Le monde de charlie

Un roman ado. 

Charlie est le "teenager" par excellence, mélancolique, isolé, très sensible, pas toujours bien intégré dans son environnement que ce soit en famille ou à l'école. Pas toujours bien dans sa peau. Seul son professeur de lettres semble comprendre un peu mieux qui il est et qui il pourrait devenir. Il lui fait passer un goût de plus en plus fort pour la littérature américaine (ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, etc). 

Un jour, Patrick et la belle Sam, un peu plus vieux que lui, le prennent sous leurs ailes. Et le voilà qui s'ouvre à des tas de découvertes: les fêtes, l'alcool, les émotions, entre autres! Jusqu'à découvrir des instants de joie mais aussi des pans occultés de son enfance.

Un roman qui a donné lieu à un film dramatique américain, qui a marqué plus d'un.

Un livre d'émancipation somme toute assez douloureux à lire, car Charlie va devoir faire face à un secret de famille assez lourd. La force de ce livre est donc de traiter d'un sujet très grave avec une grande pudeur et de la finesse dans le choix des mots. Si le début est assez anecdotique et touchant, la fin est marquante et bouleversante.

Liv Maria

Portrait assez incroyable de femme que ce roman. 

Liv Maria est née sur une île bretonne dans les années1970 d'une mère taiseuse, tenancière d'un café, et d'un norvégien, marin de passage, qui aimait lui raconter des histoires. Elle a une enfance heureuse, solitaire, protégée sur cette ile, libre, jusqu'à une mauvaise rencontre d'un soir à 17 ans, qui pousse sa mère à la faire changer de vie - à quitter la Bretagne pour aller vivre à Berlin comme fille au pair. 

S'en suit une incroyable passion amoureuse pour un professeur, qui va la marquer à vie... puis des voyages. Et de terribles coïncidences, comme si le destin se jouait de Liv Maria.

Un roman de l'intime, du subtil, des émotions. Un texte sur la liberté. S'autorise-t-on vraiment à vivre?

Un livre qui n'est pas sans rappeler les tragédies grecques, Phèdre, les pièces de Wajdi Mouawad avec secret de famille et autres pieds de nez de la vie.

Un roman qui plaira à ceux qui s'intéressent à la rencontre amoureuse, aux hommes que l'on met ou pas sur son chemin. Au poids des secrets et de ce que les femmes taisent. Un roman qui questionne l'agression, le fait que les jeunes filles peuvent être des proies, avec des vulnérabilités corporelles physiques, conduisant à la fin de l'innocence.

Un texte qui questionne les mots, les expressions, la langue, les livres. Tous les personnages aiment les paroles prononcées ou écrites, s'y attachent. Liv Maria finit par devenir libraire, après avoir été tant de choses.

Un livre qui porte sur l'identité, qui on est, comment on se construit. Sur la filiation. Sur ce que l'on se transmet de mère en fille.  Un livre comme une métaphore de la vie, de l'enfance abstraite à la brutalité du passage adulte, puis aux dilemmes moraux de l'existence.

L'empreinte

Alex Marzano-Lesnevich nous emporte dans un livre qui n'est finalement pas un vrai roman mais plutôt le récit de son chemin intérieur face à une question majeure, celle de la peine de mort. 

Alors qu'elle est en stage, pendant sa première année de droit à Harvard, elle se retrouve à défendre des accusés qui pourraient faire l'objet de la peine de mort. Elle est plutôt contre, progressiste, et s'engage à défendre au mieux les suspects. Elle va se retrouver à visionner le témoignage de Ricky Langley qui est accusé du meurtre d'un jeune garçon, après avoir fait l'objet de condamnations pour pédophilie. 

Elle se rend compte qu'elle se sent incapable de défendre quelqu'un qui aurait pu s'en prendre à des enfants et pourtant elle est attirée par cette histoire, elle visionne les images du témoignage de Ricky. Elle essaie de comprendre.

Elle va alors partir en quête de sa propre vie intérieure, de sa propre enfance, avec courage, et comprendre pourquoi ce cas juridique l'obsède. Je ne vous en dis pas plus.

Un livre sur la résilience intérieure, sur les parcours de vie. Un livre de l'intime. Le titre est je pense une allusion à l'empreinte que son enfance à laisser sur elle.

Un texte qui est à mettre dans la catégorie "true crime" comme dirait les anglais. A savoir, que le récit de l'affaire s'appuie sur des faits réels, documentés. C'est très autobiographique.

Ce n'est pas du tout le genre de livre que je dévore d'habitude. Mais j'ai trouvé que l'auteur avait le don d'emporter son lecteur, de se questionner sur ses valeurs, sa famille, son éthique, jusqu'à la remise en cause.

Bref, un texte qui marque.