28 février 2025

Persistance du merveilleux

 

Ce fut un choc à mon retour des fêtes, au moment de me reconnecter à ma boite émail et aux réseaux... Le décès bien trop tôt de Nicolas Nova. "Déjà" comme dirait le petit garçon dans le film L'attachement, quand on lui annonce le décès de sa mère (film que je vous conseille vivement!)

Alors je me suis dit, que ce que je pouvais essayer, c'était de faire persister ses idées, ses mots, ses pensées.

J'ai donc repris Persistance du merveilleux. Et je m'en viens vous en parler ce jour. Il n'est plus là pour le faire, et j'espère que ça donnera envie à quelques uns ou unes, de découvrir son travail remarquable!

Nicolas Nova se plonge ici dans ce qu'il appelle le petit peuples de nos machines.

On pourrait croire que le merveilleux est dans la nature et pas dans l'informatique. Mais ce n'est pas si simple. Tous les petits êtres, démons, trolls, etc, ont en fait resurgi dans la cybersphère et ce de multiples façons.

Par exemple, chez Apple, les développeurs ont mis en place des démons, ce sont des petits programmes qui font des tâches en arrière plan pour que votre machine optimise son fonctionnement.

Et puis il y a aussi les fantômes. Quand on joue à Mario Bross ou à une course de voitures en ligne, on peut jouer contre un "fantôme". Quelqu'un qui apparait à l'écran, mais en moins intense, et qui peut être le meilleur joueur de la course à ce jour, etc.

Et puis bien sûr le monde des menaces cyber est plein de virus, de trolls, et j'en passe!

Nicolas Nova traque donc dans ce livre la circulation du folklore. Il nous montre comment le bestiaire du merveilleux est réinventé. On parle alors d'écotypification, quand une pratique est réinventée pour coller à un nouvel écosystème.On parle d'agglutination. car on voit apparaitre une ensemble large d'éléments merveilleux dans le numérique, même si chacun est singulier dans son émergence et ses usages. 

Nicolas Nova nous rappelle que chaque société suscite son merveilleux, et ce en écho à l'histoire du merveilleux lui-même et en lien avec lui.

Pour lui, toutes ses entités non humaines que l'on retrouve dans le numérique constitue une ontologie, une manière d'être.Il les rapproche de cette branche de l'informatique dite "artificielle", où les chercheurs essaient de créer des programmes qui se comportent comme des êtres vivants, comme des humains.

J'aime le lien que Nicolas Nova fait avec la littérature de Perec. Georges Perec traquait l'infra-ordinaire, les aspects de la vie quotidienne que nous tenons tellement pour acquis que nous ne les apercevons même plus. Il essayait de les débusquer, comme Nicolas Nova tente ici d'éclairer la vie inaperçue de nos petites machines du quotidien. 

Merci encore à lui pour tout ce qu'il nous laisse...

Pensées pour ses proches, ses collègues, ses lecteurs... 

 

 

27 février 2025

Ce qui sera

 

 

Un album magnifique pour penser le temps long!

Il y a des milliards d'année, la terre se formait...

Il y a cinq mille ans, on a construit des choses immenses!

Il y a deux mois c'était Noel...

Que feras-tu demain soir?

Où habiteras-tu dans 10 ans?

Quel est ton souhait le plus cher pour l'avenir?

 

En tournant des pages qui deviennent de plus en plus petites jusqu'au présent, puis de plus en plus grandes vers l'avenir, cet album superbe nous projette dans le passé, l'instant puis l'avenir, pour nous faire prendre conscience du temps, et des jeux d'échelle qu'il peut produire,

 

Un bijou!

 

Merci Virginia pour ce magnifique cadeau qui me parle tant!

 

Un ouvrage à mettre entre toutes les mains!

 

 

 

18 février 2025

Galette au miel

 


 

Un texte court de Haruki Murakami, qui est très délicat et doux. Il fait partie d'un recueil que Murakami a écrit après le tremblement de terre de Kobe. Et il ressort en mode beau livre illustré.

Sara est une petite fille qui fait des cauchemars. Sa mère, Sayoko, appelle alors son meilleur ami Junpei, qui sait si bien inventer des histoires pour l'apaiser. Ce dernier crée de toutes pièces l'histoire d'un ours qui la réconforte pour éviter de sombrer dans la peur du tremblement de terre.

Mais ce livre est aussi l'histoire d'un triangle amoureux. Car Sayoko ne s'est pas mariée avec Junpei mais avec un autre de ses amis de l'époque, Takatsuki.

De pages en pages, on découvre les liens entre les trois personnages et leur évolution dans le temps.

Un livre paisible, onirique, sur l'amitié et l'amour!

Merci à Nicolas pour le beau cadeau de Noël!

 

 

 

 

17 février 2025

Tumeur ou Tutu

 

Un premier roman choc, qui réinvente la langue française... et qui n'est pas sans rappeler Queneau et son Zazie dans le métro! A lire absolument!

Notre héroïne est une ado, qui parle de sa mère en l'appelant "Novatchok" (pour rappel, c'est un poison du système nerveux qui bloque les transmissions) et de son père en l'appelant "Swayze" (comme l'acteur). Elle vit dans une "praison" (un peu comme dans le Prince des mots tordus, avis aux amateurs!). 

Léna Ghar a inventé une langue pour faire ressentir la souffrance de cette jeune femme, qui cherche à s'épanouir et s'émanciper, et cela n'est pas sans douleur.

J'ai aimé tous les mots qu'elles inventent, les listes qu'elle nous offre, les répétitions, les caractères majuscules d'imprimerie, les démonstrations mathématiques, le courrier à en tête de la sous-préfecture, qui ponctuent le récit, les passages en latin, les passages soulignés, les mini poèmes. Vraiment un style unique et singulier d'une grande puissance!

Je trouve que la forme de petits textes de deux pages (qui s'enchainent à chaque fois avec leur brièveté et leur netteté, sous un titre choc) très percutante et pertinente pour comprendre à quel point tout est saccadé et parfois sans fil conducteur dans l'existence.

On ressent le mal-être dans sa chaire, dans ses émotions, dans ses relations aux autres, à son travail, à ses amours.

J'ai apprécié les descriptions, par exemple celle d'un enfant: "Combay est un petit hibou tout rond, le cheveu rare et hirsute, des doubles foyers superbement anachroniques, une radicalité remarquable dans sa manière, soit de se taire, soit de débiter en rafale en se balançant de gauche à droite.

Un roman qui parle de violence sociale et familiale, de la langue et des mathématiques pour s'en sortir quand même...

Il y a de la rage, de la précision, de la créativité.

Un roman plein de références aussi : à la musique, aux autres auteurs, pour ceux qui saisissent les clins d’œil en passant.

Bref, un immense merci Guylaine pour cette belle découverte!

Un roman fait pour la catégorie OUT OF THE BOX de ce blog! Et la catégorie AUTEURS DE STYLE!