31 mai 2015

Broadway limited, un diner avec Cary Grant



En voilà du bonheur! Un nouveau Malika Ferdjoukh! Quel régal! Courrez vite l'acheter! Vous mettrez un brin de poésie dans votre vie, des petits pas rythmés et des rires féminins dans une salle de bain...

Un livre qui donne envie d'être sincère et enthousiaste, confiant dans la vie, amoureux et guilleret!

Tout commence à New York en 1948 quand Jocelyn Brouillard débarque de sa Bretagne dans une pension... Mais la propriétaire est catégorique: aucun jeune homme ne peut loger à Giboulée. C'est uniquement pour les jeunes filles comme  Chic, Hadley, Manhattan, toutes des personnages en quête de gloire, d'amour et d'épanouissement!

Heuresement, la joyeuse mayonnaise va prendre, ou plutôt devrais je dire le velouté d'asperge sur un fond de boogiewoogie et de parties de poker. Je ne vous en dis pas plus! Malika Ferdjoukh nous fait tourner la tête et nous laisse le souffle coupé dans l'attente de la suite des aventures!

On s'amuse des caractères bien trempés, des situations cocasses. On goute à la musique et au film de l'époque. On est tout de suite emporté par l'ambiance à la Fred Astaire et autres baisers à la Cary Grant. On accroche à l'humour de l'auteur! Ça tourbillonne!

Un roman qui donne envie d'avoir un surnom, d'aller danser un soir d'hiver, de fêter Halloween ou Thanksgiving, d'avoir un bouquet de violette à la boutonnière, de courir dans la neige!

Des chemins de vie touchants... car derrière les belles lumières beaucoup de non-dits et de vies tordue à Giboulée, pour le meilleur et pour le pire... Chacun des personnages est attachant à sa façon. Leur bienveillance mutuelle tient chaud au cœur. On aime les suivre dans leur rendez-vous galants et leurs auditions! On aime les confidences lors des préparations aux sorties (je te prête un chapeau tu me prêtes tes chaussures, en échangeant sur les dernières gossips de la pension).

Comme toujours chez Malika Ferdjoukh de joyeuses paroles imagées et enjouées, des petites escapades amoureuses, des animaux qui parlent ou presque.

L'intrigue est riche et bien menée. Chacun porte son mystère, et les chemins des uns et des autres se croisent comme par magie! 

Vivement le tome 2!

L'incipit pour vous mettre en appétit. Allez hop, à New York! Ça va pepser, foncer, danser, et youpi!

"La jeune fille ouvrit la porte au jeune homme. Un essaim de feuilles rouges s'engouffra aussitôt à l'intérieur de la maison tel un gang de sorcières à l'affut.  La jeune fille était brune et sans doute souriait-elle. Difficile d'en être sûr à cause de la sphère en bubble gum rose d'un diamètre épanoui qui lui poussait au milieu de la figure. "




18 mai 2015

Harmonie



Roman tout droit arrivé du Japon et du Futur! Harmonie nous plonge dans un monde du numérique et de la data où chaque individu porte un "watchme" qui permet à l'admenistration de suivre la santé personnelle de chacun.

Plus d'alcool ou de café, la société promeut une vigilance énorme pour éradiquer toute graisse ou maladie. La souffrance est évacuée de tout, des journaux, du corps, etc. Chacun marche en affichant son RA, c'est à dire une courte présentation de lui même, une sorte de carte de visite un plus plus complète ouverte à tous.

Seuls les enfants échappent au contrôle total, ce qui inspire trois d'entre eux à entrer en résistance.

Publié en 2008, Harmonie est un livre visionnaire, écrit par Projet Itoh à l'âge de 35 ans alors qu'il se mourrait d'un cancer à l’hôpital.

Un roman de science fiction qui questionne la santé, le système administratif de gestion, le rapport à l'autre en société, la déviance et l'éthique.

Foucault aurait sûrement apprécié!

Avis aux amateurs de SF et avis à ceux qui en lisent peu mais veulent goûter aux risques numériques d'un monde big brotherisé!

Merci à Sophie et Christophe pour le prêt du livre et le conseil de lecture!

Fascinant!

10 mai 2015

Traversée amoureuse...



Après Toute passion abolie, qui m'avait beaucoup plus, voici La traversée amoureuse de Vita Sackville West, son tout dernier roman.

On y retrouve les obsessions de l'auteur: la mort, l'indépendance, la liberté, et ce qu'on en fait.

Nous sommes en croisière autour du monde avec un narrateur sur le point de mourir et la femme qu'il aime mais à qui il ne le dit pas. Edmund Carr, journaliste, vient en effet d'apprendre qu'il n'avait plus que quelques mois à vivre. Il décide de suivre Laura en voyage, une veuve dont il est éperdument amoureux, sans lui révéler la nature de ses sentiments, le mal qui l'accable, etc.

On sent la passion grandir pas à pas, on sent la beauté de la complicité, la joie de la conversation, le partage des découvertes du voyage. Quel magnifique huit clos! Quel merveilleux échanges.

J'aime les monologues intérieurs du désir. M'aime-t-elle vraiment? Les relectures maintes fois des conversations achevées pour savoir si elles cachaient des non-dits:

"Je viens d'avoir avec Laura une conversation des plus troublantes et ne sais qu'en penser. Si c'était une autre femme, je penserais qu'elle a essayé de me faire du charme, mais avec elle une telle idée m'est insoutenable. Ce qui contribue à ma perplexité, c'est mon impuissance à isoler une phrase, une question qui n'ait pas été dite dans une de nos conversations antérieures; c'est quelque chose de subtil, d'abstrait, que j'essaie de cerner."

J'aime comment le narrateur observe tout des gestes de l'être aimé, son intérieur, ses postures, ses mots.

C'est un peu Downton abbey.

Avis aux coeurs sensibles qui tournent et retournent les mots et les rêves!