27 mai 2024

Code rose

 

 

Nous sommes au début de la seconde guerre mondiale, au Royaume-Unis. Des chercheurs viennent de casser les codes des allemands grâce à la machine Enigme et aux travaux de Türing. Trois femmes sont recrutées dans un lieu tenu secret : Bletchley Park. Aux questions qu'on leur pose, elles répondent faire du travail de secrétariat ennuyeux à mourir. Mais en fait, elles vont changer la donne, en travaillant par astreintes de jours comme de nuits. Kate Quinn rend un bel hommage à ses femmes de l'ombre. 

Nous suivons Osla, enjouée et charmante, qui vient de la haute société et côtoie le prince Philip, à l'époque où il n'est pas encore marié à Elisabeth II. Mab, une autodidacte, qui fait tout pour s'en sortir après une jeunesse marquée par des moments de vie très douloureux. Et enfin Beth, la fille du village, très soumise à ses parents, et qui va s'émanciper par son travail. On s'attache aux trois personnages, à leurs histoires de vie, d'amour, de rencontres, à leurs liens.

C'est donc avant tout un roman historique, un roman d'émancipation, mais c'est au-delà du roman de guerre, une forme d'enquête, un peu comme dans un polar. Car très vite on comprend qu'il y aurait eu des fuites... vers les russes. Qui pourrait avoir été impliqué? L'architecture du roman avec des retours dans le passé et des avancées dans l'enquête actuelle fait qu'on est vraiment tenu en haleine.

Enfin, c'est aussi un texte très bien documenté. Je trouve intéressant que Kate Quinn nous montre à la fin une photo des lieux et nous explique comment elle a construit les trois personnages fictifs en s'inspirant de bouts de figures réelles. On sent qu'il y a eu un vrai travail de documentation historique derrière le roman, et ça rend encore plus intense la lecture du texte, je trouve.

Pas toujours une belle plume, mais c'est une traduction... Quelques longueurs, mais on est quand même pris par l'histoire.

Avis donc à tous ceux qui ont envie d'en savoir plus sur ce pan de la seconde guerre mondiale. On y voit bien les différentes phases de la guerre, on y retrouve aussi l'ambiance du secret à garder, des bombardements, etc.

Un livre qui plaira aussi à ceux qui aiment les histoires d'amitiés, comment elles se nouent, se dénouent, se renouent. Comment par ce lien, on peut avancer dans sa vie, rebondir, se ré-inventer, être plus fort ensemble.

Enfin, ceux qui ont aimé The crown retrouverons le personnage de Philip.

Merci au club de littérature de Sciences Po Paris pour le conseil de lecture!





13 mai 2024

La quinte geste

 

Découverte d'une nouvelle autrice et aussi d'une nouvelle maison d'édition indépendante, au doux nom de : "Forgotten dreams" et qui souhaite mettre en avant des porteurs d'histoires, que leur regard relève de la fiction ou du documentaire, qu'ils envisagent un monde comme une énigme, une mémoire, un lieu de quête ou un rêve.

Dans La quinte geste, Estelle Tolliac nous emmène dans un univers intrigant où un nouveau né, princesse de son état, est pourchassé par des hordes de guerriers aveugles. Aidée par un jeune barde et un compagnon qui peut être vu tantôt comme homme tantôt comme femme, l'héritière va être protégée dans une fuite éperdue.

La quinte geste est un titre surprenant mais il s'agit en fait de cinq chants, un peu comme à l'époque des troubadours au Moyen-Age. Ils nous sont narrés à chaque fois de différents angles, mais dans le même univers fantastique dont nous découvrons les différents habitants avec curiosité, tant chaque peuple y compte des caractéristiques intéressantes sur le plan social et politique.

La force de ce livre est de nous plonger dans un univers qui critique le patriarcat et la domination. Dans ce texte féministe, les mots et les situations sont choisies pour remettre en cause notre ordre social, nos constructions arbitraires et datées.

Un autre atout de l'ouvrage est bien sûr la force de l'histoire. chaque chant nous tient en haleine. Il est presque difficile de passer d'un chant à l'autre tant on aimerait rester dans le flot de l'histoire. Mais pas de panique, l'effet chant chorale prend forme et on finit par pouvoir relier les cinq histoires pour voir apparaître l'univers de l'autrice dans toute sa finesse et sa complexité.

C'est Nadège Dauvergne, une artiste de street art, qui est à l'origine de la couverture... Ce qui n'est pas pour me déplaire!

Un immense merci à Marceline pour la découverte!

Un livre pour tous les amateurs de fantaisie et de récits épiques!

Un roman qui plaira aussi à tous ceux qui veulent réfléchir aux rapports hommes femmes en société.

 Une plume à découvrir!