24 février 2009

A travers la vitre



Ma route a croisé Le boulevard Périphérique de Henry Bauchau, chez Actes Sud. J'ai été très émue et touchée par le justesse du propos de l'auteur. A nul instant celui-ci ne tombe dans la sensiblerie, et pourtant!


Il nous raconte les va-et-vient sur le périphérique d'un homme qui rend visite à sa belle fille à l'hopital jour après jour. Celle-ci se meurt d'un cancer, mais il faut garder l'espoir. Le serrer très fort. Lors de ces déplacements géographiques d'un bout à l'autre de Paris, le narrateur voit défiler bien plus que le paysage. Ce sont les années qui filent, que le trafic soit fluide ou bouché, que le RER remplace la voiture en panne ou pas. Il revit sa jeunesse, et surtout une amitié particulière qui l' a uni avec Stéphane, son compagnon d'alpinisme. On est alors transporté à l'époque de la seconde guerre mondiale et de la résistance.


On sent que ce roman est écrit par un psychanalyste qui guette les lapsus, les actes manqués, les regards complices, les gestes qui en disent long et loin au détour de nos carrefours du quotidien. Il est sans complaisance. C'est un texte construit autour de l'instrospection, des associations d'idées, des liens que l'on fait entre son histoire et son quotidien. Avec subtilité, le narrateur nous fait coller à son humeur, à ses mouvements de l'âme, au plus profond de l'intime.


Enfin, ce roman est une reflexion sur la mort, l'existence, et le sens que l'on veut bien donner à ces deux mystères. Ce roman nous plonge tour à tour dans l'ombre et la lumière, le bien et le mal. Tenues sont les frontières.


Henry Bauchau a eu le prix du livre Inter en 2008 pour Le boulevard périphérique. Et cela ne me surprend pas. Ce roman nous parle à nous, êtres singuliers, qui parfois assis dans le bus ou dans la voiture voyons passer à travers les reflets de la vitre bien plus que des images et des mots.

Je conseille ce livre emplis de sagesse à ceux qui sont en quête d'eux-mêmes et qui tentent de comprendre un brin de sens à ce qui nous échappe jour après jour.

Je recommande ce roman à ceux qui aiment lire des histoires liées à la seconde guerre mondiale, à l'occupation, à la résistance mais aussi aux amateurs de haute montagne, d'escalade, et de défis physiques.

Le boulevard périphérique est le roman d'un homme mûr, qui ne tourne pas en rond, mais nous invite à avancer avec lui au milieu des espaces intenses de nos intérieurs insondables.

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