Tout commence par ces mots:
" Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi, je n'ai rien fait, et lorsque j'ai su ce qui venait de se passer, j'aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu'elle demeure tranquille comme une fouine dans une masse de fer."
Brodeck vit dans un village. Dans tout ce que ça peut avoir de petit, un village... surtout quand les gens du village, devant la présence persistante d'un étranger, se sont ligués contre lui, jusqu'à commettre le pire.
Lui, Brodeck, il est chargé du rapport. D'où le titre du roman: Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel.
C'est un livre à lire. Très bien écrit. Une plume qui virevolte entre passé présent et futur avec tant de délicatesse qu'on en oublie les frontières pour ne faire que sombrer dans les pièges de la mémoire.
On y retrouve les camps, la guerre, la désolation, les sévices, l'exclusion, la honte, la peur.
Certaines pages m'ont fait penser à l'oeuvre de René Girard, notamment à La violence et le sacré.
"Quand je relis les pages précédentes de mon récit, je me rends compte que je vais dans les mots comme un gibier traqué, qui file vite, zigzague, essaie de dérouter les chiens et les chasseurs lancés à sa pousuite. Il y a de tout dans ce fatras. J'y vide ma vie. Ecrire soulage mon coeur et mon ventre."
Ce roman plaira à ceux qui s'interrogent sur l'histoire, la grande et la petite.
Ce livre plaira à ceux qui aiment les plumes bien affinées.
Un texte qui sent la campagne, les sous-bois, les feux de cheminée et les creux de l'hiver...
Ce livre interpelera ceux qui s'intéressent aux phénomènes de groupe, à la sociologie, et à l'anthropologie quand elle se fait roman...