01 janvier 2019

Le lambeau



Un roman qui m'a fait penser à l'Ecriture ou la Vie de J. Semprum. Le même geste d'écrire pour survivre, la même place de la littérature et des vers pour tenir au milieu de l'horreur. Le même goût des tisanes froides, tant on oublie de les boire à temps à la lecture!

Le lambeau de Philippe Lançon raconte comment sa vie bascule à Charlie Hebdo lors de l'attentat. Comment il y survit et comment il finit par vivre.

C'est un texte magistral, une plume acérée, un regard sur lui sans complaisance ou presque.

Beaucoup de tableaux ou de scénettes qu'il abrite sont inoubliables. Comme la réponse aux mots fléchés, qu'il trouve pour aider les infirmières en salle de réveil... Comme le yaourt qu'il va pouvoir manger, après des mois sans alimentation par la bouche...

Les liens avec le corps médical sont aussi très habillement décrits, ainsi qu'avec son frère, ses parents, ses amis, son amoureuse.

Un livre qui rappelle les moments à l’hôpital, les moments de douleurs, les cauchemars.... et qui brille de sa singularité dans l'universel de la souffrance.

Un texte qu'on ne quitte pas, qui habite, qu'on lit d'une traite ou presque, parfois les larmes aux yeux... et pourtant sans voyeurisme.

Il a eu le Prix Femina, le prix spécial du Jury Renaudot.

Un livre pour lequel écrire une critique fait qu'on se sent tout pataud et tout bête.

Un texte qui plaira aux amoureux de littérature, d'art et de cinéma.

Un livre pour apprivoiser la mal, la douleur, la fin et les débuts.

Une belle façon de passer le 1er de l'an...

Avec tous mes vœux pour 2019, et surtout celui que vous gouttiez à des pages inoubliables, que vous sautiez d'un livre fort à un autre livre intense, que vous retombiez sur des mots oubliés, que vous en inventiez d'autres!


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