05 mars 2008

Florence, le 5 Mars 2008: Cher vous,





Ce sont des lettres qui ne nous sont pas adressées mais qui nous parlent. Ce sont des lettres qui sont d'un autre siècle, mais qui n'ont pas jauni ni pris un gramme de poussière. Ce sont des lettres sans P.S. parce que tout est essentiel, tout est dit. Ce sont les lettres d'un voyageur, d'un européen... Je suis certaine que vous avez trouvé: ce sont les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke.



Je les conseille à tous ceux qui se cherchent et qui doutent. Tout ceux qui goutent la vie d'un oreille attentive pour y saisir du sens et du nouveau.



Morceaux choisis:



Viareggio pres Pise (Italie), le 23 Avril 1903:

''... Laissez vos jugements connaitre leur propre développement, calme, non troublé; comme tout progrès, il doit venir de la profondeur du dedans, et rien ne peut le hater ni l'accélérer. Tout doit etre porté à terme puis mis au monde. Laissez chaque expression et chaque germe de sensibilité s'accomplir en vous, dans l'obscurité, dans l'indicible...''



Flädiem Suède, le 12 Aout 1904:

''Voilà pourquoi il est si important d'etre solitaire et attentif, lorsqu'on est triste; car l'instant où, apparemment, rien n'arrive ni ne bouge, est celui où notre avenir entre en nous, et c'est un instant qui se trouve tellement plus près de la vie que cet autre bruyant et contingent où l'avenir nous vient comme du dehors. Plus nous sommes, dans la tristesse, silencieux, patients, ouverts, et plus le nouveau entre en nous profondément, imperturbablement, mieux nous en prenons possession, plus il sera notre destin.''



Ces lettres donnent envie d'écrire. De creuser notre solitude pour voir apparaitre sous la plume les mots justes et bons.

Ces lettres donnent envie de recevoir du courrier. Car on comprend que chaque mot, dans cet intimité partagée, est un immense cadeau.

Ces lettres donnent envie de trouver un peu de sagesse dans la torpeur du soir.

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