10 mai 2015

Traversée amoureuse...



Après Toute passion abolie, qui m'avait beaucoup plus, voici La traversée amoureuse de Vita Sackville West, son tout dernier roman.

On y retrouve les obsessions de l'auteur: la mort, l'indépendance, la liberté, et ce qu'on en fait.

Nous sommes en croisière autour du monde avec un narrateur sur le point de mourir et la femme qu'il aime mais à qui il ne le dit pas. Edmund Carr, journaliste, vient en effet d'apprendre qu'il n'avait plus que quelques mois à vivre. Il décide de suivre Laura en voyage, une veuve dont il est éperdument amoureux, sans lui révéler la nature de ses sentiments, le mal qui l'accable, etc.

On sent la passion grandir pas à pas, on sent la beauté de la complicité, la joie de la conversation, le partage des découvertes du voyage. Quel magnifique huit clos! Quel merveilleux échanges.

J'aime les monologues intérieurs du désir. M'aime-t-elle vraiment? Les relectures maintes fois des conversations achevées pour savoir si elles cachaient des non-dits:

"Je viens d'avoir avec Laura une conversation des plus troublantes et ne sais qu'en penser. Si c'était une autre femme, je penserais qu'elle a essayé de me faire du charme, mais avec elle une telle idée m'est insoutenable. Ce qui contribue à ma perplexité, c'est mon impuissance à isoler une phrase, une question qui n'ait pas été dite dans une de nos conversations antérieures; c'est quelque chose de subtil, d'abstrait, que j'essaie de cerner."

J'aime comment le narrateur observe tout des gestes de l'être aimé, son intérieur, ses postures, ses mots.

C'est un peu Downton abbey.

Avis aux coeurs sensibles qui tournent et retournent les mots et les rêves!


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