10 janvier 2010

Tome 1 au coin du feu















Lors de mon réveillon, de joyeuses âmes m'ont conseillé de lire Le comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas... Et quel ne fut pas mon bonheur de passer le 1er de l'an devant le feu à lire le tome 1!








Etant donné que le roman a été publié sous la forme d'un feuilleton, on se régale de chapitre en chapitre, car le suspense est dense! C'est un peu la série télé d'un autre siècle, avec ses mystères, ses rebondissements...








Je trouve d'ailleurs que l'écriture est très théâtrale, presque même cinématographique. Les gros plans sur les visages des personnages qui découvrent des pans cachés avec surprise, ou essaient de cacher leur jeu, sont nombreux et amusants. On tremble, on frémit.








L'histoire: Edmond Dantès, un jeune homme sur le point de se marier et de devenir capitaine, est accusé de bonapartisme et enfermé en prison sans jugement pendant de longues années... Jusqu'au jour où il parvient à sortir de sa situation, et décide de se venger. Il met alors au point des stratagèmes très fins et méticuleux...








J'aime l'éloge de l'intelligence, du savoir, et du bon mot que fait Dumas:








"Au reste, mon véritable trésor, voyez-vous, mon ami, n'est pas celui qui m'attendait sous les sombres roches de Monte-Cristo, c'est votre présence, c'est notre cohabitation de cinq à six heures par jour, malgré nos geôliers. Ce sont ces rayons d'intelligence que vous avez versés dans mon cerveau, ces langues que vous avez implantées dans ma mémoire et qui y poussent avec toutes leurs ramifications philologiques. Ces sciences diverses que vous m'avez rendues si faciles par la profondeur de la connaissance que vous en avez et la netteté des principes où vous les avez réduites, voilà mon trésor, ami, voilà en quoi vous m'avez fait riche et heureux."








J'ai apprécié aussi toutes les interrogations sur la justice, et le sens du bien et du mal:








"Je me battrais en duel pour une misère, pour une insulte, pour un démenti, pour un soufflet, et cela avec d'autant plus d'insouciance que, grâce à l'adresse que j'ai acquise à tous les exercices du corps et à la lente habitude que j'ai prise du danger, je serais à peu près sûre de tuer mon homme. Mais pour une douleur lente, profonde, infinie, éternelle, je rendrais s'il était possible une douleur pareile à celle que l'on m'aurait faite: oeil pour oeil, dent pour dent, comme disent les Orientaux."








Ce qui est aussi remarquable c'est le sens de la manigance. On observe un homme tiré les ficelles. On sourit de voir des êtres mués par des fils invisibles, se faire avoir... après avoir menti, trahi, et infligé la souffrance.








"Les arbres, voyez-vous, monsieur Bertuccio, ne plaisent que parce qu'ils font de l'ombre, et l'ombre elle-même ne plait que parce qu'elle est pleine de rêverie et de visions."








Enfin, quelle langue! J'aime ce style désuet et maniéré, où changer un "Comte" en "Monsieur" peut être le summum de l'infamie!








Quelle douceur aussi de retrouver l'Italie (Lucques, Florence, Rome) et de voir combien les hommes du 19e siècle étaient des Européens bien avant l'heure.








Je conseille ce roman à ceux qui veulent replonger dans les méandres mélodramatiques des histoires d'enfants, où les méchants sont punis, et les bons triomphent! Dumas critique l'arrivisme, culte de l'argent et des apparences.








Je pense que ce roman plaira aux amateurs de romans historiques, avec les conflits entre Royalistes et Bonapartistes! On n'imagine pas à quel point ces partis pris pouvaient avoir de conséquences pour les concitoyens de l'époque. On ne réalise pas je trouve l'impact de l'instabilité politique du début du 19e sur les Français de l'époque. Toutes les corruptions par derrière, les arrestations arbitraires. Un jour vous êtes du bon côté, le lendemain du mauvais.








Bref, un roman qui peut vous donner une folle envie de revoir vos classiques en 2010!
















1 commentaire:

Patricia a dit…
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