31 décembre 2017

La porte



En voici un livre hors norme par son propos: La Porte raconte le lien très étrange entre une femme, qui ressemble fortement à l'auteur Magda Szabo, intellectuelle à Budapest et sa femme de ménage, Emerence. Tous les oppose: La première est très cérébrale, invitée dans des conférences; la seconde vit loin des livres, enfermée dans une maison où personne ne peut rentrer.

Ce qui rend le roman riche est la complexité du lien qui les unit, entre haine et amour, entre proximité et incompréhension. Tout se joue dans les détails, de ce que l'une ose ou pas dire à l'autre; ce que l'une ou l'autre fait ou ne fait pas; les liens qu'elles ont au chien, etc.

Tout commence sur le ton de la confession: la narratrice dit avoir tué Emerence... Commence alors le récit de leurs liens d'année en année. Un lien mystérieux et surprenant.

A demi mot, on lit l'autobiographie de l'auteur, sa dissidence, ses journées d'écriture. Mais le thème du roman est vraiment les enjeux de pouvoir et de dépendance. Qui s'appuie sur qui, qui domine qui dans le lien qui unit une femme de maison à sa femme de ménage? Quand l'une croit avoir le dessus tout bascule sur un rien.

Ce n'est pas un roman reposant à lire. Tout est tendu, compliqué entre ces deux-là. On est enfermé dans ce tandem, dans ce quotidien des plats préparés, des ménages, des non-dits.

Qui est cette vieille servante? L'humble, la gentille? La brutale, la voleuse? Toute l'intrigue tient là.

Un roman qui plaira à ceux qui aiment les personnages complexes psychologiquement et les mystères des vies simples.

Un livre à l'écriture fine.

"Quand nous nous sommes parlées pour la première fois, j'aurais aimé voir son visage, et j'ai été gênée qu'elle ne m'en laisse pas la possibilité. Elle se tenait devant moi telle une statue, immobile, non pas sur ses gardes, même assez détendue, je voyais à peine son front, à ce moment là je ne savais pas que je ne la verrais sans foulard que sur son lit de mort, elle était toujours voilée, comme une catholique fervente ou une juive le jour du shabbat à qui leur foi interdit de se présenter tête nue devant le Seigneur."










25 décembre 2017

Une jolie fille comme ça



Il s'ennuie à cette fête hollywoodienne, il sort, il hume l'air de la plage. Soudain il voit une jeune femme au loin marcher vers l'océan, un cocktail à la main. Elle avance, lentement mais sûrement, elle se jette à l'eau, elle coule. Il court, la sauve, elle est belle. Et s'en suit une romance douce amère.

Qui est la victime et qui est le héros? Que veut dire aimer, plaire, séduire? Qu'est ce que réussir à Hollywood?

Voici un court texte bien vu, juste et affolant. On les sent glisser tous les deux vers du vide et du sens, en vain. Chaque mot à elle est plein de souffrances passées et présentes. Chaque mot à lui est coloré de doutes. Elle n'est pas son style, il n'a pas vraiment d'élan pour elle et pourtant.

Il y a du suspense dans ce texte, de l'émotions, des non-dits, du mal... et de la complexité singulière.

Un auteur à découvrir. Scénariste, auteur d'une balade pour Joan Baez.

Merci Anouck pour la découverte...






24 décembre 2017

La nuit des Béguines...



Un roman de la rentrée qui nous émerge en plein Paris de l'an 1310! Nous sommes au béguinage royal, auprès de femmes qui ont choisi de vivre et étudier en communauté.

Le personnage principal est très attachant: Ysabel, est la guérisseuse, celle qui s'occupe du jardin et connait toutes les plantes et leurs propriétés. Un jour, elle voit arriver une jeune inconnue dont on ne sait rien. Elle est enfermée dans son mutisme et semble avoir été violentée. Un double mystère structure alors le roman. Qui est cette inconnue? et parallèlement que va-t-il arriver aux béguines de Paris, dont la liberté est de plus en plus remis en cause...

C'est un roman historique qui nous fait plonger dans une autre ambiance, celle des rues parisiennes grouillantes de vie, de la place de grève, etc. On apprend beaucoup sur les templiers, sur Philippe Le Bel. Le livre est très documenté et riche.

J'aime qu'Alice Kiner nous montre ces femmes puissantes, savantes, solidaires. Finalement on ne connait que trop mal les béguines et leurs histoires.

Un roman parfait pour la catégorie Héroïnes rousses et Au Féminin de ce blog!

Un livre qui plaira aux amateurs de romans historiques, sur le Moyen-Ages, le Paris des templiers, les franciscains, les dominicains, les rois et leurs impacts.

Un livre qui plaira à celles qui se demandent comment les femmes vivaient dans les béguinages, comment se passaient leur vie commune, quelle liberté elles avaient, que voulait dire pour elle l'entrée dans cette existence, etc.

Un roman qui est aussi dans les sens, le ressenti, les odeurs, les lumières et les silences.

18 décembre 2017

Les demoiselles des Hauts Vents



Elles sont trois: Charlotte, la sœur raisonnable, l’aînée protectrice; Anne, la plus sensible, la plus intuitive; Et Emilie, la plus vive, impétueuse et débrouillarde. Leur mère a disparu, du jour au lendemain. Quant au père, il doit partir en mission. Voilà de quoi se retrouver chez les parents de la maman absente, au sein d'un manoir en Normandie.

Face à un grand-père muet et une grand-mère rigide et coincée, elles ne peuvent que découvrir pas à pas les secrets de famille par leurs propres moyens: fouiller le grenier, parler aux gens du coin, etc.

Un roman qui joue sur les références à Emilie Bronte.

On entre dans le quotidien de ces jeunes filles, dans leurs émotions, leurs doutes d'adolescentes.

Yael Hassan gagne son pari, dès 11 à 12 ans.

Un roman sur la fratrie, l'intuition, et les mystères de la filiation.

Un texte qui plaira aux fan de Downton Abbey, aux amoureux des maisons de famille à la campagne.

Un livre pour la catégorie Au féminin!