22 juillet 2015

Cuisine du Japon



"Je voulais préparer un repas qui, comme la sonnerie d'un réveil, ranimerait ses cellules plongées dans une profonde léthargie, les galvaniserait..."
 
Un petit livre lumineux et précieux: Le restaurant de l'amour retrouvé de OGAWA Ito.

La narratrice de ce roman, Rinco, 25 ans, perd la voix et le sens de l'existence en un soir quand elle découvre son appartement vidé complétement et son compagnon parti. C'est alors qu'elle va trouver son salut en cuisinant de bons petits plats bien médités et mitonnés. Tout en lenteur. En retrouvant du sens dans chaque geste.

C'est si beau de la voir gouter chaque fruit avec soin, retrouver le gout singulier des navets sous la neige, réinventer chaque fois des plats uniques... pour aider les convives à retrouver leur sensation, à renouer avec eux même et à sentir la vie au fond d'eux.

Je suis tombée sous le charme de papy hibou et de ses 12 coups de minuit qui veille sur la maison, d'hermes, le cochon domestique et ses pains aux noix, de Kuma, l'ami si généreux, de Kozue et son petit lapin.

Surtout j'ai trouvé l'écriture très zen et intense. Les mots tombent juste comme le sandwich parfait que prépare Rinco. Lire ce roman donne envie de manger doucement pour profiter de chaque arôme, de toutes les consistances, de tous les mélanges.

Un roman sur les liens grand-mère, mère et fille. Un roman sur l'amour perdu et retrouvé. Un roman sur la générosité, le partage, et la bienveillance.

Allez, filez à l'Escargot, le petit restau de Rinco vous enchantera en douceur!

Merci Marion pour ce beau cadeau d'anniversaire!

"Je servais donc la soupe d'amour à tous les clients qui souhaitaient trouver l'âme sœur ou voir un vœu se réaliser. A chaque fois, les légumes et les proportions variaient, et chaque soupe avait une saveur différente, qui me surprenait moi-même. De ce fait, un changement profond s'est opéré en moi aussi, dans ma façon de considérer les légumes. Jusque là, je croyais que c'était moi qui faisais toute la différence en cuisine, mais en réalité mon rôle se résume à savoir associer les aliments entre eux. Je l'ai enfin compris. Avant toute chose, il y a les agriculteurs qui cultivent les légumes."


19 juillet 2015

Debout payé



Debout payé de Gauz est un premier roman à saluer. Il nous permet de découvrir la vie des vigiles des Séphora et autres Camailleux à Paris, avec beaucoup d'humour. Ce roman nous offre un regard presque sociologique sur la France d'aujourd'hui et l'immigration africaine.

J'aime la façon dont l'auteur nous offre des classifications d'acheteuse et de voleuse. J'aime son regard sur les soldes. J'aime son analyse des petites situations en boutique. Il nous offre comme des petits abécédaires du monde consumériste moderne.

A côté le récit des années qui passent et de l'immigration africaine.

Allez, un petit bout pour la route:

"Quand sonne le portique. 
Le portique de sécurité sonne quand quelqu'un sort ou entre avec un produit qui n'est pas démagnétisé. Ce n'est qu'une présomption de vol et dans 90% des cas le produit a été payée en bonne et due forme. Mais il est impressionnant de voir comme presque tout le monde obéit à l'injonction sonore du portique. Presque personne ne le transgresse. Mais les réactions divergent selon les nationalités et les cultures.
Le Français regarde dans tous les sens comme pour signifier que quelqu'un d'autre que lui est à l'origine du bruit et qu'il le cherche aussi, histoire de collaborer
Le Japonais s'arrête net et attend que le vigile vienne à lui
Le Chinois  n'entend pas ou feint de ne pas entendre et continue son chemin l'air le plus normal possible
Le François d'origine arabe ou africaine crie au complot
L'Américain fonce directement vers le vigile, sourire aux lèvres et sac ouvert
L'Allemand fait un pas en arrière pour tester le système
Le Brésilien lève les mains en l'air."

12 juillet 2015

Guerre et séparation



Steffi et Nelli sont deux soeurs juives autrichiennes qui ont dû fuir le nazisme à Vienne en se réfugiant en Suède, seules. Elles sont accueillies sur une ile qui leur semble au bout du monde, battue par le vent et le froid, dans deux familles pentecôtistes austères. Converties et baptisées, elles tentent de grandir en restant fidèles à leurs parents au loin, tout en s'adaptant à ce nouveau pays et à ses nouvelles coutumes.

Elles s'accrochent à la nature, aux lettres qu'elles reçoivent du pays, au rêve de la fin de la guerre. Elles s’émancipent et murissent chacune à leur façon, en faisant leur miel des rencontres, joies et déception.

Magnifique roman en quatre tomes de Annika Thor. On s'attache tout de suite aux personnages, la guerre remplit chaque chapitre d'intrigues inattendues. Un roman sur les réfugiés du monde entier, sur l'accueil, la solidarité et le partage, sur le choc des cultures et des âges.

Une tétralogie qu'il faut lire absolument! Le style est sobre et fluide. Le suspense est à son comble. Que vont-elles choisir de devenir? Reverront-elles un jour leurs parents? Vont-elles être séparées par la guerre?

On est très touché par les petits et grands malheurs du quotidien. Les insultes que reçoivent les juifs à l'école même en Suède. Les nouvelles des morts et disparus. On est aussi attendri par chaque petit geste attentionné, qui sont des petites lumières paisibles pour Steffi et Nelli. On vit la fin de la guerre avec intensité.

On se dit qu'on a bien de la chance de vivre en paix.

Très facile à lire, cette histoire reste avec nous bien après avoir refermé le livre.

A lire dès 11, 12 ans et jusqu' 99 ans!