On a tous en tête l'histoire du Koursk, ce sous-marin nucléaire où périrent des jeunes russes, il y a quelques années. Marc Dugain, lui, en a fait un roman: Une exécution ordinaire.
Il y raconte comment le régime a laissé mourir ses soldats pour sauver la face, alors qu'il aurait pu les secourir à temps. Mais pas seulement! Il nous emporte en fait dans les méandres du stalinisme, puis dans le cynisme des années Poutine, comme pour mieux nous plonger en eau trouble, jusqu'à nous immerger complètement!
Ce ne fut pas une joie de lire ce roman, ce fut comme se perdre dans un long labyrinthe sombre et kafkaïen d'un sous-marin, sans oxygène. Cette immersion dans un monde qui affiche un dédain totale pour la personne humaine est rude. J'ai été choquée bien sûr par la cruauté dans la banalité, qui caractérise les régimes totalitaires, mais aussi par le fait que tout est marqué par un double language, pour survivre tout en donnant le change... ou pour s'afficher contre le régime tout en en bénéficiant. En fait, ce livre est assez proche d'un film que j'ai beaucoup aimé récemment: La vie des autres. Que ce soit les services de la RDA ou le KGB, on retrouve les mêmes mécanismes surnois, la même absurdité, la même machine!
En tout cas, le roman de Marc Dugain reste un puzzle très riche à observer, pour comprendre la dérive d'un régime et d'une idéologie, mais aussi les traces qu'ils laissent après leur chute.
Je pense que vous aimerez ce livre si vous vous intéresez à comprendre comment l'Histoire et l'intime se croisent. Vous aimerez aussi ce livre si vous préférez les dialogues percutants aux longues descriptions. Je pense que vous aimerez enfin ce livre si vous êtes curieux de savoir par quoi sont passés les Russes pour en arriver là où ils en sont aujourd'hui.
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