29 juillet 2024

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent...

 


Tout commence en juin 1943.... Une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un petit garçon qu'elle confie aux Jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d'une petite fille et la laisse aux sœurs d'un couvent. Elle revient la chercher dix ans plus tard. L'enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l'aimera. Le garçon, c'est Julian. La fille, Victoria. Ces deux-là vont s'aimer et partir vivre à Paris au sein du théâtre de la Michodière (l'un sera gardien et l'autre femme de ménage). Ils auront une fille, Maria, la narratrice du roman...

 A 27 ans, Maria consulte une tarologue voyante qui lui dit qu'il y a un mystère sur sa naissance... Elle va alors se mettre à enquêter sur sa famille pour comprendre ce qui se cache vraiment derrière l'histoire de vie que lui ont racontée ses parents.

Maria Larrea reconstitue le puzzle de sa mémoire familiale et nous emporte dans le récit de son existence, aussi incroyable qu'un film d'Almodovar!

C'est un premier roman, fort, autobiographique, féministe.

C'est aussi un récit d'émancipation, car Maria s'extirpe pas à pas de la misère pour rejoindre la FEMIS et devenir réalisatrice.

Un livre pour ceux qui aiment les parcours de vie rocambolesque, les secrets de famille, et les quêtes d'identité et de sens.

Un texte qui plaira à ceux qui aiment l'idée que l'on peut toujours dépasser les préjugés et les moqueries pour devenir qui on est au fond de soi!

Le style est percutant, ciselé, dynamique, plein d'émotions et de couleurs.

 




26 juillet 2024

Les contemplés

 

Nous sommes au moment du printemps arabe, en Tunisie. Pauline, une jeune française, est arrêtée dans une manifestation et conduite en prison. Au fond d'une cellule de femmes, de la Manouba, elle va découvrir pas à pas tous les codes sociaux des lieux, les techniques de survie, les arrangements et bricolages en tout genre pour tenir, mais aussi toutes les histoires de ces femmes codétenues.

Pauline n'a pas pu garder grand chose avec elle... mais elle a un exemplaire des Contemplations de V. Hugo, et un jour elle se met à écrire dans les marges des notes sur sa vie en prison. Ces notes lui seront précieuses pour un jour écrire ces Contemplées.

Un concentré d'humanité, de sororités, de féminisme.

Les descriptions des conditions de vie sont dures et bouleversantes. Le témoignage est vraiment vivant, vibrant, attachant. Beaucoup d'anecdotes sont fortes et précieuses. La galerie de portraits des détenues et des agents pénitenciers est riche. Leurs chemins de vie sont poignants.

Bref, un roman qu'on n'oublie pas!

Merci à Marie-Louise pour ce beau cadeau.

Un livre qui plaira à toutes celles qui s'intéressent aux mouvements féministes dans les pays arabes.

Un roman qui est aussi fait pour ceux qui aiment les témoignages de vie issus du réel. Un peu comme dans les pieds sur terre, de france culture.

Un texte qui est marquant et à recommander pour comprendre ce que peut faire un passage par la prison sur toute une existence.

25 juillet 2024

Banana Girl

 

 

Une petite BD touchante qui raconte l'histoire de Kei Lam.

Elle a grandi en France de parents Chinois. Elle est arrivée vers 6 ans, d'un coup d'un seul, et a basculé d'une culture à l'autre sans trop réaliser. Dans cette ouvrage elle s'interroge: Comment vivre son métissage culturel?  Qui est-elle vraiment entre camembert et Dium Sum?

Le livre est organisé par grands sujets de tiraillement entre les deux cultures: la nourriture, les coutumes, les fêtes, etc. Et on se prend au jeu de son récit personnel tout en voyant ce qu'il comporte d'universel sur l'exil, le déracinement, l'identité.

Graphiquement et artistiquement, ça marche très bien aussi, car Kei Lam alterne différentes techniques ou formats: du noir et blanc à la couleur! J'aime cette diversité, ce côté roman graphique singulier.

Et si vous vous demandez pourquoi ce titre de "banana girl", c'est parce qu'elle se sent parfois jaune à l'extérieur mais blanche à l'intérieur!

Alors avis aux amateurs de journaux autobiographiques approfondissement les différences culturelles.

Merci à Nola et Marin pour la belle découverte du week-end dernier à la Chapelle!

 


24 juillet 2024

L'embellie


 

C'est rare de pouvoir lire un roman qui nous montre toute la singularité de notre rapport au monde, avec un personnage principal qui incarne vraiment pleinement toutes ses cocasseries, toutes ses ambiguïtés, tous ses paradoxes et les vit intensément. 

Or dans L'embellie de Audur Ava Olafsdottir, l'héroine, qui vient d'être quittée par son compagnon, part dans un roadtrip avec l'enfant sourd d'une amie en assumant toute la bizarrerie de cette situation imprévue. Elle n'avait pas anticipé sa séparation, elle ne savait pas que son amie serait hospitalisée et qu'elle devrait s'occuper du petit Tumi, mais elle le fait. C'est une ode à l'accueil de ce que la vie met sur notre chemin.

Et c'est incroyable tout ce que ce personnage de femme forte va croiser: tout d'abord de nombreux animaux qui se jettent sous les roues de sa voiture, mais aussi des tickets gagnants de loterie et j'en passe.

Je dirais que ce roman islandais va très bien dans la catégorie OUT OF THE BOX de ce blog littéraire. C'est vivant, frais, déroutant. Derrière la rencontre entre cette femme et cet enfant malentendant, il y a beaucoup de réflexions poétiques sur nos liens aux autres, ce que l'on met ou pas au cœur de nos petites existences.

C'est aussi un roman sur la fuite, le voyage, le déplacement physique pour avancer d'un point de vue psychologique ou existentiel.

Un livre pour ceux qui aiment les écritures sensibles, lentes, poétiques.

Un texte pour ceux qui n'ont pas peur de la pluie et du brouillard islandais.

Merci à Claire pour la découverte!

Et pour ceux qui veulent découvrir d'autres livres de cet auteur, il y a Rosa Candida et Miss Islande.