27 novembre 2006

Petit détour par le Japon…

Aujourd’hui, panoramique japonais: pour tout ceux qui n’ont pas le temps de dévorer des romans, voici une solution miracle : le Haiku ! Un concentré de sensations et d’émotions en trois lignes (ou trois colonnes pour ceux qui peuvent les lire en version originale...) !




Le hiaku est une forme de poème japonais du 19e siècle, qui suit un rythme de 5-7-5, et renvoie traditionnellement par le kigo á l’instant ou á la saison grâce á une référence á la nature. Il s’offre á vous comme une grande respiration, une bouffée d’oxygène, une image qui traverse votre esprit pour vous emmener loin en une fraction de secondes. Il produit un effet de réel, car il situe l’action ou le lieu, dans un jeu de temps qui unit le souvenir á l’instant. Pour faire encore plus sérieux et littéraire, je vous dirais même que le Haiku repose sur une hypotypose. C’est á dire qu’il s’appuie sur une figure ‘’qui regroupe l’ensemble des procédés permettant d’animer une description au point que le lecteur voit le tableau se dessiner sous ses yeux.’’ Autrement dit : c’est encore mieux que de manger un Boutny… Mieux que le deuxième effet Kiss Kool !

Par exemple :

La vieille mare:
Une grenouille saute dedans:
Oh! le bruit de l'eau.

Pinceau plein de bleu
Un coup sur le volet
Un coup sur le ciel

Déjà quatre heures...
Je me suis levé neuf fois
Pour admirer la lune.

Comme il est admirable
Celui qui ne pense pas: «La Vie est éphémère»
En voyant un éclair!

A moitié petite,
La petite
Montée sur un banc.



Et si vous souhaitez aller au delà de la lecture : glissez un petit carnet dans votre sac, et composez vos haikus, au lit, dans le bus, au petit-déjeuner, ou tout simplement quand bon vous semble !

Et puis d’ailleurs, si le cœur vous en dit, n’hésitez pas á mettre vos Haikus préférés en ligne sur ce blog, en utilisant la fonction ‘’comments’’.

13 novembre 2006

Le vrai du faux

Il y a des livres qui réchauffent, qui font du bien... C'est pas tant le style, c'est pas tant l'originalité, c'est juste simple et touchant, et puis ça passe.
Ce sont des livres qui se vendent bien, des livres qu'on se conseille entre amies... On s'y retrouve tous un peu... On y cherche des brins d'humanité...

Par exemple, les Anna Gavalda: Ensemble c'est tout, Je l'aimais, Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part, etc.
Par exemple encore, les Eric-Emmanuel Schmitt: Oscar et la dame rose, Odette Toulemonde et autres histoires...

Alors fausse littérature? Vrai divertissement?

Au fond, dans Odette Toulemonde et autres histoires, Eric-Emmanuel Schmitt se pose la question. Odette est en admiration devant les livres de Balthzar Balsan, bobo parisien qui écrit des romans touchants dédaignés par l'élite parisienne. Qu'en penser?

Pour ma part, de ma lecture de ce livre, je garde une petite méditation sur le vrai et le faux dans la vie. Car peut-on vraiment déchiffrer du haut d'un belvédère le vrai et le faux des détails du panorama? Peut-on croiser tant de visages, tant de vies, et toujours cerner l'authentique du toc?



Avec ces petites histoires très rapidement jetées sur le papier, Eric-Emmanuel Schmitt nous invite à suivre la panique d'une femme, face à l'intrusion répétée d'une vielle femme dans son appartement. Mais quand la police arrive, on ne trouve jamais l'intruse. Alors qui dit vrai?

Et puis on passe à une autre histoire: Une maitresse abandonnée par l'homme qui a été son patron et son amant pendant 25 ans, perd son emploi après que son amoureux n'ait décidé de partir vivre sa retraite avec sa femme dans le sud de la France. Ne pouvant plus réussir à joindre les deux bouts, et après avoir constaté que la revente des bijoux qu'il lui avait offert ne servirait à rien (ils ne valent pas un sous), elle l'appelle et il lui dit de vendre le Picasso. Oui, un jour, il lui avait offert un tableau, en lui disant de toujours répéter que c'était un faux.. Elle va le faire estimer, et bien sûr, le verdict est confirmé: C'est un faux. Ayant la sensation de n'avoir connu qu'une fausse relation, elle finit par mourir d'un cancer à l'hôpital. Seule la japonaise à qui elle sous-loue une chambre pour survivre, vient régulièrement la voir. Un peu désabusée, elle lui lègue le "Picasso", peu avant de s'éteindre. De retour au pays, la japonaise le revend, et devient riche à millions, fonde une boite de cosmétique, etc. Alors vrai? faux? Il nous laisse toujours sur le fil...

C'est comme ces livres... Vrai? Faux?

A vous de voir!

07 novembre 2006

Panoramique asiatique !

Une fois n'est pas coutume... Je vais vous parler d'un livre qui n'est pas un roman, mais plutot d'un livre qui est un témoignage de vie tellement fort et riche qu'il se lit comme un roman: La fine è il mio inizio de Tiziano Terzani (littéralement et en francais dans le texte: la fin est mon début).

Tiziano Terzani est né en 1938 à Florence, au sein d'une famille pauvre de la banlieue, avec en lui la volonté et l'irrépressible désir d'aller voir ailleurs... Ce qu'il a fait d'une manière incroyable en devenant journaliste grand reporter pour le journal allemand Der Spiegel, essentiellement en Asie, dont il va devenir un éminent spécialiste.

Il a vécu en direct tant de moments historiques marquants qu'il est presque difficile de tous vous les citer (Mai 1968 à New York, fin de la guerre du Vietnam au milieu des cadavres, arrivée au pouvoir des Khmers Rouges au Cambodge, effondrement de l'empire URSS, etc.) Mais ce qui m'a marqué ce week-end en me plongeant dans ce pavé (500 pages mais je vous rassure, en plus du texte, il y a de superbes photos noir et blanc d'époque!), c'est avant tout sa quete d'humanité, sa quete de sens, sa quete de valeurs.

Il écrit ce livre au moment où il se meurt d'un cancer. C'est son ultime discussion avec son fils, sur la vie et le monde, au coeur de la douleur, à la rencontre de l'essentiel. Ce livre donne beaucoup d'énergie mais aussi de recul. Meme en n'étant pas d'accord sur tout, je trouve que Tiziano Terzani a le don de nous donner l'envie d'aller au bout de nos reves, de vivre dans le présent ici et maintenant. Parce que tout passe...



En attendant que ce livre soit traduit, je ne peux que vous encourager à découvrir ses autres récits, tels que: Lettres contre la guerre (suite au 11 septembre) et Un devin m'a dit. Tiziano Terzani a toujours essayé d'inclure un peu de spiritualité dans son existence avec plus ou moins de succès mais toujours avec sincérité. Dans Un devin m'a dit, il raconte une année de sa vie, où il a continué d'etre grand reporter en Asie mais sans prendre l'avion! En effet, un voyant lui avait dit que s'il le faisait, il en mourrait! Du coup, il décide de l'écouter et il finit par découvrir un autre regard sur l'Asie, en cotoyant les petites gens dans les trains, en cherchant à rencontrer les sages du fin fond des villages...

Il me semble que Tiziano Terzani, bien à sa manière, a su découvrir les pépites là où elles se cachaient, mais aussi comprit que ce qui nous est parfois présenté comme de l'or, vaut bien moins qu'une fleur ou une poignée de terre.