C'est un livre étrange, où figure sur la couverture la photo d'un robot, de deux adultes à tête de citrouille accompagnés d'un enfant à tête de fer à repasser... Si, si je suis très sérieuse. Le titre de ce recueil de nouvelles de Aimee Bender:
Des créatures obstinées (ou en anglais pour la VO
Willful creatures).
Ce sont de courtes histoires dignes des nouvelles de Mérimée, très étranges, toujours surprenantes, et qui ont le don de laisser une émotion méconnue sur les lèvres du lecteur.
Par exemple, vous suivrez les aventures d'un animal domestique étonnant: un homme en mignature. Vous rencontrerez une dame qui crée des mots liquides, solides ou gazeux (c'est ma nouvelle préférée du receuil!) Vous verez ce qui arrive à l'homme dont un Dieu ingrat interdit toute activité artistique, etc.
Son style repose sur des apositions signifiantes. Par exemple page 74: "
J'aime toutes ces femmes, se disait-il. Il aimait essayer des chapeaux dans des magasins." En une phrase venue de je ne sais pas où, Aimee Bender décrit à merveille le rapport de son personnage à la gente féminine.
Elle a aussi le don pour le sarcasme: page 77
"Les planchers étaient bruns et brillants, les coussins sentimentaux, et les magazines jamais lus"De temps en temps, on se croirait dans un film de Tim Burton, à cause du ton ironique sur la société américaine dont elle est issue, mais aussi parfois à travers des échos très marqués, comme dans la nouvelle où elle raconte l'histoire d'un jeune homme qui a des clés au lieu de doigts (Edouard aux mains d'argent n'est pas loin!)
Un livre rafraichissant pour tous les déjantés, les en-manque-d'extraordinaire. Attention cependant: Elle fait preuve d'une bonne dose de cruauté!