08 décembre 2014

Femmes de pêcheurs...



Un magnifique roman: Quand rentrent les marins, de Angela Huth.

Myrtle et Annie sont amies depuis toujours, dans un petit village d’Écosse de bord de mer. La vie du village et de leurs familles tourne autour de la pêche. Comme les vagues de la mer, les marins vont et viennent au rythme de la saison, et les femmes au port alternent solitude angoissée et retour agité.

Myrtle est calme, pleine de réserve, de modestie et de gentillesse. Annie est très belle, toute à la séduction, aux apparences et à la consommation. Deux versants très différents de la féminité. Le roman retrace leur amitié et leurs chemins de vie avec tact, sensibilité et finesse. On les voit enfants, adolescentes, adultes, vieillissantes. Des va-et-vient imperceptibles dans le temps construisent deux caractères comme des aquarelles mouillées par le vent et les embruns.

Le sens de l'observation de Myrtle porte le roman d'un bout à l'autre, tout en subtilité et en force. Elle mène une vie simple et attachante.

C'est aussi un roman sur le deuil, sur l'absence, sur la douleur, le manque et le vide.

C'est un roman sur les tous petits riens de la vie, quelques gouttes de pluie qui font des dessins sur la vitre, une partie de cartes qui fait oublier l'orage, une petite tasse de thé à partager.

C'est un roman au féminin, sur les mères, les filles, les amies, les épouses, les institutrices, les aides soignantes à la maison de retraite, les vieilles, les jeunes, les cuisinières, les coquettes, les amoureuses, les solitaires, les curieuses...

Un livre qu'on a envie de recommander pour de belles soirées d'hiver au coin du feu.

Un livre qui interroge le sens de l'amitié et de l'amour.

Je vous offre la première phrase pour vous donner envie de lire les 488 pages qui suivent... (Qu'est ce qu'on quitte à regret ce petit univers familier quand les derniers mots s'éteignent...)

"Les femmes de pêcheurs ont coutume dans la journée de jeter de multiples coups d’œil vers l'horizon, mais il faut être des leurs pour savoir repérer ces regards furtifs, la lueur d'angoisse au fond de ces yeux prématurément vieillis par l'examen répété de la mer lointaine."

Aucun commentaire: