Vue sur la littérature d'ici ou d'ailleurs, à la recherche de petites pépites à partager, pour ré-enchanter nos imaginaires d'avenir... Mon site web de prospective: pan-or-amiques.com
29 mars 2015
Espagne en crise...
Premier album très sensible et riche: Papier froissé de Nadar.
Nadar a la trentaine et fait partie de l'historieta espagnol, qui produit en ce moment pas mal d'ouvrages qui mettent en scène la crise sociale et politique qui a émergé ces dernières années dans leur pays, avec toutes les souffrances et frustrations qu'elle engendre.
En 390 pages, qui mêlent habilement différentes temporalités et jeux de croisements narratifs, nous suivons la vie de deux hommes un peu perdus: Jorge, adulte, seul et mutique, dans sa chambre d’hôtel, et son petit boulot à la scierie/ menuiserie. Un être qui reste distant du monde, de ces collègues et de la tenancière de l’hôtel. Et puis un ado, Javi qui est en décrochage scolaire. Il vit seul avec sa mère dépressive, en se faisant payer pour aller casser la figure à d'autres, récupérer des portables volés par la force, etc. Une sorte de mercenaire moderne.
Rien ne semble les rapprocher si ce n'est la crise économique, les liens familiaux distendus, la violence qu'ils subissent ou cherchent. Les suivre dans leur existence reste mystérieux. On se demande qui ils sont au fond d'eux. Rien ne semble faire lien entre leurs deux lignes parallèles de vie.
Mais voilà, sous le crayon de Nadar, l'humain suite de partout, rejaillit dans toute sa force et sa faiblesse, pour rapprocher, tisser des liens inattendus entre les destins.
Je ne vous en dis pas plus.
C'est avant tout une BD sur les ruptures dans la vie, la façon de les affronter. C'est aussi un livre sur la quête de soi, avec forces et faiblesses, culpabilités, mensonges et arrangements avec la vie.
On peut y trouver un message intéressant sur l'apprivoisement au sens du petit prince. C'est une réflexion sur l'abandon, la filiation.
A lire absolument.
Un roman graphique auquel on repense longtemps après l'avoir refermé.
26 mars 2015
Charlotte Salomon vie ou théâtre
Bien sûr la plume n'est pas sûre, le roman pas à la hauteur... mais quelle histoire, celle de Charlotte Salomon. On est à Berlin, dans une famille de drames, au cœur de la montée du nazisme. Les femmes se suicident en lignée, la richesse intellectuelle est attaquée de toute part. Mais Charlotte Salomon se sauve par l'art, par la peinture. Elle dépasse tout par sa créativité, son imaginaire et son acharnement à produire. Alors après avoir lu le roman, on se jette sur google pour voir les tableaux... (les livres sont épuisées). Une femme dont on a envie de comprendre et connaitre le destin.
Un peu comme Foenkinos... en ça on peut le remercier.
Une femme dont on aurait aimé lire une autobiographie. Il faudra courir dans les quelques musées qui exposent ces toiles!
10 mars 2015
Une nuit pour tout dire et taire
Gila Lustiger nous fait vivre dans Cette nuit-là une nuit de discussion entre deux soeurs , Lisa et Tania, juste après le décès de leur oncle. Elles s'aiment, se jalousent, se taisent, se plaignent, s'énervent. Tout rejaillit dans cette maison familiale, des petites mesquineries aux grands rêves.
En toile de fond, leur oncle qu'on devine par touches fines, qui les réunit et les désunit tour à tour.
Un livre sur le deuil, sur la famille, sur le pardon, sur l'amour.
La forme du livre est intéressante. Chaque chapitre permet une alternance de point de vue entre Lisa et Tania.
Une ambiance allemande et universelle à la fois.
C'est aussi un roman sur la maladie, les aidants, les soins, la douleur.
"Les premiers temps, elle avait apporté le savon, tenu le thermomètre et la serviette sans pouvoir jeter un regard au corps dénudé et décharné de son oncle. Depuis que la maladie s'en était emparé, tout ce qui, en lui, avait un jour été rond et massif était devenu anguleux et desséché. C'avait été un choc la première fois qu'elle l'avait vu, et elle n'avait jamais pu s'y habituer. Quand en plus on laissait trainer quelques pommes sur la table de nui (paraît-il que cela favorise le sommeil...) elle ne pouvait s'empêcher de penser à Cézanne, et à sa nature morte au crâne."
Merci à Sylvie pour le cadeau.
Libellés :
Au féminin,
Littérature allemande,
Rapport à la mort
01 mars 2015
Un océan d'amour... à lire d'urgence!
C'est une petite BD sans bulles, sans texte, sans onomatopées... pleines de boites de sardines, de grands vents et grandes marées.
Héroïne: une bigoudène bien en chaire.
Héros: un petit pêcheur du coin.
Intrigue: ils vont vivre de merveilleuses aventures pleines d'humour et de rebondissements en série.
Je vous offre la quatrième de couverture pour finir de vous convaincre!
En bref: à lire de tout urgence pour faire arriver le printemps!
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