Vue sur la littérature d'ici ou d'ailleurs, à la recherche de petites pépites à partager, pour ré-enchanter nos imaginaires d'avenir... Mon site web de prospective: pan-or-amiques.com
27 décembre 2007
Vivons curieux!
Certains ont dit que c'était un livre indispensable à placer dans les toilettes!!! D'autres se sont jetés sur la liste des pangrammes en essayant de les apprendre par coeur (ce sont des phrases qui contiennent toutes les lettres de l'alphabet comme "Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume")!!! Je vous préviens ce livre peut susciter des comportements hors du commun!
Vous y trouverez tout: de comment faire les noeux marins, à des recettes de cocktails, des 6 FEMMES D'HENRI VIII (Catherine d'Aragon - Anne Boleyn - Jane Seymour - Anne de Clèves - Catherine Howard - Catherine Parr (répudiée, décapitée, décédée, répudiée, décapitée, veuve & rescapée) ) aux noms des anniversaires de mariage (1 an coton, 2 ans...), de comment dire "je t'aime" en toutes les langues à la liste des douzes travaux d'Hercule... Bref de quoi gagner à tous les coups au Trivial Pursuit ou de quoi bluffer tout le monde au prochain repas de famille!
Impossible à lire d'une traite mais aussi impossible à refermer... Sûrement un très beau cadeau à offrir aux etrennes!
20 décembre 2007
Histoires de femmes
Je viens de finir Les Yeux Jaunes des Crocodiles de C. Pancol (merci Carole!!!). "C'est un roman qui se lit tout seul, un peu à la Ensemble c'est tout d'A. Gavalda" m'avait-on dit! Et c'était assez juste pour le situer... C'est un roman au féminin qui interroge la vie et ce qu'on en fait, et au fond qui donne envie d'être soi-même!
C'est l'histoire de deux soeurs: Iris, la jolie, celle qui est reconnue socialement, et Jo, la bonne copine, celle qui aide toujours tout le monde, mais qui galère, avec son mari, ses filles, avec ses recherches sur le Moyen-Age,... De fil en aiguille, on est emporté dans le quotidien de ces femmes, leurs envies, leurs peurs, et on se retrouve, on se questionne à travers elle! Donc une bonne lecture à mettre dans la valise pour les vacances de Noël!
Un seul bémol peut être: le style! Elle imite la façon de parler d'aujourd'hui, ce qui fait parfois sourire, mais est un peu lourd de temps en temps! Toutefois, que ça ne vous empêche pas de le lire, ce serait dommage!!!
Enfin, ce livre m'a fait penser au film The Women de Cukor, un peu plus acide, mais aussi sur les femmes, leurs liens, les situations d'adultère, etc. A voir absolumment!
17 décembre 2007
Une lumière dans la nuit
Et pour moi, ce fut une rencontre. Celle de P. Pullman dans une église à Oxford. Il parlait de ce qui l'inspira pour écrire satrilogie, le très célèbre: Songs of innoncence et Songs of experience de W. Blake. L'idée de génie de Blake reprise par Pullman est que la vie est un lent passage de l'innocence à la sagesse. Il faut perdre l'un pour gagner l'autre, dans un processus qui n'est pas toujours sans douleur... Dans l'église, les gens lui parlent d'Harry Potter. Il semble le nouveau J.K. Rowling... et l'on n'est qu' en 2001 à l'époque. Et comme vous vous doutez, j'ai filé à la librairie dès le lendemain!
Et quelle ne fut pas ma surprise de voir une bande-annonce au cinéma il y a peu, et de me dire, MAIS, je CONNAIS l'histoire! Et ça vient de sortir: A la croisée des mondes: La boussole d'or
Alors, au lieu de vous jeter sur le film, je vous conseille tout d'abord de dévorer la trilogie... surtout pour les "en manque d'Harry Potter"!
13 décembre 2007
Désir de lire, Désir d'écrire
Roland Barthes, dans son cours au Collège de France intitulé La Préparation du Roman, tente d'y répondre. Et c'est du bonheur! En effet, on peut maintenant trouver ses cours sur CD en format MP3 . Ca s'écoute tout seul... C'est si juste, si fin dans l'analyse, si riche, et si drôle (si, si, je vous assure que Roland Barthes a un sens de l'humour exceptionnel!). Je vous conseille donc son cours sur la préparation du roman, mais aussi son cours sur le Neutre.
Dans la préparation du roman, Barthes s'attache dans une première partie à ce qui crée l'effet de réel, lorsqu'on lit un roman. Il l'analyse en se penchant sur la forme du Haiku (voir libellés: Poésie pour des exemples de cette forme). Dans une deuxième partie, il analyse le désir d'écriture sous toutes ses formes. Il montre comment la lecture en suscitant le désir et donc le manque crée en nous l'envie d'écrire. Nous ne faisons que nous chercher dans nos lectures, chercher notre roman à venir.
Dans son cours sur le Neutre, Barthes s'attache à décrire le désir de neutre. Pourquoi au détour d'une conversation n'avons-nous pas envie d'avoir un avis? Ce cours est une perle rare. Barthes nous emmène par des chemins de traverse vers la philosophie. Nous vogons d'une description de la cérémonie du thé au Japon, à une anecdote savoureuse sur l'achat d'un tube de peinture "neutre", en passant par tant d'autres épisodes porteurs de sens... Ce cours peut s'écouter en marchant, en mangeant, en cuisinant. Il peut se ré-écouter aussi, tant Barthes se réinvente et nous réinvente à chaque mot.
Quel dommage que Barthes ait succombé à un accident de voiture... Il aurait sûrement mille regards sensés sur notre époque... Heureusement, nous pouvons toujours savourer ses pensées et sa voix...
30 novembre 2007
Retombée dedans...
Au début j'avais eu du mal avec la violence, mais maintenant je commence à apprécier qu'un homme se plaise à DENONCER le mal fait aux femmes, à vraiment parler de ces sujets tabous et douloureux que sont le viol, la prostitution des jeunes filles de l'Est qui croient trouver en une Europe de l'ouest un eldorado et qui tombent des nues, l'abus de pouvoir de certains hommes sur des femmes en position de faiblesse parce que leur subordonnée, ou dépendant d'eux légalement, etc...
Et puis je me suis super attachée à Mikael et Lisbeth, les personnages du roman, qui ont tout pour attiser la curiosité...
C'est vraiment un roman scandinave avec un autre rapport au corps, à la sexualité, d'autres façons de vivre en société,...
Ca éclaire sur le fonctionnement des médias, de la police,...
Bref, ça se lit tout seul, et on en redemande!
Ca peut être un très beau cadeau de Noël pour tous les amateurs de pollars venus du froid...
28 novembre 2007
Poetry made in US
Un peu de calme et de douceur...
Among the multitude, W. Whitman
Among the men and women the multitude,
I perceive one picking me out by secret and divine signs,
Acknowledging none else, not parent, wife, husband, brother, child, any nearer than I am,
Some are baffled, but that one is not--that one knows me.
Ah lover and perfect equal,I meant that you should discover me so by faint indirections,
And I when I meet you mean to discover you by the like in you.
To a stranger, W. Whitman
Passing stranger! you do not know how longingly I look upon you,
You must be he I was seeking, or she I was seeking, (it comes to me as of a dream,)
I have somewhere surely lived a life of joy with you,
All is recall'd as we flit by each other,
fluid, affectionate, chaste, matured,
You grew up with me, were a boy with me or a girl with me,
I ate with you and slept with you,
your body has become not yours only nor left my body mine only,
You give me the pleasure of your eyes, face, flesh, as we pass,
you take of my beard, breast, hands, in return,
I am not to speak to you,
I am to think of you when I sit alone or wake at night alone,
I am to wait, I do not doubt I am to meet you again,
I am to see to it that I do not lose you.
Hope is the thing with feather, E. Dickinson
Hope is the thing with feathers
That perches in the soul,
And sings the tune without the words,
And never stops at all,
And sweetest in the gale is heard;
And sore must be the storm
That could abash the little bird
That kept so many warm.
I ’ve heard it in the chillest land,
And on the strangest sea;
Yet, never, in extremity,
It asked a crumb of me.
I am nobody! Who are you? E. Dickinson
I'm Nobody! Who are you?
Are you – Nobody – too?
Then there's a pair of us?
Don't tell! they'd advertise – you know!
How dreary – to be – Somebody!
How public – like a Frog –
To tell one's name – the livelong June –
To an admiring Bog!
16 novembre 2007
Papillonage dans les nuages
Pour ma part, je viens de faire la connaissance d'un glâneur de talent: Denis Grozdanovitch. Dans Rêveurs et nageurs, ou du plaisir parmi les difficultés, il ramasse à la pelle les petites étincelles du quotidien. Mes préférées: son apologie des fantômes et son bref périple aux Indes Occidentales.
Dans le premier, il nous parle des morts et des vivants et de leur étrange façon de cohabiter. Il y a le décès d'un de ses amis et la balle de tenis qu'il jette dans la fausse au lieu des fleurs... Il y a sa rencontre avec un petit homme bien mystérieux au fin fond d'une librairie, un livre d'Alice au pays des merveilles à la main, et emplein de ses amours perdues. Il y a son amie retrouvant le long d'un vieux sommier la bague de sa défunte mère tant pleurée.
Pour les Indes occidentales, il glâne ces instants de voyage qui nous marquent pour longtemps. Parti pour les Etats-Unis, il s'attarde dans les musées, il s'ouvre aux rencontres. Et ça donne de très belles pages sur la peinture européenne, mais aussi de très beaux moments de partage comme avec ce vieux monsieur féru des librairies publiques, ou avec Sue... la belle Sue...
Ce livre est en quelque sorte une collection choisie d'extraits de ses petits carnets de vie ou de route. Ca donne envie de vivre intensemment, de sucer toute la moelle de la vie, pour ne pas, quand viendrait la vieillesse, nous rendre compte que nous n' avions pas vécu,... si vous voyez ce que je veux dire!
Alors si vous vous sentez un peu rêveur, ou nageur (mais ça je ne vous dis pas pourquoi... l'histoire est trop belle pour dévoilée ici les raisons de ce titre si judicieusement choisi), voici un petit extrait qui vous donnera l'esprit de son écriture:
"...Tels des petits enfants, nous sommes assis sur les chaises pliantes sous les marronniers du parc et nous observons, dans une jubiliation extatiques, les marionnettes peinturlurées sur la scène du Guignol - laquelle n'est autre que le théâtre de notre vie: bureaux, magasins, marchés, clubs, salons, où nous recevons et sommes reçus... Là se déploient sous nos yeux, sans que nous en ayons toujours conscience, les ridicules comédies burlesques et rocambolesques dont nous sommes tour à tour les acteurs et les spectateurs et que nous nous jouons ingénuement les uns aux autres.
Parfois pourtant, cette idée nous effleure à l'occasion d'une scène particulièrement heureuse ou pathétique et dans notre for intérieur nous applaudissons en riant ou en frémissant: nous voudrions alors bisser cette scène mais la loi du théâtre de l'existence ne permet aucune répétition et, la scène aussitôt finie, les ombres fugitives qui, pour notre émerveillement ou notre frayeur, l'animèrent, s'évanouissent à jamais, réintégrant l'anonymat du vaste réservoir des formes universelles. Nous restons là, pantelants, tandis que derrière le rideau se laissent encore apercevoir quelques remuements et entendre quleques voix, jusqu'à ce qu'apparaissent le débonnaire montreur et son aide se dirigeant vers la sortie du parc, puisqu'on nous passe notre paletot sur les épaules en parlant doucement, maternellement - car cette même déception, celui ou celle qui nous accompagne l'ont ressenti à leur heure. Aussi, marchant mécaniquement, éternels enfants tenus par la main, nous contemplons se détachant sur le ciel blanc du crépuscule d'automne les dentelures innombrables des feuillages jaunissant du parc..."
J'ajouterais pour les amateurs de petits carnets, que dans le genre, ceux de Paul Auster sont pas mal non plus, voir The red notebook (le carnet rouge pour la version française).
09 novembre 2007
Un enfant à New York, adagio suivi d'un scherzo
A travers la vie d'un enfant prodige, Claude Rawlings, le lecteur redécouvre l'histoire du monde entre 1940 et 1960, mais aussi l'histoire de New York ville en pleine mutation, l'histoire des sciences, du cinéma et celle de la musique, et cela sans sécheresse, sans raideur, mais tout en délicatesse.
"Sa première vision sur l'extérieur était le soupirail en forme d'éventail de l'appartement en sous-sol. Il grimpait sur la table et passait des heures à examiner derrière les barreaux le va-et-vient des passants sur le trottoir, son âme d'enfant captivée par la contemplation des rythmes et des cadences, toujours différents, des jambes et des pieds qui traversaint son cham p de vision..." Tout débute là. Claude vit dans la cave d'un immeuble avec une mère dépressive et folle, accessoirement chauffeuse de taxi. Alors qu'il est maigrelet, qu'il ne comprend pas au juste la guerre, les communistes,... (et ce malgré les montagnes de journaux que ramène sa mère quotidiennement), il se penche un jour sur un piano et sa vie en est transformée. Il va se lancer dans une collecte de toutes les petites pièces de monnaie qui trainent sur les trottoirs de New York pour se payer des leçons de piano chez Monsieur Weisfeld, le propriétaire du magasin d'instruments de musique du quartier. Monsieur Weisfeld va transformer sa vie, lui apprendre les notes, les sons, l'harmonie, mais bien au-delà il va lui enseigner l'écoute, la quête, la curiosité, et bien d'autres choses encore. Commence ensuite une grande aventure, de professeur en professeur, de concerto en boogie, qui résonne en nous pages après pages avec douceur et émotion jusqu'au bout. De la petite boutique new yorkaise jusqu'aux salles de concert les plus mythiques, la vie de Claude va s'accélérer, entre amour et peine, surprise et désillusion.
Vous me direz: roman d'éducation banal, long, ennuyeux? Pas du tout. Entre les pages, Conroy glisse des perles, en jettant un regard tantôt ironique tantôt moqueur sur son époque. Il y a par exemple la description que fait Claude des films par catégories! "Westerns = ne pas s'approcher d'un bivouac sans s'annoncer de loin. Ne pas tirer sur un homme désarmé, ne pas tirer dans le dos, ne pas voler un cheval", "Films de guerre = La démocratie vaut qu'on meure pour elle. Les allemands sont intelligents, arrogants et sadiques. Les japonais sont traitres." "Film de gangster = le crime ne paie pas. La police est bonne à moins qu'elle ne soit corrompue", et j'en passe... C'est lapidaire et si bien écrit. Et puis, sans qu'on s'en rende compte, quelques pages plus loin nous sommes au pays de la physique, de la relativité, et Claude se perd dans une grande discussion avec son meilleur ami sur la chute des corps... Tout ça, sans vanité, mais avec justesse et style. En plus, une teinte de mystère accompagne le roman: qui sont les personnages que la mère de Claude transporte la nuit secrètement? Qui est le vrai père de Claude? Que cache le passé secret de Monsieur Weisfeld? mais ça, je ne vous le dirai pas, pour ne pas vous gâcher le plaisir de découvrir ce livre fort touchant... Certainement un de mes coups de coeur littéraire de l'automne.
26 octobre 2007
Mordant!
Je comprends qu'il fasse des accro! Suspense, réalisme, personnages très convaincants! Un peu du Fred Vargas quoi... à une grosse exception près: il faudrait mettre un carré blanc sur la couverture. Que de violences décrites avec minutie. Et c'est dommage. Car en sombrant dans la délectation du sadique monomaniaque, et bien il impose aux lecteurs des pages dont on se passerait volontier!
Je me sens mordue, difficile de ne pas courrir acheter la suite des aventures de Mike Blomquist et de Lisbeth, son assistante hors norme. Mais sous le coup des morsures du Tome I, dure de retourner dans cette violence gratuite et sordide... malgré le talent manifeste de Larsson.
Donc à lire, mais pour les coeurs bien accrochés.
Et à ceux qui voudraient savoir si un tome IV est en cours: Larsson a succombé d'une attaque cardiaque juste après avoir remis le manuscrit du tome III. De quoi rendre la trilogie encore plus mythique!
17 octobre 2007
Quand la télé surgit dans le roman...
Saga de T. Benacquista nous emmène dans les décors de la création d'une série à succès. Nous suivons les scénaristes, hommes et femmes de l'ombre, sensés faire n'importe quoi, pourvu que ça occupe les ménagères et coute peu cher! Oh surprise, la série TV de nos pommés du PAF prend une ampleur inattendue, au vue de son succcès médiatique... Que vont devenir les personnages de la série et leurs créateurs? Avis aux amateurs de bonnes séries télé qui ont envie de plonger avec humour et sarcasme dans les coulisses de leur passion.
Plus récemment, Pour le meilleur et pour l'empire de J. Hawes nous plonge cette fois-ci en pleine télé réalité. L'objectif de nos candidats: survivre dans une jungle pour gagner deux milions de livres. Satirique et complètement déjanté! Ce roman plaira à tous les amateurs des Monty Python!
Avec tout ça, il vous reste encore à décider de votre programme du soir...
11 octobre 2007
Du roman au conte philosophique?
C'est un roman bien sûr, ou plutôt une "chronique" un peu du genre La Peste de Camus, sauf que là, c'est l'histoire de fèves qui une fois avalées permettent d'augmenter les chances d'accoucher d'un garçon. D'une légende, nous glissons peu à peu dans le cauchemard, d'une société qui sans s'en rendre compte, se prive d'un avenir. Alors roman d'anticipation ou conte philosophique? Chacun sa lecture. Il y a la lecture du démographe qui peut trouver dans ce récit des arguments de taille pour démontrer l'importance de sa science. Il y a la lecture du sociologue qui peut étudier comment se comportent les groupes humains privés de futurs. Il y a la lecture du géographe, qui pourra analyser les contrastes nord sud... et puis il y a les lecteurs du dimanche, qui pourront apprécier le style d'A. Maalouf et les mots doux d'un père à sa fille Béatrice.
Alors merci à Zsuzsana pour ce beau cadeau.
Et pour vous, une petite citation extraite du livre, à méditer pour rester vigilants dans notre monde moderne:
"Que de fois je me suis demandé comment nous en étions arrivés là. Dans les pages qui précèdent, j'ai aligné des évènements, des impressions, des apparences de cause. Alors que je m'apprête à quitter la scène, sans hâte mais sans regret, je me sens toujours incapable de dire si, à un moment quelconque, le cours du destin aurait pu être détourné, et ramené dans un sens plus conforme aux rêves des hommes. J'ai beau relire mon témoignage, et tant d'autres textes de ces dernières années, ma perplexité demeure, parfois obsédante. Tout ce qui est arrivé était-il donc inévitable?"
03 octobre 2007
Protection de la langue
Il y repertorie tous les usages de la langue qui la cabosse, la torde, pour le pire et non pour le meilleur et propose des solutions pour bien écrire... Par exemple, il suggère une méthode toute simple mais qui fait ses preuves. En voici les étapes.
Tout d'abord, ne pas se jeter sur son clavier ou son stylo pour écrire son email ou sa lettre à chaud, mais PENSER à ce que l'on veut écrire. Puis ORGANISER sa pensée. (Par quoi vaut-il mieux que je commence? Comment conclure pour que mon message soit remarqué et porte à sa juste valeur). Ensuite ECRIRE d'une traitre, se lâcher! Mais ne cliquez pas tout de suite sur envoyer, ne fermez pas l'enveloppe. RELISEZ attentivement, et retirez le superflux, le trop plein...
Tout bête, oui mais... Combien d'entre nous avons déjà perdu l'occasion d'avoir un bon poste ou perdu l'occasion de concquérir un coeur convoité, par manque de style et de justesse dans le propos... Parce que le SMS envoyé en français massacré avait écoeuré un coeur à prendre, parce qu'à la troisième fautes d'orthographe du CV non relu, le recruteur avait laissé tomber?
Bien écrire, c'est déjà respecter l'autre, lui montrer notre attention. Ecrire les mots justes, les mots qui charment ou font rire, c'est déjà un cadeau. Trouver une métaphore à vous, au lieu de reprendre à votre plume l'expression stéréotypée lue 15 fois dans les médias. Ponctuer vos phrases avec soin, pour laisser respirer l'autre ou l'emporter au loin. A chacun ses mots, son style... Et pourquoi pas aussi enrichir votre vocabulaire de mots nouveaux. Pourquoi pas des "subtiles", au lieu des "remarquables", des "émoustillants" au lieu des "drôles",...
Et puis, si vous y ajoutez un beau papier, un beau timbre, une belle police d'imprimerie, des couleurs... qui sait, vos écrits pourraient ouvrir des portes dont vous ne connaissiez pas encore l'existence jusqu'alors.
30 septembre 2007
Petit génie vous invite à la physique des catastrophes
"Dad always said a person must have a magnificent reason for writing out his or her life story and expecting anyone to read it. 'Unless your name is something along the lines of Mozart, Matisse, Churchill, Che Guevara or Bond - James Bond - you best spend your free time finger painting or playing shuffleboard, for no one, with the exception of your flabby armed mother with stiff hair and a mashed-potato way of looking at you, will want to hear the particulars of your pitiable existence.' (...) Given such parameters, I always assumed I would not have my magnificient reason until I was at least seventy, with liver spots, rheumatism, wit as quick as a carving knife, a squat stucco house in Avignon (where I could be found eating 365 cheeses), a lover twenty years my junior who worked in the fields and with any luck, a small triumph of science or philsophy to my name. And yet the decision (...) came much sooner that I ever imagined" et c'est tant mieux pour nous!!!!
Quel premier roman! Plein de créativité, de références, de sarcasmes (sur le fait d'avoir autant de références, notamment). Une héroine super attachante, Blue, qui suit son père de ville en ville, suite au décès de sa mère, afin que celui-ci puisse enseigner ses théories à toutes les mauvaises universités peu connues du fin fond des Etats-Unis. Un style percutant! Pessl excelle dans l'art de faire des analogies, de jouer des parallèles et des métaphores (ce qui fait qu'elle multiplie un peu les parenthèses, mais lisez-les attentivements, car elles abritent des perles!)
Donc, une vraie histoire qui emporte, une enigme policière, des personnages louches, mais aussi attendrissants, une jolie couverture, un beau titre, un roman d'éducation à la Harry Potter, qui suit le rythme scolaire d'un ado, une réflexion sur le rapport père fille... Bref, ça bouillonne!
Et une grande originalité dans la forme qui ne gâche rien: Pessl se moque du thésard, de l'universitaire qui inclut toujours une bibliographie, des références d'auteurs, qui s'appuie sur ses diapositives power point comme un viellard à sa canne, et puis, je ne devrais peut-être pas vous le dire mais le roman inclut même un examen final!!!!! SI SI!!!! Bon ne vous inquiétez pas, il est tout à fait faisable!!!
Enfin, j'ajouterais que ce roman donne envie de voir des vieux films, de lire des classiques, et d'écrire... alors ça vaut bien les quelques euros et les 670 pages, qu'on ne voit pas passer!
19 septembre 2007
Livre de chevet
C'est un bijou, presque trop beau pour être vrai... pourtant on peut le porter au creux de soi tous les jours.
Finement simple et simplement tortueux, Pessoa nous embarque dans son aventure très impressioniste de comptable de l'existence, au milieur du néant, de la beauté et de la douleur. Ce journal intime nous conduit dans des réflexions métaphysiques au milieu de détails simples du quotidien.
Pessoa, un personnage à part entière. Né au Portugal, il a composé une oeuvre magistrale sous différents noms ou devrais-je dire "hétéronymes" pour faire plus littéraire! Du genre: Alberto Caeiro, Ricardo Reis, Alvaro de Campos, etc. Bernardo Soares est le nom sous lequel il a écrit le Livre de l'intranquilité. Il dira qu'il est l'hétéronyme dont il se sent le plus proche... Donc ce n'est pas tout à fait un journal. C'est le journal d'un partie de Pessoa... Ne sommes-nous pas tous multiple?
Difficile de vous en choisir un morceau, tant ils sont nombreux à être éblouissants...
En guise d'introduction, je vous copie donc cette lettre:
14 Mars 1916
"Je vous écris aujourd'hui, poussé par un besoin sentimental - un désir aigu et douloureux de vous parler. Comme on peut le déduire facilement, je n'ai rien à vous dire. seulement ceci - que je me trouve aujourd'hui au fond d'une dépression sans fond. L'absurdité de l'expression parlera pour moi.
Je suis dans un de ces jours où je n'ai jamais eu d'avenir. Il n'y a qu'un présent immobile, encerclé d'un mur d'angoisse. La rive d'en face du fleuve n'est jamais, puisqu'elle se trouve en face, la rive de ce côté-ci; c'est là toute la raison de mes souffrances. Il est des bateaux qui aborderont à bien des ports, mais aucun n'abordera à celui où la vie cesse de faire souffrir, et il n'est pas de quai où l'on puisse oublier. Tout cela s'est passé voici bien longtemps, mais ma tristesse est plus ancienne encore.
En ces jours de l'âme comme celui que je vis aujourd'hui, je sens avec toute la conscience de mon corps, combien je suis l'enfant douloureux malmené par la vie. On m'a mis dans un coin, d'où j'entends les autres jouer. Je sens dans mes mains le jouet cassé qu'on m'a donné, ironiquement, un jouet de fer blanc. Aujourd'hui 14 mars à 11H du soir, voilà toute la saveur, voilà toute la valeur de ma vie.
Dans le jardin que j'aperçois, par les fenêtres silencieuses de mon incarcération, on a lancé toutes les balançoires par dessus les branches, d'où elles pendent maintenant. Elles sont enroulées tout là haut. Ainsi l'idée d'une fuite imaginaire ne peut même pas s'aider des balançoires pour me faire passer le temps.
Tel est plus ou moins, mais sans style mon état d'âme en ce moment...."
11 septembre 2007
L'ombre de nos lectures
Un jour, un petit garçon est emmené par son père au cimetière des livres. C'est un lieu mystérieux, où l'on peut prendre un livre de son choix afin de le garder en vie. Mais cela doit rester un secret. C'est alors que ce livre sorti de l'oubli va changer la vie du jeune homme qui l'a choisi et le conduire sur un parcours initiatique, où il croisera l'amour, la peur, la mort, l'envie, le doute, l'amitié, etc. Quelle place donnera-t-il au livre? Sera-t-il en faire quelque chose de grand, de beau? Ou se trompe-t-il en se plongeant dans le fantastique du roman?
Derrière une saga, toute une réflexion sur la littérature...
Ce livre est à conseiller à tout ceux qui veulent découvrir des romans espagnols mais aussi aux amateurs d'histoires à suspense construites en poupées russes.
Et puis si vous ne le lisez pas, gardez tout de même cette idée en tête: Les livres ne sont rien sans nous. Ils dorment ou meurent sur des étagère. Mais si on les ouvre, qu'on leur donne une chance, ils peuvent tout.
05 septembre 2007
Une moitié...
Quand on remue ces cailloux au fond de sa poche, un sentiment se dégage: celui de la mélancolie ("Hüzün" en version originale dans le texte). C'est un sentiment singulier, spécifique au lieu et à l'homme semble-t-il. Un sentiment qui peut être explique son devenir écrivain?
Par sa forme, ce livre me rappelle ceux de T. Terzani (voir rubrique "Témoignages"). En effet, Ohran Pamuk lui aussi joint au texte de magnifiques clichés en noir et blanc qui illustrent son récit. Ses photographies sont à la fois intimistes et archives d'une société qui s'effrite, à l'image des façades qu'on devinnent en arrière plan.
Un livre à ouvrir avant ou après un voyage en Turquie. Un livre à ouvrir pour les curieux de témoignages humains et géographiques. Un livre à ouvrir pour les collectionneurs de cailloux mélancoliques.
30 août 2007
Sensations d'été
C'est l'histoire d'un compositeur. Et je préfère ne pas trop vous en dire plus en fait, pour vous laisser la fraicheur de vous plonger dans son style et dans ces quelques pages qui se dégustent très vite... presque trop vite (110 pages). Juste un petit bonbon, quoi. Ou une gorgée d'un bon thé. C'est selon. Quelque chose qui vous laisse un bon goût dans la bouche.
J'aime la façon dont Christian Gailly décrit les scènes en nous glissant tantôt dans la foule, comme observant un film, guettant son héros au milieu de l'humain massif, tantôt dans l'esprit du personnage: "On voit des gens de dos qui marchent sur un quai en plein soleil. Paul n'est pas parmi eux. Où est-il? Il est peut-être resté dans le train. Terminus. Tout le monde descend. Pas lui. Si. Il est là. Le voilà. On le voit." puis quelques lignes plus loin"Peur du vide. Vertige. Parallèles qui soit disant se joignent à l'infini. Rail, Lame, lignes." En plein dans la tête de Paul, et de sa méditation face au rail... Mais ce roman ne parle pas de gare. Non, il parle d'humanité et de musique. Il parle d'instants partagés ou pas. Il parle d'amour. Et c'est un doux rayon de soleil sur la peau...
Un soleil de fin Août...
Un petit bonheur...
17 août 2007
Voyage en Russie
Premier immanquable: Le maître et Marguerite, de Boulgakov. C'est aussi fort, hallucinant et déjanté qu'un tableau de Chagall. C'est considéré comme étant un des chefs d'oeuvre incontestable de la littérature sovietique. Pour la petite histoire, Mikhail Boulgakov a mis une dizaine d'années à l'écrire et il n'a été publié qu'au dégel (après la mort de Staline). Lors du voyage, je suis passée par l'étang où débute le Maître et Marguerie, avec l'apparition du diable en personne (si si!)... Et j'ai photographié la porte du café Marguerite dédié à Boulgakov et très à l'image du roman, avec le mélange des histoires, la folie des personnages, l'humour désabusé...
Autres chefs d'oeuvres: les pavés de Tolstoi! A Moscou, j'ai visité sa maison, et j'ai vu son bureau... Ca m'a vraiment donné envie de le lire attentivement, pour faire coller le cadre aux lignes!
01 août 2007
Le dernier...
On y retrouve le ton Harry Potter, les mots magiques Harry Potter, les baguettes, chouettes et autres instruments du nécessaire de la bonne sorcière! On rit, on pleure, et on remercie Rowling de nous avoir fait rêver, jusqu'au bout... mais aussi de transmettre de nobles valeurs aux enfants à travers son récit fantastique.
Alors pour les "accro", savourez-bien, et pour les autres... Un jour, peut-être vous tomberez dans la potion magique... ou vous la partagerez avec des plus petits que vous!
En tout cas, qui laisse entrer dans sa vie un peu de magie, est sûrement ouvert à l'autre, à la surprise, à ses intuitions et ses envies profondes! Cet été, transformez-vous, transfigurez les autres, faites apparaître vos souhaits et donnez leur forme vivante, concocter vous des petits jus de bonheur, observez les étoiles en bonnes compagnies, et faites face aux défis de demain... qui sait des étincelles pourraient laisser place au mystère!
Et sinon, cliquez ici pour plus amples contacts avec Harry Potter et ses amis!
25 juillet 2007
Trio Chilien
C'est l'histoire de Théo, un étudiant anglais fan de sociologie, qui tombe amoureux de Clara, grande amie de son meileur ami chilien Antonio... Et oui l'histoire est vieille comme le monde, deux hommes amoureux silencieux de la même femme, vous vous en doutez... Et pourtant, le style de Carla Guelfenbein, la construction du roman qui mêle habilement les points de vue, et surtout l'arrière fond politique et sociale (dictature au chili, et retour à la démocratie) donnent au roman une fraicheur, un ton différent, et un suspense prenant.
C'est un livre sur l'ambiguité des sentiments, sur la loyauté, sur l'honneur, et sur la fidélité. C'est bien sûr un livre sur l'amitié et sur l'amour. Mais pour moi, c'est aussi un livre sur "l'instant", ce qu'il enferme de notre passé et de notre futur. Ce qu'il irradie dans le moment présent, ce qu'on en garde ou qu'on oublie.
10 juillet 2007
Doremifasolasido
Sur la couverture, on peut y lire: Ma vie avec mozart, et un nom d'auteur en forme de signature: Eric-Emmanuel Schmitt.
C'est comme une confession, un journal intime, sous la forme de lettres à un ami presque imaginaire, mais pas tout à fait, puisque vous l'aurez compris il s'agit du grand MOZART.
On retire de cette lecture, l'envie d'écouter du Mozart bien sûr, mais surtout de la musique classique en général: Attention, pas en passant, pas par distraction, mais vraiment écouter les yeux fermés, et s'envoler peu à peu ailleurs.
Ce livre renferme aussi de sublimes pages sur l'enfance, écrites dans un style simple mais étincellant.
Merci donc à Stéphanie pour ce beau cadeau.
J'écoute le CD du livre en boucle en ce moment. Et j'ai même été recherchée mon premier CD reçu à 12 ans: Les concertos pour violon 4 et 5 de Mozart. Du bonheur!!!!
Alors si vous avez besoin de vous relaxer pendant les vacances, voici ma prescription:
Quelques minutes de Mozart, quelques pages de Schmitt (à renouveler dès que la fatigue réappartait...)
03 juillet 2007
BD en action!
Parmi mes préférées figure PERSEPOLIS. Une histoire de l'Iran revue et corrigée par la perspicace et sensible M. Satrapi. A lire sans modération ou à regarder depuis peu sur vos écrans! Je viens d'aller voir Persepolis au cinéma! Extra!!!!
Et puis, pour ceux qui préfèrent la couleur au noir et blanc, je recommande une autre B.D.: Le photographe (E. Guibert et D. Lefevre). Cette fois, c'est un voyage pour le Pakistan et l'Afghanistan, en photo et en dessins, histoire d'accompagner une caravane de MSF qui passe la frontière entre ces deux pays pour aller mettre en place un hopital de fortune... Non seulement ce livre est une oevure d'art, mais il est aussi un témoignage très fort sur les changements géopolitiques qui bousculent notre petit monde moderne... En trois volumes, vous serez plongés dans les montagnes arides, au milieu de la souffrance, de l'extremisme, mais aussi au centre d'une très forte solidarité de la misère... A lire absolumment, si vous vous intéressez à l'humanitaire, au développement, et au sort de cette région agitée.
Enfin pour finir sur une note plus légère: deux séries de B.D. à découvrir pour rire et se détendre!
-Le combat ordinaire (Larcenet)
-Le retour à la terre (Larcenet, Ferri)
25 juin 2007
Bien peu de choses...
"Il leur semblerait parfois qu'une vie entière pourrait harmonieusement s'écouler entre ces murs couverts de livres, entre ces objets si parfaitement domestiqués qu'ils auraient fini par les croire de tout temps créés à leur unique usage, entre ces choses belles et simples, douces, lumineuses."
Parfois ces personnages sont beaux bobo... Parfois ils nous semblent nous miroiter et cela même si le livre a maintenant 40 ans. Visionnaire ce Perec!
En fait, ce roman est une vraie analyse sociologique à deux niveaux. Perec fait une analyse sociologique du mode de vie des personnages, à travers l'étude de leur comportement... Et les personnages ont un métier: socio enquêteurs... Amusant non?
Un roman à recommander à tout ceux qui font de la pub ou du marketing, à tout ceux qui font de la socio et veulent garder un regard critique sur le monde.
15 juin 2007
Nemo
Mais c'est aussi des paroles humaines et sensibles, celles de PENNAC, grands connaisseurs des rues et ruelles de Belleville... et donc des pochoirs de NEMO qui s'y promènent!
Ca s'appelle tout simplement Nemo par Pennac.
C'est avant tout l'histoire d'un père, qui racontait des histoires à son fils avant qu'il ne s'endorme, et qui dessinait la nuit secrètement la suite de l'histoire en pochoir sur les murs du quartier, pour rendre le trajet vers l'école moins pénible pour le petit.
C'est donc un livre qui dégage de la tendresse, du rêve, de l'enfance. Un livre qui donne envie de rester léger et créatif.
C'est aussi un livre qui donne envie d'aller marcher dans Paris, pour aller voir les pochoirs par soi même...
Enfin c'est un livre qui donne envie de se replonger dans les Pennac: La fée carabine, La petite marchande de prose, Monsieur Malaussène, Merci, Le dictateur et le hamac. Que de bons moments passés! Si vous ne connaissez pas encore Pennac, vous avez bien de la chance car vous allez pouvoir découvrir un style populaire hors du commun, une saga familiale hors norme, et tout ça dans un belleville où planne du suspense... la police... (Mais que fait la police?) au milieu des odeurs de couscous, des photos de Clara, des égarements de Thérèse, et des cris du petit...
Bon, amis lecteurs, tu ne regretteras pas cette excursion dans les pensées farfelues de Pennac et les images oniriques de Nemo...
11 juin 2007
Sans queue ni tête!
Ce sont de courtes histoires dignes des nouvelles de Mérimée, très étranges, toujours surprenantes, et qui ont le don de laisser une émotion méconnue sur les lèvres du lecteur.
Par exemple, vous suivrez les aventures d'un animal domestique étonnant: un homme en mignature. Vous rencontrerez une dame qui crée des mots liquides, solides ou gazeux (c'est ma nouvelle préférée du receuil!) Vous verez ce qui arrive à l'homme dont un Dieu ingrat interdit toute activité artistique, etc.
Son style repose sur des apositions signifiantes. Par exemple page 74: "J'aime toutes ces femmes, se disait-il. Il aimait essayer des chapeaux dans des magasins." En une phrase venue de je ne sais pas où, Aimee Bender décrit à merveille le rapport de son personnage à la gente féminine.
Elle a aussi le don pour le sarcasme: page 77 "Les planchers étaient bruns et brillants, les coussins sentimentaux, et les magazines jamais lus"
De temps en temps, on se croirait dans un film de Tim Burton, à cause du ton ironique sur la société américaine dont elle est issue, mais aussi parfois à travers des échos très marqués, comme dans la nouvelle où elle raconte l'histoire d'un jeune homme qui a des clés au lieu de doigts (Edouard aux mains d'argent n'est pas loin!)
Un livre rafraichissant pour tous les déjantés, les en-manque-d'extraordinaire. Attention cependant: Elle fait preuve d'une bonne dose de cruauté!
01 juin 2007
N'attendez plus...
C'est plein de poésie, le trait du dessin est élégant, et la leçon qu'on en tire est riche d'enseignement! Le texte est simple mais fort. Le fil rouge est porteur: on a envie de débobiner, de rembobiner, de démêler, de rattacher,...
Ce petit livre, c'est comme recevoir une lettre qui nous parle, nous fait sourire du coin des lèvres. Une lettre qu'on aurait envie de déguster et de garder précieusement, pour la relire de temps en temps.
16 mai 2007
Court et Cocasse
32 pages pour une chute étrange...
Une très belle couverture jaune orangée pour une petite aventure ordinaire qui tourne à l'étrange.
Un beau cadeau de Marie-Louise, merci de m'avoir fait découvrir cet auteur!
On n'a pas envie d'en dire plus, si ce n'est: surtout ne lisez pas la dernière page avant son heure!
Cette nouvelle a reçu le prix des Lecteurs du Salon du Livre d'Orthez 2006...
14 mai 2007
Et tout commença par l'oubli
Frédérique Deghelt, à travers son dernier roman, nous plonge dans une vie amoureuse trouble: la vie d'une femme, d'une épouse et d'une mère, qui a perdu le sens de son existence en oubliant ce que furent ses dernières années, celles qui ont suivi sa rencontre, son mariage et ses grossesses successives.
Dans La vie d'une autre, Frédérique Deghelt nous offre une réflexion sur le souvenir et l'oubli, sur la construction d'une vie de couple, sur nos rapports aux autres et à nous-même.
Ce n'est pas la première fois que des écrivains ou des scénaristes jouent sur les mystères de l'amnésie, mais c'est la première fois que l'amnésie sert à construire une analyse du couple et de ses fonctionnements.
Curieux roman que ce roman si frais, si ravigorant, si plein de vie et d'envie et cela malgré le doute, le vide et l'effacement. Beau roman qui nous emporte de pages en pages au fond de ce monologue intime.
Si vous avez aimé Alice Ferney ou Anna Gavalda, vous serez enchantés, j'en suis sûre!
Encore un beau succès pour cette collection d'actes sud "un endroit où aller". On ne se lasse plus de cette couverture douce, et de sa typo soignée.
07 mai 2007
Un petit tour du côté de Berlin...
Wladimir Kaminer est un émigré russe qui pose un regard neuf sur Berlin. Il a un ton nouveau, plein de cet humour russe du désespoir, un humour où tout est pris au pied de la lettre, et où les raisonnements n'aboutissent pas toujours comme on pourrait le penser a priori.
Il offre à notre regard les différents visages du Berlin, ville ouverte. Ce n'est pas "un train peut en cacher un autre", mais "une culture peut en cacher une autre", comme ces restaurants vietnamiens tenus par des chinois, ou ces restaurants russes tenus par des turcs, à moins que ce ne soit l'inverse. Ce qui compte c'est le mélange des genres, l'imprévu, les décalages.
Parallèlement Russendisko est aussi l'histoire de sa vie, l'histoire de sa famille, de ses amis, l'histoire de ses rencontres. Moitié artiste, moitié journaliste, il transforme son quotidien en des petits flash souvenirs, qui sont parfais de vraies épopées kafkaiennes...
De "comment sa mère a visité l'Europe en Bus", à "comment un célèbre médecin russe propose ses analyses sur Radio Multikulti", en passant par "les étranges conséquences que peut avoir le fait de rouler sans ceinture à Berlin"... vous ne vous ennuirez guère à suivre Wladimir Kaminer au détour des rues berlinoises ou au fin fond des méandres de sa mémoire!
26 avril 2007
Un chef d'oeuvre
Elle analyse dans une langue très percutante les liens qui peuvent se nouer au sein d'une famille. Il y a le père, disparu, peintre. Le fils ainé, le fils râté, dédaigné par sa mère, et le fils cadet, le génie, le grand artiste successeur du père. Il s'agit de célèbrer l'oeuvre du fils cadet lors d'une grande exposition... Mais peu à peu la tension monte. Le père resurgira-t-il? Les frères seront-ils affronter leur jalousie?
C'est rare d'avoir un tel personnage de mère cruelle dans un roman, et une telle émotion à lire l'histoire de la belle-fille... Je ne vous en dirais pas plus... mais le suspense monte tout seul au fil des pages.
Ce roman en trois partie est comme un opéra tragique, avec une ouverte pour entrer en matière, une deuxième partie où tout se noue, et un dénouement tant attendu sur lequel je ne dirai rien pour ne pas gâcher la lecture. Et tout est construit à l'aide de symbole, comme dans des rêves. Les poissons ont un rôle hors du commun par exemple. Ainsi que les petits gestes du quotidien qui trahissent, plus ou moins. On retrouve les non-dits, les actes manqués. C'est très étrange comme la psychologie est le moteur de toute l'action, et de toute la tension.
Alors, si vous voulez vous plonger dans les émotions, les tensions, et rejoindre les poissons de la première à la dernière page... ouvrez le chef d'oeuvre!
20 avril 2007
Book Crossing!
Des anonymes ont laissé des livres un peu partout, dans les trains, les cafés, les parcs, la semaine dernière, avec écrit dessus: "Je ne suis pas perdu, je suis libre". Ceci fait parti du mouvement actuel de BOOK CROSSING.
Des personnes amateurs de littérature libèrent dans la nature des livres, gratuitement. L'idée est alors de suivre le parcours du livre, grâce à internet.
Les "3 Règles" du BookCrossing...
- Lisez un bon livre
- Enregistrez le livre (avec vos commentaires) sur Bookcrossing.com et obtenez un code BCID unique (BookCrossing ID), puis collez-lui une étiquette avec ce numéro
- Relâchez le livre afin que quelqu’un le lise (donnez-le à un ami, laissez-le sur un banc public, dans un parc, faites-en don à une œuvre de bienfaisance, « oubliez-le » dans un café…), et soyez prévenus par e-mail chaque fois que quelqu’un vient enregistrer un commentaire sur ce livre ! Et si vous faites une Release Note (note de libération), d’autres pourront partir à sa recherche et tenter de le trouver.
Avis aux amateurs...
Et si vous venez de trouver un livre en France, allez sur: http://bookcrossingfrance.apinc.org/
Avec son numéro, vous pourrez en apprendre beaucoup sur son périple!
01 avril 2007
Une Sicile immaginaire?
A la différence des polars venus du nord, les policiers ne sont pas toujours les gentils! Et ça donne du piment à l'intrigue. Disons que Camilleri nous introduit vraiment dans les relations siciliennes de quartier, de famille, de fonctionnaires plus ou moins pourris, et tout ça dans une langue du coin très typique et soignée, dont le traducteur en français s'efforce de rendre compte au mieux.
Les personnages de Camilleri sont haut en couleur et en tempérament. Ils ne sont pas dupes du système et conservent une ironie salvatrice par les temps qui court.
Je vous conseille de commencer par Le Voleur de Goûter pour faire la connaissance du personnage récurrent des intrigues de Camilleri, le commissaire Montalbano, et de son village imaginaire le plus connu de Sicile, Vigata.
Même si Camilleri précise que tout est faux, le nom du village, les morts en pagaille, les histoires du coin, tout semble plus vrai que nature! C'est sûrement pour cela qu'il a besoin de préciser que toute ressemblance avec un lieu ou fait réel est tout à fait fortuite!
Sachez aussi que Camilleri a une deuxième passion: le roman historique. Personnellement, je n'ai pas encore essayé, mais s'ils sont à la hauteur de ses romans policiers, ça vaut sûrement le détour!
26 mars 2007
Un petit tour en russie...
Il y raconte comment le régime a laissé mourir ses soldats pour sauver la face, alors qu'il aurait pu les secourir à temps. Mais pas seulement! Il nous emporte en fait dans les méandres du stalinisme, puis dans le cynisme des années Poutine, comme pour mieux nous plonger en eau trouble, jusqu'à nous immerger complètement!
Ce ne fut pas une joie de lire ce roman, ce fut comme se perdre dans un long labyrinthe sombre et kafkaïen d'un sous-marin, sans oxygène. Cette immersion dans un monde qui affiche un dédain totale pour la personne humaine est rude. J'ai été choquée bien sûr par la cruauté dans la banalité, qui caractérise les régimes totalitaires, mais aussi par le fait que tout est marqué par un double language, pour survivre tout en donnant le change... ou pour s'afficher contre le régime tout en en bénéficiant. En fait, ce livre est assez proche d'un film que j'ai beaucoup aimé récemment: La vie des autres. Que ce soit les services de la RDA ou le KGB, on retrouve les mêmes mécanismes surnois, la même absurdité, la même machine!
En tout cas, le roman de Marc Dugain reste un puzzle très riche à observer, pour comprendre la dérive d'un régime et d'une idéologie, mais aussi les traces qu'ils laissent après leur chute.
Je pense que vous aimerez ce livre si vous vous intéresez à comprendre comment l'Histoire et l'intime se croisent. Vous aimerez aussi ce livre si vous préférez les dialogues percutants aux longues descriptions. Je pense que vous aimerez enfin ce livre si vous êtes curieux de savoir par quoi sont passés les Russes pour en arriver là où ils en sont aujourd'hui.
22 mars 2007
Un Jour(Nal) pas comme les autres!
On n'est pas habitué à trouver d'autres mots, d'autres expressions, que ceux des journalistes sur les pages de nos quotidiens. Tout d'un coup, on se retrouve face à un langague neuf. On entend un autre ton. Tout est altéré! Certains ont même parlé de Putsch littéraire! Alors, je me suis dit que ça valait bien un message un peu différent, le lendemain du printemps et la veille de l'ouverture du salon du livre au grand public!
Tout ça pour vous donner encore et toujours envie de lire...
Et puis ce soir, sur France 5, grande soirée du livre...
Ca me ferait presque regreter d'être en Belgique!!!
En tout cas profitez bien, ouvrez grand l'esprit, et inspirez! C'est pas tous les jours que la littérature passe furtivement au devant de la scène et nous salue bien bas!
13 mars 2007
Une hirondelle ne fait pas le printemps...
Je viens de refermer Les hirondelles de Kaboul, premier roman d'une trilogie écrite par un écrivain algérien: Yasmina Khadra. Sous ce pseudonyme féminin se cache en fait un militaire, qui depuis son Algérie natale écrit sur notre monde et ses dérives: En Afganisthan, en Palestine, puis en Irak pour le troisième tome.
Je dois dire que Les hirondelles de Kaboul est un livre marquant! Il mêle cruauté et poésie, comme il mélange amours et talibans... des mots qui ne riment pas entre eux.
J'ai trouvé très intéressant d'être plongé dans le quotidien de Kaboul à travers l'histoire de deux couples, un pauvre, un plus riche, mais qui tous deux traversent une crise existientielle liée au passage au pouvoir des talibans. Cela fait réfléchir aux évolutions des sociétés et des croyances, au rapport hommes-femmes, au mélange de l'intime et du social, bref, c'est une mine ce roman...
Pas seulement une mine de découverte, mais une mine explosive, qui je pense, ne laissera aucun lecteur indifférent!
27 février 2007
Pollars venus du froid, la suite!
Le personnage récurent de Mankell est l'inspecteur Wallander, un inspecteur très intuitif, parfois impulsif, mais qui sait sentir quand le monde lui échappe.
La richesse de Mankell est d'avoir pas mal vécu en Afrique, et de pouvoir mêler des univers parallèles, nordique ou africain, à l'image de la globalisation du crime et du terrorisme. Avec La muraille invisible, il nous offre un roman d'actualité autour de la protection des "infrastructures critiques". En effet, l'Union Européenne réfléchit depuis peu à comment se protéger d'attaques sur les réseaux d'électricité, d'eau, de gaz, etc. qui pourraient entrainer un blocage totale de nos sociétés. Il est intéressant de voir que Mankell y pense lui déjà depuis 1998!
J'en profite pour signaler aux fanatiques de polars, qu'il existe un site très bien pour se documenter sur les auteurs, les sorties, etc. Cliquer ici si ça vous intéresse!
24 février 2007
Objet Textuel Non Identifié
La couverture du livre que j'avais trouvé m'avait intriguée: un cheval blanc, dans une chambre blanche, avec un lit blanc, des feuilles blanches sur le bureau... et en blanc le titre et le nom de l'auteur...
Et là, je commence à lire les premières pages, et je me retrouve à observer les faits et gestes d'un homme âgé, qui n'a plus toute sa tête. Il s'appelle Mister Blank, Monsieur Page Blanche, en quelques sortes... Il est angoissé, il se sent enfermé, même s'il n'est pas sûr de cela, en fait il n'est sûr de rien! Est-il un personnage de roman enfermé en noir sur ces pages blanches?
On lui fait prendre des pillules, et il est filmé en permanence: Est-ce une allusion à nos sociétés modernes, pleines de consommateurs de médicaments et de vidéosurveillance?
Comme il n'a plus toute sa mémoire, il devient enquêteur! A chaque fois qu'un homme ou une femme passent la porte, il essaie d'en savoir plus. Et étrangement, les noms des personnages qui entrent et sortent me rappelle les personnages de la trilogie New Yorkaise, un des premier succès de Paul Auster. Est ce qu'il fait donc entrer d'autres êtres de papier dans ce roman mystificateur, êtres qui voyagent depuis leurs pages à eux, sur ces pages blanches nouvelles? Est ce un clin d'oeil à ses fidèles lecteurs, pour nous connecter d'une lecture à une autre, nous replonger dans son univers?
Mais peu à peu, on se rend compte que la principale occupation de Mister Blank est la lecture d'un manuscrit qu'il a trouvé sur la table de sa chambre: un texte qui parle de la guerre, et de comment on conduit des hommes à être convaincus qu'il faut faire une guerre contre des "Aliens", Ah! Donc ce serait bien une critique des Etats-Unis, et de la guere en Irak, à mots couverts?
Puis on retrouve l'infirmière qui vient laver Mister Blank: S'agirait-il donc de parler de la vieillesse, des maladies dégénératives?
Plus on avance, plus c'est vertigineux, plus on se trouve pris dans une mise en abîme: entre les ennemis inventés, les médicaments, le jeux sur les identités et les mots...
On n'en finit plus de se questionner, mais où nous emmène Paul Auster avec ce roman?
Mais ça je ne vous le dirais pas, bien sûr, pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte de cet auteur de grand style! Et pour ne pas vous gâcher la chute! Sûrement les deux pages les plus intéressantes après ce voyage troublant dans le scriptorium...
22 février 2007
Le Baleinié
Ils se sont amusés à trouver un nouveau nom commun ou verbe pour tous les tracas du quotidien qu'on connait tous sans pouvoir les nommer, faute de vocabulaire...
Ainsi, on peut trouver à la lettre B:
Boulbos: camion qui roule devant vous sur l'autoroute et vous masque systematiquement les paneaux d'indication!
un peu plus loin:
Jagun: langage à base d'indéfinitifs, de "ils" de "elles" de "on", pour éviter à avoir à dire "tu" ou "vous" à une personne
Kpètre: bandeau accrocheur qui vous a fait acheter un livre dont vous n'avez pas besoin
Plute: prix oublié sur un cadeau
à la lettre Z:
Zoupard: distance entre le ticket de péage et le bout des doigts tendus
et le mieux bien sûr sont les exemples qu'ils donnent comme dans un vrai dictionnaire, les sens figurés qu'ils ajoutent aux nouveaux mots! Bref, on se marre, et ça fait du bien de rire de ces petits tourments du quotidien, qu'on a tous connus un jour ou l'autre!
Pour les intéressés, les auteurs de ce désormmais célèbre dico, en ont fait une pièce de théâtre Xu, que je viens d'aller voir au Théâtre du Rond Point à Paris! Que du bonheur! Et il prévoit une tournée dans toute la France, donc renseignez-vous!
(Et si vous vous le demandez: Définition de Xu: Objet bien rangé, mais où?)
20 février 2007
Un petit tour en Islande...
C'était la première fois que je lisais un livre d'un islandais, et j'avoue que j'étais curieuse d'en découvrir un peu plus sur ce pays, cette culture, ces hommes du froid et du silence,... Et puis s'il existait un commissaire aussi charismatique qu'Adamsberg, je ne voulais pas manquer ça! (voir libellé: Polars, Message posté sur Fred Vargas pour ceux qui n'ont pas encore eu la chance de découvrir la magie de cette romacière et de son célèbre enquêteur!)
Je n'ai pas été déçue du voyage!
Tout commence par la découverte d'un cadavre, classique, mais tout continue d'une façon beaucoup moins classique, avec la découverte d'organes manquantes, d'une mystérieuse maladie génétique, bref je ne vous en dit pas plus! On en apprend du coup pas mal sur les dernières lois d'éthique et de médecine en vigueur en Islande, tout en étant plongé dans une enigme qui mêle le plus noir au plus humain!
Je pense que tous les amoureux de Fred Vargas seront heureux de découvrir qu'elle a de dignes héritiers, ici ou là!
Alors, avis aux amateurs! L'inspecteur Erlendur vous attend, avec un cadavre sur les bras, un parapluie mouillé, et une mystérieuse douleur à la poitrine qui va et vient...
17 février 2007
Une autre version du monde...
D'abord, car l'histoire est très bien montée, pleine de suspense et de rebondissements. Ensuite, car ce livre fait voyager en terres peu connues (Revkjavik, Cordoba, Krasnoiarsk) mais aussi dans le temps, un temps d'une histoire chaque jour recomposée, par une équipe de jeunes talents d'une multinationale du mensonge, chargés de remanier le passé au jour le jour, mais dans quel but? Le mystère règne!
Alors pas à pas, Antoine Bello interroge les liens entre le vrai et le faux, entre la fiction et l'actualité qui la dépasse parfois (pensons aux fameuses armes de destruction massive en Irak, etc.) Il offre ainsi une réflexion sur les média, sur les sources historiques et digitales, sur le rôle des écrivains, des chercheurs, et des membres d'organisations internationales.
C'est aussi un roman d'initiation, car le héros du livre apprend à devenir un bon falsificateur, un peu comme si Antoine Bello voulait nous donner des pistes pour devenir soit un très bon romancier, soit un très bon homme politique, qui sait!
C'est aussi un roman qui nous interroge sur nos choix de pensée: qu'est on prêt à croire? Pourquoi pensons-nous ce que nous pensons? Jusqu'où serions nous prêt à aller pour défendre une cause? Jusqu'où acceptons nous de travailler pour des organisations dont nous ne connaissons pas vraiment clairement les buts?
En tout cas, ce roman offre une vision du monde moderne assez juste, je trouve, malgré le risque certain de tomber de nouveau dans la théorie du complot, on nous cache tout, on nous dit rien!
Je pense que tous les amateurs de John Le Carré ou de Mark Burnell seront comblés! Touche anglosaxone du détail qui tue et qui emporte, double vie, secret! Quant aux autres, ils pourront découvrir le roman d'espionnage ou thriller avec en plus une touche de réflexion philosophique et historique qui donne à penser!
05 février 2007
Bien montée!
Chaque chapitre est le récit d'un mariage bourgeois, vu par un des participants: tour à tour petite fille d'honneur, prêtre, époux, belle-soeur, j'en passe et des meilleurs. On découvre tout ce que cette journée renferme, ou tout ce qui lui manque, page après page. On découvre les sourires, les grincements de dent, les chapeaux et les têtes à claque, les bleus au fleur et au coeur.
Alors si vous avez peur de vous ennuyer à un mariage, surtout ne vous inquiétez pas: lisez Une pièce montée et observez! Que du bonheur, ou presque!
29 janvier 2007
Grains de sable
En 105 pages, elle nous plonge dans le quotidien d'une jeune fille qui tente de se sentir exister, malgré l'ennui, le vide, le cynisme, et tout ce qui fait parfois les grains de sable de la vie.
Un soir, son regard se pose par hasard sur un vieil écrivain au Sablier, le bar d'à côté, et commencent alors des échanges écrits à travers des mots laissés par le vieil homme sur la table:
"il n'y a que le monde qui reste, il n'y a que le temps qui dure" ou encore "si l'on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande pièce serait la salle d'attente". Derrière ces échanges de papier, petit bout par petit bout, presque rien et pourtant tout. Un mystère.
Ce qui fait la beauté du style de Guellaty, c'est le mélange d'enfance et d'adulte désabusé: Ainsi ses pages font se croiser un monstre, qui sort très régulièrement de sous son lit, et qui la regarde sans bruit d'un air bête, et un chef au boulot qu'elle doit affronter tous les jours, et qui la regarde crument, d'un air avide.
A vous de renverser le sablier...
25 janvier 2007
Enigmes...
Par exemple, dans le Tableau du Maître Flamand de Perez-Reverte, on est face à un tableau qui représente une partie d'échec, et tout au long du roman, il s'agit de percer le mystère du tableau et de la partie, pour comprendre un meurtre. Le damier est d'ailleurs reproduit sur les pages, et on se retrouve donc lecteur face à des pions, à chercher ce que cela peut bien cacher. Fascinant comme ce mécanisme d'implication fonctionne. On cherche à devancer le narrateur.
Dans le même genre, je viens de finir l'Incontro de Vincenzo Cerami. Cette fois-ci, c'est un poème qui cache le mystère d'une disparition, celle d'un professeur de philosophie passionné d'énigmes et de devinettes! Le poème est bourré d'anagrammes, d'acrostiches, de jeux de mots, qui, si mit dans le bon ordre, permettent d'avancer! Pour la petite histoire, Vincenzo Cerami est un grand homme de la littérature italienne, mais aussi du théâtre et du cinéma italien. Ami de Benini, il a participé avec lui à l'écriture de La vie est belle. Et comme il partage tous les deux une vraie passion pour les devinettes et énigmes, ils l'ont introduite dans le film à travers ce soldat nazi qui vit dans son monde de devinettes, sans aider le pauvre Benini dans sa lutte.
Enigmes et devinettes... rien de nouveau sous le soleil (depuis le Sphinx jusqu'à nos jours), mais des bons moments au coin du feu, certainement!
22 janvier 2007
13 expériences littéraires!
Comme le dit très bien Murakami, à force de lire tous la même chose, on va finir par tous penser pareil...
En lisant le Guide Lonely Planet du VOYAGE EXPERIMENTAL (merci Claire et Jean-Phi!), j'ai alors eu une idée! Pourquoi pas proposer une autre façon de lire, comme ce guide propose si bien une autre façon de voyager... Voici donc 13 idées pour lire "out of the box"!
1. LECTURE GRAND MERE
Demander à la personne la plus âgée que vous connaissez, quels sont les livres qui l'ont le plus marqué dans sa vie, et à vos bibliothèques! En bonus, un super échange de génération! Et vous pourrez constater que d'une génération à l'autre ce ne sont pas du tout les mêmes auteurs qui semblent les "incontournables"!
2. LECTURE CINEPHILE
Lire les livres que lisent vos acteurs préférés dans vos vieux films préférés. Si, si, je vous jure, parfois on peut voir les titres, et se plonger dedans...
3. LECTURE AUDITIVE
Prenez quelqu'un dont vous aimez particulièrement la voix (Arditi, Dussolier, Pennac, etc.) et aller acheter les livres qu'ils lisent sur CD. Ca vous permet de les écouter en faisant la vaisselle, en conduisant, ou en rêvassant sur votre lit!
4.LECTURE ARTISTIQUE
Lire en faisant des dessins, photos, etc en rapport avec le roman en question!
5. LECTURE IMMERGEE
Aller lire le roman dans le lieu du roman (par exemple aller lire LUTETIA d'Assouline, dans le Hall de l'hotel Lutetia). Et puis, vous pouvez opter pour des lectures immergées aléatoire. Exemple: aller lire un roman, en dévorant un chapitre par station de métro (les sièges sont confortables, je vous promets!) ou un chapitre par café du quartier(là c'est à vous de voir, et c'est un peu plus onéreux!).
6. LECTURE FIL D'ARIANNE
Demander à votre voisin de palier ou de métro de vous conseiller un livre. Et si ce livre vous fait penser à quelqu'un, demandez lui de vous conseiller un livre, etc. Suivez le fil!
7.LECTURE ALEATOIRE
Prendre un mot que vous aimez beaucoup, et aller sur le site d'amazon ou de la fnac. Voyez s'il existe un roman qui contient ce mot dans le titre et lisez-le!
8. LECTURE HOMONYME
Lire un roman dont l'auteur à la même prénom ou nom que vous!
9. LECTURE TEMPORELLE
Plongez-vous dans une époque en lisant par exemple trois romans qui ont été écrits la même année (ex: l'année de votre naissance, l'année du mariage de vos parents, l'année où l'on a marché sur la lune, etc.)
10. TOUR DU LIVRE
Lire un roman par pays d'une zone du monde que vous aimez: exemple: un roman par pays d'afrique, un roman par pays d'Europe, etc. Vous pouvez même envisager un tour du monde! Il peut être intéressant aussi de lire trois romans différents qui se passent exactement dans une même ville (ex: Moscou, New-York, et ainsi vous faire une géographie personnelle des lieux!)
11. LECTURE ALPHABETIQUE
Vous pouvez commencer l'année 2007 par un livre d'un auteur dont le nom commence par A, puis ensuite enchainer avec un livre dont l'auteur commence par B. Au moins vous ne risquez pas de vous perdre dans la bibliothèque du quartier!
Sinon vous pouvez opter pour l'année Z, ou X... et faire tous les auteurs qui commencent par une lettre sur une année donnée! Vous deviendrez des experts!
12. LECTURE SELECTIVE
Vous pouvez décider de choisir le livre en fonction de sa dernière phrase...
ou prendre que des livres qui ont du bleu sur la couverture!
13. LECTURE A DEUX C EST ENCORE MIEUX
Vous achetez un roman en double exemplaire et vous le lisez en même temps que votre cher et tendre! C'est romantique, surtout si vous n'avez pas la chance d'être à ces côtés tous les soirs...
Voilà, si vous tentez une de ces expériences, surtout n'hésitez-pas à en faire part sur le BLOG en publiant des commentaires! Ca pourrait être intéressant de partager nos impressions!
Et puis bien sûr, cette liste est non-exhaustive! Si vous avez d'autres idées pour lire autrement, proposez-les en ligne!
17 janvier 2007
Haut comme trois pommes
C'est le pari du dernier roman de Nancy Huston, Lignes de faille: Présenter une critique de notre monde moderne, mais aussi son historique, à travers le regard cru et aiguisé de l'enfant, sur plusieurs générations. Elle en profite aussi pour montrer les déboires de l'éducation (l'enfant roi, l'enfant dévalorisé, etc.). Elle nous oblige à oublier notre regard blasé et à affronter l'horreur de la guerre, à portée d'oeil d'enfants. Par quelques scènettes, elle dresse les blessures, elle érige les incompréhensions, elle crie les non-dits.
Apparemment, elle a obtenu le prix Fémina pour ce roman, après moultes discussions houleuses... mais on passera là dessus. Elle qui publit aussi bien en anglais qu'en français (elle est canadienne et elle vit à Paris) ne se laissera sûrement pas impressionner par ces débats parisiens.
Sûrement un livre à conseiller pour sa structure à rebours, qui permet des jeux d'échos fort intéressants entre les générations, et pour l'originalité d'avoir un narrateur très jeune pas si innocent que ça!
A vous de trouver les failles entre les lignes...
06 janvier 2007
Palympsestes parisiens
Ainsi, on marche souvent dans les rues d'un Paris, qui est tout à la fois le Paris de la guerre, de l'après-guerre, des années 1960 et de maintenant. On poursuit des visages, sans savoir s'il s'agit d'une personne, ou d'un souvenir faussé par les couches de la mémoire.
On se sent proche de lui, de son vécu. Mais on se sent aussi porté par ses quêtes, par les coincidences de ses introspections.
Il vit avec le passé vivant. Chaque porte, chaque façade, évoque pour lui d'autres temps, d'autres réalités, et s'animent ainsi d'une vie oubliée, voire effacée.
On retrouve les questions liées à l'enfance et à ce qu'on en garde, mais aussi aux rencontres, aux hasards de la vie.
Je pense qu'il a raison quand il écrit que l'écrivain est en quelque sorte voyant. Il sait lire sous la couche écrite les couches perdues...
Enfin, un petit PS: Dora Bruder m'a été offert avec un autre livre qui n'a rien à voir, mais que je ne peux que trop vous recommander, si vous vous êtes plongés dans les Haikus ou dans la lecture de Soie (Cf. Messages précédents): Neige de Maxence Fermine. Une courte pause, et Maxence Fermince vous transporte ailleurs, à travers une fable asiatique qui donne envie d'être funambule dans sa vie et ses lectures.
Funambulez bien en 2007!