Encore une belle surprise de la rentrée littéraire! Nos Richesses de Kaouther Adimi.
Nous sommes au côté d'Edmond Charlot, qui a vingt ans et rêve de créer une librairie à Alger, qui serait comme celles qu'il a aimé découvrir à Paris. Charlot va devenir même éditeur et va jouer un rôle clé pour des auteurs comme Camus, Vercors et d'autres. On commence dans les années 30 et on suit pas à pas toute sa vie pleine de rebondissements.
Nous suivons aussi Ryad, qui en 2007 a pour mission de stage ouvrier de vider la librairie de Charlot pour permettre à un vendeur de beignet de s'y installer. Nous sommes dans le monde actuel, avec des jeunes qui ont du mal à trouver même un stage et à s'insérer socialement quelque part.
Et au milieu, Kaouther Adimi nous fait vivre l'histoire du vingtième siècle en Algérie...
C'est un roman qui est polymorphe, avec des passages qui sont des extraits de journal de bord de Charlot, d'autres qui sont des récits et des dialogues qui retracent la seconde guerre mondiale, les "événements" d'Algérie. On y retrouve la torture, l'espionnage, la censure. On voit que Kaouther Adimi s'est beaucoup documentée pour écrire.
Un roman qui fait découvrir Alger, ses populations, son histoire.
Une ode aux libraires et éditeurs qui donne envie de lire, et encore lire!
Ce qui est touchant dans ce récit, c'est qu'il pointe du doigt l'absence de transmission entre les plus âgés et les plus jeunes en France et en Algérie. En effet, Ryad ne comprend même pas ce qu'il est en train de faire... il vide sans comprendre le sens du lieu, lui qui ne lit pas.
J'aime le fait que Kaouther Adimi est plutôt toujours en deça qu'en delà. Il y a de la pudeur, de la retenue dans ses pages.
Un petit extrait pour la route:
"Dès votre arrivée à Alger, il vous faudra prendre les rues en pente, les monter puis les descendre. Vous tomberez sur Didouche-Mourad, traversée par de nombreuses ruelles comme par une centaine d’histoires, à quelques pas d’un pont que se partagent suicidés et amoureux. (…) Mais vous, vous emprunterez les ruelles qui font face au soleil, n’est-ce pas ? Vous parviendrez enfin rue Hamani, l’ex-rue Charras. Vous chercherez le 2 bis que vous aurez du mal à trouver car certains numéros n’existent plus. Vous serez face à une inscription sur une vitrine : Un homme qui lit en vaut deux. Face à l’Histoire, la grande, celle qui a bouleversé ce monde mais aussi la petite, celle d’un homme, Edmond Charlot, qui, en 1936, âgé de vingt et un ans, ouvrit la librairie de prêt Les vraies richesses."
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