26 janvier 2020

Poulets grillés



Coup de cœur de ce début d'année: Poulets grillés de Sophie Henaff. C'est à la fois un polar et un roman plein d'humour.

Anne Capestan, flic,  est en mauvaise posture quand s'ouvre le roman. Elle a fauté... elle attend de savoir si elle va être radiée de la police. Buron, son mentor et directeur de la PJ, l'appelle pour un rendez-vous. Et à sa plus grande surprise, il lui annonce qu'il lui confie une nouvelle brigade... mais attention c'est une brigade d'un genre disons "nouveau": elle va rassembler tous les policiers qui ne sont plus les bienvenus ailleurs, les alcooliques, ceux qui portent la poisse, les addicts aux jeux, etc.

Et en plus, on va leur confier toutes les enquêtes qui bloquent, qui restent non résolues... Une idée pratique pour améliorer les statistiques des autres brigades!

C'est savoureux! On rit, on s'attache aux personnages... et on en redemande, ce qui tombe bien car il y a un tome deux: Rester groupés.

Merci à Cecile pour ce super conseil!

Un livre qui plaira à ceux qui aiment les polars bien rythmés, humains et désopilants.












12 janvier 2020

Transparence



Nous sommes en 2060, en Islande. Nous suivons la PDG d'une startup qui a réussi à vendre la vie éternelle par collecte massive de données et à racheter Google. La PDG elle-même a pu s'assassiner, car son double restera à vie, même s'il n'a plus besoin de manger, etc.

Un livre qui parle du monde post Big Data, avec changement climatique et fin de la biodiversité.

Toute l'actualité y est, poussée à l'extrême pour faire naître la dystopie.

Pas un grand roman, pas un style magistral, juste une mise en scène du monde actuel si on extrapole vers la pire, le noir, la fin du singulier déconnecté.

On trouve une forme de lucidité sur les choix technologiques, économiques et politiques en cours.

On peut lire une sorte de critique morale de la start up et de l'entrepreneuriat quand il oublie l'éthique pour le pouvoir et l'argent.

Merci à Sophie pour le cadeau très "prosepctif"!




07 janvier 2020

A ce soir...



Un livre trouvé à la cantine, dans le bac des livres à donner que j'étais moi-même en train de remplir: A ce soir, de Laure Adler.

Je l'ai pris un peu par hasard, derrière sa couverture NRF blanche. Et je suis tombée sur une mère qui a perdu son enfant.

Un texte très subjectif, dans le flot d'une âme à fleur de peau. Dans le mystère des réminiscences, en période de deuil.

Tantôt elle est enceinte et se délecte de l'arrivée prochaine du bébé. Tantôt elle est à l’hôpital, dans une sorte de flou médical, suspendu à des fils branchés aux petits, et aux mots de l'adjoint du professeur, ou de l'interne.

Un texte qu'on lit d'une traite. Tout est confus, tout est par bribes et par petits paragraphes.

C'est poignant.sans être mélo dramatique.

On voit bien comment la mémoire prend des détours, les souvenirs se superposent les uns aux autres.

Laure Adler aura attendu dix-sept ans pour écrire sur la mort de son bébé de quelques mois.

Un roman sur le milieu hospitalier vu du côté des proches du patient qui ne comprennent pas.

Un texte sur le deuil et les souvenirs. Ou comment les mots peuvent venir ou nous quitter au coeur des douleurs;

A lire si on s'interroge sur la maternité, la vie et la mort.

A lire si on aime les témoignages, les récits de vie, l'humain trop humain.




04 janvier 2020

Algues vertes



Une BD qui m'a plu pendant les fêtes: Algues vertes.

Récit engagé sur la pollution environnementale et l'impact sur la santé.

Nous sommes en Bretagne, et suite à l'élevage intensif des porcs, des algues vertes recouvrent certaines plages. Leurs émanations sont très dangereuses, mais malgré les décès de bêtes et d'humains, le préfet et les agences sanitaires font la sourde oreille.

Tout y est: les doutes des locaux médecins ou vétérinaires, les annonces des communicants, les intimidations, la bureaucratie qui morcelle les décisions, les lettres alarmantes sans réponse des autorités en charge...
Des bulles qui peuvent mettre en colère, face au poids des lobbys!

Même si on a tous entendu parler des algues vertes un jour ou l'autre, c'est très choquant de voir le récit des décès qu'on tente de cacher, ou de ne pas autopsier... Attention il ne faudrait pas faire fuir les touristes ou dire du mal des grandes entreprises agro-alimentaires du coin!

Une BD qui est bien structurée, avec une enquête qui tient en haleine de pages en pages.

A lire pour soutenir ceux qui ont été et seront demain lanceurs d'alertes, au péril de leur carrière ou de leur santé....

Merci Papa Noël des parents...


01 janvier 2020

Je reste roi de mes chagrins



Un livre écrit avec une plume ciselée: Je reste roi de mes chagrins de Philippe Forest.

C'est moins qu'on ait emporté par l'histoire, que par les phrases et les bons mots.

Sur la forme, c'est un roman qui nous plonge dans une pièce de théâtre. Sur scène un peintre et un grand homme. On finit par comprendre que c'est Churchill et qu'à ses côtés se trouve le peintre Sutherland, mais cela a t il de l'importance?

C'est plus une réflexion sur les histoires elles-mêmes:

"Les histoires sont plus vieilles que les hommes qui les vivent, plus vieilles que ceux qui les racontent; Elles les précédent. Elles les attendent. Elles leur survivent; Une fois qu'ils ont disparu, elles continuent sans eux. Jusqu'à ce que d'autres s'en viennent, qui prennent leur relève et qui, à leur tour, remplissent les rôles que les premiers avaient d'abord crus à eux."

C'est aussi un livre sur le deuil, le décès d'enfants et l'impact que cela peut avoir.

C'est un roman où l'on croise Shakespeare, la série The crown, etc. C'est un livre érudit qui est bourré de références.

J'ai aussi appris beaucoup de choses sur Churchill, notamment qu'il peignait lui aussi.

Merci à Christine pour la découverte de cet auteur, à l'écriture riche et puissante!