12 février 2009

Une fenêtre au hasard




Un endroit où aller. Actes Sud. Une collection si émouvante derrière ses couvertures roses. Dernier lu du lot: Une fenêtre au hasard de Pia Petersen. Un livre fait pour ma rubrique Au féminin! Sans une seule seconde d'hésitation.


C'est l'histoire d'une fille très seule, standardiste, qui passe son temps à observer la fenêtre située en face de chez elle, tout en tentant d'écrire. Rien ne se passe, jusqu'au jour où quelqu'un emménage dans l'appartement vide qu'elle contemple.


"Ca fait longtemps maintenant que je m'assieds là, à mon bureau et que j'essaie de décrire la fenêtre d'en face. Trois ans. Trois ans que je recommence la même chose tous les jours, j'essaie de décrire la fenêtre en face et d'écrire quelque chose sur elle, des bricoles poétiques, peut-être, je n'en sais rien et je ne sais pas pourquoi. C'est comme ça, voilà tout. Elle est de l'autre côté de la rue. La fenêtre. La rue est étroite. La fenêtre est proche, juste en face, et parfois je me dis qu'il suffirait de tendre la main pour la toucher mais ce n'est pas vrai, elle est de l'autre côté de la rue, elle est trop loin et quand le temps est gris, je ne vois rien à l'intérieur, parce qu'elle est trop loin."


C'est un magnifique roman sur nos solitudes modernes, telles que révélées par les morts de la canicule, ou notre pratique intempestive de la télévision le soir, entre autres. C'est un livre urbain, où tout le monde se croise mais où personne ne sait rien des autres. C'est un livre sur le désir de tendresse. Un livre qui donne envie de ne pas passer à côté des gens. Et même de bannir ce mot: "les gens".


En le lisant, j'ai eu une pensée pour le film Rouge de Kieslowski, où l'on voit parfois l'héroïne croiser des voisins, des habitués du quartier, sans que jamais rien ne soit échangé. L'héroïne de Une fenêtre au hasard, comme Valentine, l'héroïne de Rouge, semble avoir une vie imaginaire. Et puis dans Rouge aussi, le personnage du juge à la retraite joué par Trintignant passe son temps à espionner les voisins.


Ce livre m'a aussi rappelé La conversation amoureuse d'Alice Ferney que j'avais tant aimée. Ces deux romans se ressemblent car ils sont chacun à leur manière des longs monologues intérieurs.


Pia Petersen est une écrivain danoise, qui a construit un paris du sensible dans Une fenêtre au hasard. Son univers comme son écriture est sans fioriture, méticuleuse.
Je conseille ce roman à ceux qui n'ont pas peur de la lenteur, des mots qui creusent le vide, le manque, l'absence.
Je recommande ce roman pour les longues après-midi d'été étouffantes, ou les soirées sans chauffage, c'est selon.
Un roman à lire si l'on veut regarder ses voisins autrement...

1 commentaire:

Stéphanie a dit…

Merci Cécile pour ton billet du matin plein de douceur qui donne envie de prendre un peu plus de temps pour observer ce qui se passe autour de nous...

Bonne journée,

Stéphanie