Littérature d'ici ou d'ailleurs: aujourd'hui littérature allemande!
Qu'il est doux de s'endormir le soir après quelques pages lues en allemand, ça berce, ça apaise, ça emporte. Et parmi mes plus belles découvertes, il y a Judith Hermann, aujourd'hui traduite en français:
Rien que des fantômes (
Nichts als Gespenster) et
Maison d'été, plus tard (
Sommerhaus, später).
Ses livres sont des recueils de nouvelles, pleines de mélancolie et de sensibilité, sur ce que rêver d'un ailleurs apporte.
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Y repenser, c'est comme réouvrir un vieil album de photo. Sur l'une d'elles, je vois un couple perdu au fin fond du désert du Nevada. Ils sont assis dans un pub à côté d'un homme du coin, qui leur sourit. L'homme a ce sourire de celui qui vient d'acheter pour la première fois des baskets format bébé, si petite, si mignonne, si fragile. Eux, ils sont surpris, ils écoutent. Un jour ils montreront la photo à leur enfant, un jour peut-être...
Et puis il y a cette photo d'un bleu soutenu, glacial, une photo d'Islande. Judith Hermann la fait voyager par courrier, la fait changer la vie d'un couple, lui fait prendre sens.
Toutes ces photos sont des panoramas tronqués où l'on ne peut que deviner les manques. La lumière y est toujours fragile, fugace.
Derrière toutes ces photos, on retrouve en négatif la solitude, la nostalgie, les voyages et les rêves ou illusions qu'ils construisent, les petits mots du quotidien pour dire l'impossible.
... Et en fond sonore, les dédicaces de Judith Hermann:
"Wouldn't it be nice
If we could live here
Make this the kind of place
where we belong"
"The doctor says, I'll be alright
But I'm feelin blue"
Tom Waits