04 avril 2017

Seul le grenadier



Mon tout premier roman Irakien: Seul le grenadier de Sinan Antoon. Un titre poétique, une image mystérieuse mais qui prendra tout son sens à la lecture...

Jawad est un jeune home d'une vingtaine d'années qui vit à Bagdad. Il aime dessiner et rêve de devenir un grand artiste renommé. Il fait l’académie des beaux arts... Il admire Giacometti... Il est amoureux de Rim...

Mais c'est à un tout autre métier que son père le destine: laveur de mort. Il s'agit de suivre le rituel qui précède la mise en bière. Il s'agit d'accompagner le défunt, de soigner le cadavre pour le rendre présentable, d'avoir les paroles rituelles...

Et entre temps la guerre Iran-Irak, l'arrivée des Américains... toute l'Histoire chaotique du pays y passe.

Un roman extraordinaire, avec de la finesse, de la justesse, de l'humanité.

Cela n'est pas sans rappeler les deux documentaires Homeland I et Homeland II qui racontaient aussi le quotidien d'une famille irakienne avant et après la chute de Saddam Hussein.

Ce qui est très fort, c'est que pour nous parler de violences, de guerres, d'humiliations... Sinan Antoon nous parle de la mort dans son quotidien, ses visages, ses histoires et comment elle se mêle tous les jours à la vie.

On se met à ressentir pages après pages ce que veut dire la fin de l'Etat de droit, la perte des limites sociales, et l'impasse au quotidien.

La construction du récit est riche, avec des aller-retour entre le présent et le passé, le réel et les cauchemars des courtes nuits, entre l'image interne et externe du pays, entre espoir et fin de non recevoir.

A lire la quatrième de couverture, je me disais que ce roman avait vraiment l'air étrange.Ne la lisez pas, plongez-vous dans les premières pages, et vous serez emportés jusqu'à la fin.

Un livre pour ceux qui s'interrogent sur ce que l'on peut vraiment décider dans la vie ou ce que l'on subit...

Un livre qui pose la question des émotions, de l'horreur et le vivre avec ou sans.

Un grand roman sur l'Irak et la vie des Irakiens, dans les rues, dans les Universités, dans les maisons.

Un ode au pouvoir de l'écriture, de la fiction, de l'art.

Merci à Anouck pour cette très belle découverte...