02 janvier 2025

Coyote, perdue et retrouvée

 


 Ca y est! Le tome 2 de L'incroyable voyage de Coyote Sunrise est enfin sorti! Un régal!

Cela fait maintenant un an que Coyote et son père Rodéo se sont réinstallés dans l’Oregon, chez eux, après le périple en bus scolaire à travers les États-Unis qu'ils ont entrepris ensemble suite au décès de la mère et des deux soeurs de Coyote dans un accident.

Coyote a retrouvé le chemin de l'école et ce n'est pas si facile pour elle. Elle est assez isolée et sans amis. 

Un jour, Coyote retrouve l'urne contenant les cendres de sa mère. Son père ne lui avait pas dit, mais il l'avait gardée, cachée, ne parvenant pas à s'en séparer. Il lui révèle que lui et sa mère avait écrit dans leur livre préféré à deux pages différentes ce qu'ils souhaitaenit à leur mort niveau enterrement, etc. Coyote se met donc à la recherche du livre, mais elle réalise qu'en fait, elle l'a revendu par erreur dans une brocante à livres lors de leur périple. Mais où?

Vous vous en doutez, Coyote et Rodéo vont reprendre la rouge à bord du bus et rechercher tous les endroits où le livre pourrait être... Mais ça bien sûr, Rodéo ne le sait pas, car Coyote lui fait croire qu'elle a retrouvé le livre, et que ce voyage fait partie des instructions de sa maman.

Bref, on retrouve l'ambiance du tome 1, on pleure, on rit!

Vraiment deux tomes à mettre entre toutes les mains. C'est vivant, humain, plein d'amours.



11 décembre 2024

Clara lit Proust

 

Un petit roman léger qui se lit tout seul. Nous sommes en immersion dans un salon de coiffure en Saone-et-Loire. Clara passe ses journées entre coupes et brushings, sous l'oeil attentif de sa patronne et au son de radio nostalgie. Il y a le défilé des habitués, la tenancière du bar tabac d'à côté, etc.

Un jour, un client oublie un roman au salon: Proust s'invite alors dans la vie de Clara. Elle va complètement se plonger dans la Recherche, à en négliger son copain et les déjeuners du dimanche chez ses parents.

Un texte qui montre combien un roman peut nous sortir de nos routines et changer notre regard sur le monde qui nous entoure.

Un hommage à Proust aussi. On retrouve plein de pages de la Recherche avec joie.

J'ai aimé la façon dont Stéphane Carlier campe les personnages de passage par le salon.

Bref, un roman qui fait sourire!

Merci Claire pour le conseil!

02 décembre 2024

Noblesse oblige

 

 

Nous sommes bien à notre époque, mais dans une France où la révolution française n'aurait pas eu lieu en 1789 et où la république n'aurait jamais émergé. Autrement dit, le roman nous plonge dans une France dirigée par Louis XXI. Et ce dernier organise pour pimenter la vie de la cour un grand programme de télé réalité afin que des jeunes femmes de tout milieu puissent se marier avec des héritiers des grandes familles nobles - et ainsi éviter aussi l'entre soi génétique et ses déviances...

Mais l'héroïne, Gabrielle, est une anti-royaliste. Servante puis concertiste pour divertir ses dames dans une famille noble, elle ne rêve que d'une chose: contribuer à la résistance et faire enfin la révolution française. Son père a été mis à l'écart et elle souhaite aussi le venger de cette injustice.

Elle va être infiltrée dans le jeu télévisuel par un réseau de résistants pour changer la donne. Mais y parviendra-t-elle? et avec quels effets?

Une uchronie du rayon "Young adult" qui fait bien plus que dénoncer les jeux politiques et autres ambitieux des cours en tout genre. C'est aussi un roman sur les violences faites aux femmes, sur la sororité pour résister, entre autres.

Bref, un roman bien rythmé, avec suspense, dénonciation de la manipulation des foules, des effets pervers de la mise en scène de soi, etc.

Maiwenn Alix montre bien comment les informations sont manipulées pour guider le peuple aveuglément. 

J'ai beaucoup aimé la place de la musique aussi, dans ce roman. Pour tenir en toute situation, Gabrielle se repasse du Bach, du Couperin, et j'en passe. Étant pianiste, elle rejoue les morceaux dans sa tête pour tenir. J'ai été ré-écouter de nombreux morceaux tout en dévorant le livre.

Attention, ce roman est violent et je dirai plutôt pour 16 ans et plus, pas avant. Les scènes de viols et autres violences hommes femmes sont là et assez explicites, même si c'est pour les dénoncer.

J'attends la suite pour 2025!

Merci à la tenancière du rayon jeunesse de la FNAC St Lazare à Paris.

 


26 novembre 2024

Jolene

 

 

Un titre de roman jeunesse... qui nous fait presque déjà entendre la chanson de Parton!

Aurélien aime aller à des concerts, de folk, de country, bref, des moments de musique qui lui font oublier les tensions entre sa mère et son père, les peurs de son petit frère, etc.

Un jour, il rencontre Jolène à un concert de Ray LaMontagne. 

A coup de blues et avec guitare et harmonica, le duo amoureux va vite se former. 

Un texte court et émouvant, sur l'intensité des sentiments à l'adolescence.

Un roman aussi sur le deuil et la construction de soi.

"Je ne sais pas parler des choses merveilleuses. Je me dis qu'elles ont lieu, c'est tout. On ne sait pas raconter les beaux moments. Ils ressemblent trop à des cartes postales, à des photos pafaites, des clichés uniques. Une fois passés, ils n'ont pas de raison d'être racontés. Ils n'ont pas de valeur autre que celle d'avoir été vécus. Comme s'ils n'étaient pas faits pour être partagés."

Merci à La librairie de Paris, située Place de clichy à Paris pour la découverte!

Du même auteur: Qu'est ce qu'on fout ici?

25 novembre 2024

In waves


AJ Dungo nous raconte sa relation avec Kristen. Passionnés de vague et de surf, ils vont tous les deux affrontés la maladie de Kristen puis son décès.

Dans cette bande dessinée, tout est en douceur, en subtilité, en émotions.

Et la métaphore de la vague marche très bien car on peut tantôt se sentir fort, tantôt se ressentir sous l'eau, pris à la gorge, en train de couler.

Une bande dessinée qui sait aborder le cancer et le deuil avec un ton juste et authentique.

Un témoignage autobiographique vraiment poignant.

A lire absolument!

 


20 novembre 2024

Panoramiques

 

 

En ce moment, je travaille au site web de ma boite Pan-or-amiques.com (merci à ceux qui sont déjà allés y faire un tour) et donc je vais régulièrement dans Google taper le mot "Pan-or-amiques" pour voir comment évolue le référencement des pages internet en question, et le référencement de celles de ce blog aussi... Et c'est à cette occasion que j'ai découvert par sérendipité qu'il existait un livre dont le titre était Panoramiques. Un essai. Et que cela avait l'air bougrement intéressant. Aussitôt découvert aussitôt lu... Et avec délectation!

La première partie m'a vraiment parlé. Il s'agit d'un texte sur la tâche du lecteur. Jean-Christophe Bailly part du constat que lorsque l'on voit quelqu'un lire, il semble seul, isolé, dans son monde à lui. Mais comme il l'explique très bien, lire est bien autre chose:

"Lire, ce n'est pas seulement marcher sur les traces de la différence produite en nous par le livre, c'est aussi marcher dans la forêt entière où ces traces ont déjà été suivies ou le seront. Dans cette forêt, chacun est seul, mais chacun, s'il le veut, peut aussi entendre d'autres pas que le sien. Il arrive que de tels pas soient très lointains, et le plaisir qu'il y a les percevoir est relié à la sphère de l'érudition.Il s'oppose en son genre à celui des forêts fréquentées. Mais même là, même lorsqu'il s'agit de grands classiques ou de livres qu'il "faut avoir lu", le piétinement des millions de lecteurs reste sourd. Au moment de la lecture elle-même, là où elle creuse, l'expérience est entière, à peine médiatiser. Et c'est dans la profondeur même de ce retrait que se dessine cette communauté seconde dont chaque livre est le foyer."

Le lecteur est donc un point dans une ligne de temps long qui réunit tout une communauté interculturelle intergénérationnelle...

"L'espace de la lecture est celui de la potentialité infinie, celui de la volière, celui d'oiseaux volant all over dans le temps. Ici une ligne part de la Mésopotamie ancienne pour rejoindre la salle d'une université danoise,..."

Magnifique deuxième chapitre aussi sur le langage dans le temps. Difficile à résumer tant la pensée est fine et se déploie poétiquement. Le texte est intitulé "la ville adamique". Pour Jean-Christophe Bailly, nous sommes passés d'un état "paradisiaque du langage", où les mots étaient "baptême" et où il n'y avait pas besoin de se battre avec la "valeur de la communication des mots"à un état d'un "langage ville" où les mots sont outils. 

Joie de voir toutes ses références à Walter Benjamin que j'aime tant. Notamment sur la "pensée des restes", comme une pensée de ce que le temps n'élimine pas.Et pas au sens "solennel" mais au sens d'un "surgissement latent": comme des indices laissés ici ou là et qui traverse le temps! Ainsi le nom des rues des villes est un "cosmos de langage" qui nous envoie des signes dans le temps. Comme la rue de la roquette, qui a surement vu jadis cette plante y pousser.

Un immense merci à Jean-Christophe Bailly.pour cette promenade qui mêle ethnologie, philosophie, géographie, histoire, sémiologie, et j'en passe. 

J'ai comme ressenti une connexion d'âme, comme si ce livre avait été écrit pour moi.

Je me suis mise à aller écouter les conférences de Jean-Christophe Bailly sur youtube. J'ai découvert son approche des villes et du paysage...

Avis aux amateurs...

Une pensée qui fait du bien, qui nourrit et qui inspire!

 


 

 


30 octobre 2024

Parler comme tu respires


 

Un livre pour ado qui m'a beaucoup plu: Parler comme tu respires, de Isabelle Pandazopoulos.

Nous suivons les pas d'une ado de 15 ans qui est bègue. Elle n'arrive pas à s'exprimer et à trouver son chemin. Elle fugue. Jusqu'au jour où ses mains vont trouver la solution: elle va se lancer dans la taille de pierre. Interne dans un lycée spécialisé, elle découvre les joies de sculpter, les petits plaisirs partagés avec ses camarades.

Un roman d'émancipation par la confrontation à la créativité, à la matière, à l’œuvre.

Un livre qui donne toute la place aussi aux non-dits, aux secrets de famille, au poids du deuil.

Sybille est un personnage touchant. On la sent tâtonner dans ses liens avec ses parents, sa grand-mère, ses copines de classe. Pointe du nez aussi la question des premiers émois amoureux.

J'ai aussi aimé la plume d'Isabelle Pandazopoulos.

"Le soleil a disparu à l'horizon. Ne reste plus qu'une bande de lumière dorée bordée de nuages qui virent au bleu et sur lesquels se détachent les branches noires des arbres. On dirait une foule de bras levés adressant au ciel des prières éperdues."

Merci à la librairie Durance à Nantes et à son beau rayon jeunesse!