Je viens de refermer La souris bleue de Kate Atkinson (en V.O.: Case Histories). Cette auteur américaine nous y raconte l'histoire d'un détective, Jackson, face à différentes afffaires criminelles près de Cambridge. Tout tourne autour de dispartions mystérieuses et du devenir des êtres humains.
Les intrigues se mêlent d'une façon originale, ce qui rend la construction du roman assez piquante. On y suit une famille qui va être marquée à jamais par la disparition de la petite dernière, Olivia, trois ans... une nuit. On accompagne Théo, un père obèse, qui cherche à résoudre le mystère de l'assassinat de sa fille préférée, dans son cabinet d'avocat, un jour comme les autres... On cherche Tanya, la fille survivante d'un massacre familiale. A tout ça se mêle aussi la vie privé de Jackson... Bref, la souris bleue est un objet littéraire bien difficile à attraper, tant les fils courent en tous sens pour former un tissu multicolore à motif tantôt tordus tantôt simples.
Une chose est sûre, la grande qualité de ce roman est certainement le style de son auteur, surtout au début du récit, lorsqu'elle nous présente ses personnages: "Michelle faisait sonner son réveil cinq minutes plus tôt chaque jour. Ce matin, il avait sonné à cinq heures vingt. Demain ce serait cinq heures et quart. Elle voyait bien qu'elle allait devoir s'arrêter un jour si elle ne voulait pas se lever avant de ne s'être couchée. (...) Il lui aurait fallu plus de temps, elle n'en avait tout simplement pas assez. Elle n'avait pas trouvé d'autre moyen d'en trouver. Michelle essaya de concevoir une façon de fabriquer une chose aussi abstraite et ne put trouver que des exemples sortis de sa modeste économie domestique: tricot, couture, et cuisine. Imaginez qu'on puisse tricoter du temps. Bon Dieu. Ses aiguilles tricoteraient nuit et jour."
Quant à Laura, ça donne ça: "Laura, qui aimait les yaourts à l'abricot, buvait du thé et pas de café, qui chaussait du 40, adorait les chevaux, qui avait pris des leçons de guitare classique pendant cinq ans mais n'en jouait plus jamais, qui n'était pas encore remise de la mort de sa chienne Poppy, etc"
Une déception, cela dit pour reprendre l'image de la couture: Kate Atkinson détricote trop vite les affaires. Rien n'avance puis tout se résout d'un coup, comme par magie, tout est lié, tout s'explique, et d'une façon assez basse et banale finalement... Tout tourne autour d'une morale assez simple. Mais pour toutes les phrases faites main qui font sourire instantanément, pour toutes les références musicales, littéraires ou cinématographiques, et pour la magie d'une construction temporelle fort intéressante, on lui pardonne! Et on en redemande!
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