai dormi dans le lit de quelqu'un en son absence, une petite Salomée, que je n'ai pas eu la chance de rencontrer... par contre, j'ai eu l'immense plaisir de découvrir ses livres! Et parmi eux: Le parapluie vert de Yun Dong-jae illustré par Kim Jae-Hong.


C'est l'histoire d'une petite fille asiatique qui rejoint son école le matin sous une pluie torrentielle. Heureusement elle est protégée par son joli parapluie vert, ce qui donne pour nous lecteurs des pages magnifiques de gris avec tâches de vert, dans une forme de sérénité tranquille d'un matin de pluie d'Asie.


Sur son chemin, elle croise un mendiant, assis par terre contre un mur, dont tout le monde se moque. Mais elle, elle est touchée par sa présence, son isolement, sous la pluie battante. Quand vient la récréation, elle voit qu'il s'est endormi et délicatement elle lui dépose son parapluie à ses côtés. A la sortie de l'école, il n'est plus là, mais sur le mur, replié, elle retrouve son parapluie.


Mystère du don. Générosité de parapluie.


Une grande humanité se dégage de cet album pour enfant, magnifiquement illustré.


A mettre entre toutes les mains, même des adultes, bien évidemment.