Il y a des moments où le désir de lire s'en va prendre l'air. Et l'on se retrouve face à des pavés, qui semblent bien trop lourds à tenir et bien trop inconfortables à regarder. Dans ces moments, il faut parfois les mots passionnés d'un ami pour un livre ou un petit cadeau surprise, pour nous remettre sur la voie des mots qui coulent et qui font du bien.
Pour moi, ce fut ces derniers jours Petit éloge de la douceur, de Stéphane Audeguy, qui m'a redonné l'envie de littérature. Et pourtant, c'était pas gagné! Stéphane Audeguy m'avait tout de suite intriguée quand était sorti son premier roman au titre enchanteur: La théorie des nuages. J'avais couru l'acheter. J'avais dégusté les premières pages. Avant que le livre ne me tombe des mains, et que je me sente comme dupée sur la marchandise! Cette expérience m'avait laissée un goût amer. Je m'étais dit que ce Monsieur Audeguy ne m'attraperait plus avec ces titres au 1000 miroirs, qui ne sont que mirages!
Et puis là, j'ai reçu Petit éloge de la douceur. Et pour vous dire, ce livre est à croquer! Il y a des bonbons en couverture, des couleurs pastels, un petit format, bref, on a envie de le manger! Et puis, le sujet m'a intéressée tout de suite: la douceur. J'ai l'impression qu'on vit dans un monde qui a effacé le concept! Est-on doux avec nous-même? Que reste-t-il de la douceur dans nos vies?
La première idée qui m'est venue ce sont les vêtements tout doux. Un pull tout doux... qu'on aime porter, ou contre lequel on aime se blottir. Et puis il y a la couette propre toute douce dans laquelle on se couche le soir. Ou encore une crème ou un savon tout doux sur la peau. Malgré tout ça, et comme le dit très bien la quatrième de couverture du livre, qu'il est difficile de parler de douceur sans s'entendre dire qu'on est niaivre, faible ou fleur bleue. Alors que la douceur, ça fait du bien! Si vous saviez!
Mais vous me direz, de quoi parle ce livre alors? Ce sont des petits textes sur l'architecture, le jazz, les jardins, la cuisine, qui cherchent à attrapper un bout de douceur. A voir pourquoi elle nous échappe. Pourquoi on la pietinne. Pourquoi on la retrouve. Ce qui m'a enchantée, c'est que ce livre m'a rappelé Barthes, et ses cours au collège de France, que j'aime tant écouter, et ré-écouter! J'ai l'impression que c'est presque un hommage que Stéphane Audeguy lui rend. Le même sens des mythologies modernes. Le même sens de l'humour ou de l'ironie sur notre monde. Le même amour des haikus. La même façon de tirer d'un geste quotidien une pensée qui traverse. C'est sûr, ces deux-là partagent bien des choses...
Allez, une petite douceur pour la route:
"Incorporels:
Certains esprits se délectent de paradoxes tels que celui-ci: si j'achète un vélo, et qu'en dix ans de temps je remplace, de loin en loin, chacunes des pièces qui le composent, ai-je changé de vélo? Il faut méditer sur le devenir doux des choses: que signifie grandir? ou verdir? ou mourir?"
Ce petit folio à deux euros (à prendre au premier sens du terme bien sûr!) plaira à tout ceux qui aiment les aphorismes, à tout ceux qui sont interpelés par les pensées de Barthes (voire même Nietzsche), et à ceux qui ont la curiosité des choses et des gestes.
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