14 novembre 2008

Je t'aime, moi non plus



Voici un roman fait pour la rubrique AU FEMININ! Adeptes de cette rubrique, vous allez l'aimer, je le sens! Son titre: Natures presque mortes de B. Smadja. Et tout est dans le presque!

C'est l'histoire d'un groupe d'amis, la trentaine, au sein duquel les amours et les amitiés se font et se défont. Entre faiblesses humaines et forces de l'espoir, les personnages tentent de tracer leur chemin malgré les coups durs et les surprises de la vie. Entre petites et grandes trahisons, entre coups de foudre et coups de blues, on s'attache. Juliette, Anaïs, Michel, Etienne nous surprennent et nous ressemblent tour á tour.

Ce qui est formidable lors de la lecture, c'est la forme de ce roman. A chaque chapitre, on change de personnage pour un tableau humain hors pair. Le titre de chaque chapitre pourrait coller pour celui d'une nature morte, pourtant B. Smadja nous parle bien des vivants: En vrac, et pour vous mettre en appétit on trouve: ''Réveil jaune sur table de chevet'', ''bouquet de roses rouges sur console'', ''panama blanc sur mur ocre'',... Mais ce n'est pas tout, en plus du titre, il y a toujours un sous-titre qui pose le décor. Celui-ci indique le fond sonore et la saison. Mais non sans humour et décalage. Du genre fond sonore ''France info'', ou saison: ''le printemps, mais pourri''

Ce qui fait aussi la richesse de l'écriture sont les commentaires des personnages sur la réception des mots et des phrases qu'ils entendent mais aussi des silences:
''Sa respiration est rauque. Il devrait cesser de fumer. Pendant une minute au moins, je compte les inspirations, les expirations, puis sa voix les interrompt.
- J'ai reçu une lettre d'Ariane de Tokyo. Je suis venu te le dire, c'est pour ça que je suis venu pour te le dire de vive voix, pas au téléphone, pas des mots sur une lettre. Elle attend un enfant,elle ne reviendra plus, elle est heureuse.
Je compte les mots de la dernière phrase: onze mots.''
Ou encore:
''- Juliette? Sono io. Je souhaiterais t'inviter á dîner. J'ai quelque chose d'important á te dire. Chez Marina á neuf heures et demi ce soir. Je t'embrasse.
Elle fait défiler le message plusieurs fois. Fabrizio commence tous ses messages téléphoniques de la même manière, par une interrogation sur son prénom comme s'il pouvait y avoir le moindre doute sur l'identité de Juliette, et il enchaîne par une affirmation que c'est bien lui qui parle, qui ne manque jamais de la faire sourire. La deuxième phrase l'enchante, elle est bien dans le style de Fabrizio, féru de courtoisie, du moins dans le langage. La troisième phrase, solennelle, la laisse perplexe, elle ne songe pas encore á ce qu'elle pourrait bien signifier.''


Un seul regret: C'est presque trop court!!! Arrivé page 110, on en voudrait encore!


Alors pour ceux qui voudraient continuer, vous pouvez vous tourner vers l'Ecole des Loisirs . B. Smadja y écrit pour les plus petits... ou continuer chez Actes sud, avec ses deux autres romans: Le jour de la finale ou le Jaune est sa couleur.

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