16 janvier 2010

Tome 2: Attendre et espérer


Je viens de refermer le tome 2 (et dernier tome) du Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas. Quel bonheur! C'est tout aussi palpitant, d'autant plus qu'on s'approche du dénouement. C'est tout aussi riche de rebondissements, de coups de théâtre, et de scènes à couper le souffle!

Alexandre Dumas rivalise d'ingéniosité dans le choix des titres de chapitre. Mon préféré est: "Le moyen de délivrer un jardinier des loirs qui mangent ses pêches", et ce, sans hésitation!

Il multiplie aussi les clins d'œil aux lecteurs pour notre plus grand plaisir:

"Un col de satin noir sortant des mains du fabricant, une barbe fraîche, des moustaches grises, l'œil assuré, un habit de major orné de trois plaques et de cinq croix en somme, une tenue irréprochable de vieux soldat, tel apparut le major, ce tendre père que nous connaissons."

Ce personnage bien sûr n'est ni père ni major comme il le prétend, et Dumas nous rappelle habilement qu'il nous a mis dans la confidence et que nous pouvons savourer ce moment où tous les personnages se font berner par le faux noble soldat, sauf nous bien sûr, et son héros.

Et en prime, le ton se complexifie. On sent l'amertume, le doute, et l'ironie pointés leur nez. Les lumières et les couleurs sont moins tranchés. Chaque personnage interroge ses choix, sa destiné, ses luttes. Les faits et les actes prennent des sens différents, moins nets, plus gris.

"Allons donc, homme régénéré; allons, riche extravagant; allons, dormeur éveillé; allons, visionnaire tout-puissant; allons, millionnaire invincible, reprends pour un instant cette funeste perspective de la vie misérable et affamée; repasse par les chemins où la fatalité t'a poussé, où le malheur t'a conduit, où le désespoir t'a reçu; (...) Cache ces diamants, souille cet or, efface ces rayons; riche, retrouve le pauvre; libre retrouve le prisonnier; ressuscité, retrouve le cadavre."

Ce qui reste cependant c'est la satire de la société de cour, où l'on est tour à tour porté aux nues ou à l'échafaud, et ce en fonction d'un rien. Tout n'est que "rentes", "titres" et "faux semblants". Pour le meilleur et pour le pire. La célébrité se crée comme elle s'efface. Les coups sont donnés, puis oubliés. Dumas nous offre une lecture du monde toujours d'actualité.

Si Dumas nous transmet une leçon, c'est peut-être celle-là:

"Voici tout le secret de ma conduite: Il n'y a ni bonheur ni malheur en ce monde, il y a la comparaison d'un état à un autre, voilà tout. Celui-là seul qui a éprouvé l'extrême infortune est apte à ressentir l'extrême félicité. Il faut avoir voulu mourir pour savoir combien il est bon de vivre.
Vivez donc et soyez heureux, enfants chéris de mon cœur, et n'oubliez jamais que, jusqu'au jour où Dieu daignera dévoiler l'avenir à l'homme, toute la sagesse humaine sera dans ces deux mots:
Attendre et espérer!"

Je vous recommande donc très vivement ce roman. Je me porte garante: vous ne serez pas déçu. Vous ne verrez point passer les heures. Et vous ressortirez fort de cette lecture délicieuse, avec l'envie d'autres mots et d'autres voyages...


Un grand merci à Jean-Pierre de m'avoir prêté ce roman, et à Nassira de me l'avoir recommandé si vivement.

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