20 novembre 2024

Panoramiques

 

 

En ce moment, je travaille au site web de ma boite Pan-or-amiques.com (merci à ceux qui sont déjà allés y faire un tour) et donc je vais régulièrement dans Google taper le mot "Pan-or-amiques" pour voir comment évolue le référencement des pages internet en question, de celles de ce blog aussi... Et c'est à cette occasion que j'ai découvert par sérendipité qu'il existait un livre dont le titre était Panoramiques. Un essai. Et que cela avait l'air bougrement intéressant. Aussitôt découvert aussitôt lu... Et avec délectation!

La première partie m'a vraiment parlé. Il s'agit d'un texte sur la tâche du lecteur. Jean-Christophe Bailly part du fait que lorsque l'on voit quelqu'un lire, il semble seul, isolé, dans son monde à lui. Mais comme il l'explique très bien, lire est bien autre chose:

"Lire, ce n'est pas seulement marcher sur les traces de la différence produite en nous par le livre, c'est aussi marcher dans la forêt entière où ces traces ont déjà été suivies ou le seront. Dans cette forêt, chacun est seul, mais chacun, s'il le veut, peut aussi entendre d'autres pas que le sien. Il arrive que de tels pas soient très lointains, et le plaisir qu'il y a les percevoir est relié à la sphère de l'érudition.Il s'oppose en son genre à celui des forêts fréquentées. Mais même là, même lorsqu'il s'agit de grands classiques ou de livres qu'il "faut avoir lu", le piétinement des millions de lecteurs reste sourd. Au moment de la lecture elle-même, là où elle creuse, l'expérience est entière, à peine médiatiser. Et c'est dans la profondeur même de ce retrait que se dessine cette communauté seconde dont chaque livre est le foyer."

Le lecteur est donc un point dans une ligne de temps long qui réunit tout une communauté interculturelle intergénérationnelle...

"L'espace de la lecture est celui de la potentialité infinie, celui de la volière, celui d'oiseaux volant all over dans le temps. Ici une ligne part de la Mésopotamie ancienne pour rejoindre la salle d'une université danoise,..."

Magnifique deuxième chapitre aussi sur le langage dans le temps. Difficile à résumer tant la pensée est fine et se déploie poétiquement. Le texte est intitulé "la ville adamique". Pour Jean-Christophe Bailly, nous sommes passés d'un état "paradisiaque du langage", où les mots étaient "baptême" et où il n'y avait pas besoin de se battre avec la "valeur de la communication des mots"à un état d'un "langage ville" où les mots sont outils. 

Joie de voir toutes ses références à Walter Benjamin que j'aime tant. Notamment sur la "pensée des restes", comme une pensée de ce que le temps n'élimine pas.Et pas au sens "solennel" mais au sens d'un "surgissement latent": comme des indices laissés ici ou là et qui traverse le temps! Ainsi le nom des rues des villes est un "cosmos de langage" qui nous envoie des signes dans le temps. Comme la rue de la roquette, qui a surement vu jadis cette plante y pousser.

Un immense merci à Jean-Christophe Bailly.pour cette promenade qui mêle ethnologie, philosophie, géographie, histoire, sémiologie, et j'en passe. 

J'ai comme ressenti une connexion d'âme, comme si ce livre avait été écrit pour moi.

Je me suis mise à aller écouter les conférences de Jean-Christophe Bailly sur youtube. J'ai découvert son approche des villes et du paysage...

Avis aux amateurs...

Une pensée qui fait du bien, qui nourrit et qui inspire!

 


 

 


30 octobre 2024

Parler comme tu respires


 

Un livre pour ado qui m'a beaucoup plu: Parler comme tu respires, de Isabelle Pandazopoulos.

Nous suivons les pas d'une ado de 15 ans qui est bègue. Elle n'arrive pas à s'exprimer et à trouver son chemin. Elle fugue. Jusqu'au jour où ses mains vont trouver la solution: elle va se lancer dans la taille de pierre. Interne dans un lycée spécialisé, elle découvre les joies de sculpter, les petits plaisirs partagés avec ses camarades.

Un roman d'émancipation par la confrontation à la créativité, à la matière, à l’œuvre.

Un livre qui donne toute la place aussi aux non-dits, aux secrets de famille, au poids du deuil.

Sybille est un personnage touchant. On la sent tâtonner dans ses liens avec ses parents, sa grand-mère, ses copines de classe. Pointe du nez aussi la question des premiers émois amoureux.

J'ai aussi aimé la plume d'Isabelle Pandazopoulos.

"Le soleil a disparu à l'horizon. Ne reste plus qu'une bande de lumière dorée bordée de nuages qui virent au bleu et sur lesquels se détachent les branches noires des arbres. On dirait une foule de bras levés adressant au ciel des prières éperdues."

Merci à la librairie Durance à Nantes et à son beau rayon jeunesse!



16 octobre 2024

Le livre des étreintes

 

Vous le savez, Pan-or-amiques aime explorer les littératures de pays différents. Je vous emmène ce jour à la découverte d'un auteur exilé des dictatures uruguayenne et argentine. 

Eduardo Galeano, né à Montévideo en 1940, a vécu toute une partie de sa vie en Espagne, avant de ne retourner en Uruguay où il vit aujourd'hui.

Le livre des étreintes est un objet hybride. A la fois poétique, historique, politique.

Ce sont des petits billets, qui évoquent des amis, des moments de vie, des peurs, des joies. 

Très difficile à raconter, ce livre est plutôt une expérience à ressentir.

Certaines pages sont à tomber. On aimerait les recopier pour les garder sous les yeux et le cœur, tant elles sont fortes, poétiques, amusantes, et intrigantes.

"Chaque personne brille de sa propre lumière au milieu de toutes les autres. Il n'y a pas deux flammes identiques.Il y a de grandes flammes et de toutes petites flammes, et des flammes de toutes les couleurs. ll y a des gens à la flamme sereine qui ne se préoccupent pas du vent et des gens à la flamme folle, qui emplit l'air d'étincelles. Quelques flammes balourdes n'éclairent ni ne brûlent. Mais d'autres enflamment la vie d'un désir si intense qu'on ne peut les regarder sans cligner des yeux, et si on s'en approche, on s'enflamme."

 Merci à Claire pour la belle découverte!

 



04 octobre 2024

Plus grands que le monde

 

Un roman qui s'inscrit dans le temps long pour nous narrer toute l'histoire d'une famille américaine au vingtième siècle.

Tout commence donc dans les années 1930 aux États-Unis, quand Doris et Tup se rencontrent. Doris décide de ne pas devenir institutrice et d'épouser Tup, en adoptant une vie à la ferme familiale du Maine. Quand la seconde guerre éclate, il reste au pays pour nourrir les populations.

Toute la première partie est construite autour des routines du quotidien et comment les personnages y trouvent de la joie. Bonheur de la traite des vaches, de l'entretien du jardin potager, des lectures le soir sous le porche en famille, des repas partagés, des moments de lessives, etc. Trois enfants vont naitre qui vont s'épanouir au contact de la nature. Sonny, l’ainé, va faire de sa chambre un mini musée pour les insectes ou autres pierres. Dodie la cadette va suivre la voie de sa mère et devenir une parfaite femme de la ferme. Beston le petit dernier va suivre ses ainés et leurs amis, en étant le plus chouchouté.

 Mais tout bascule dans une deuxième partie, avec un drame, dont je ne vous révèle rien.

 Il faudra alors la troisième partie, pour trouver des chemins de résilience pour les uns et les autres.

Ce roman est un livre sur le deuil, ce qu'il change dans les liens familiaux, combien il pousse à la ré-invention de tout.

C'est un roman plein d'amour, de compassion, de fraternité.

 Un livre qui plaira à ceux qui aiment les sagas familiales.

Un texte marquant sur la mort, le déni, la colère, la tristesse qui s'en suit, mais aussi la reconstruction!

 

19 septembre 2024

Tout le bleu du ciel

 

 

Un roman feel good, qui fait vraiment du bien à lire!

Un jeune homme de 26 ans qui se sait atteint d'un Alzheimer précoce met une petite annonce pour partir en camping car vers les Pyrénées en étant accompagné. Il souhaite vivre intensément les derniers mois dont il pourra se souvenir.

Emile fuit donc l'hopital et l'horreur de l'annonce de cette pathologie.

Joanne, quant à elle, répond à la proposition positivement et les voilà embarqués tous les deux dans l'aventure.

C'est très touchant de les voir apprendre à se connaitre, à gérer la maladie, à s'inventer un fonctionnement à deux vaille que vaille.

Un roman qui donne envie de prêter attention au beau, à la nature. Un texte qui incite à manger lentement et à savourer tout simplement! Vous prendrez le temps le matin de regarder le bleu du ciel, c'est sûr!

Un livre qui plaira à tous ceux qui aiment les roadtrips, les rencontres, la vie en communauté, etc.

Beau message de solidarité, sur le prendre soin...

Beau personnage de grand-mère aussi...

Merci à Galou et Aurélie pour ce beau conseil de lecture!

 

 


14 septembre 2024

L'incroyable voyage de Coyote Sunrise

 

Le premier roman que m'a conseillée ma nièce collégienne, et j'ai A-DO-RE! 

La petite Coyote, 12 ans, vit avec Rodéo, son père, dans un bus scolaire aménagé en mobile home. Ils traversent les États-Unis, au gré de leurs envies, en embarquant souvent à bord des autostoppeurs ou autres intrus de passage à quatre pattes! Un jour, Coyote apprend que son parc de quand elle était enfant va être détruit pour construire à la place un projet immobilier, elle se met en quête d'y revenir à tout prix avant sa disparition... Je ne vous en dis pas plus!

Un livre fort en émotions et qui fait pleurer et rire. Un texte tout en sensibilité et finesse.

Un road trip plein d'humanité, de solidarité et d'amour. On y croise la question de l'homophobie, des violences familiales, du deuil, d'acceptation de la différence...

Un livre qui donne envie d'aimer la vie et de l'aimer "même si"

Alors MERCI Eloise! J'espère que tu me conseilleras plein d'autres romans! Déjà hâte!!

09 septembre 2024

Le miniaturiste

 

Nous sommes en 1686 et notre héroïne, Nella, quitte son Angleterre natale pour rejoindre son mari, Johannes, homme d'âge mûr, vivant à Amsterdam, et certainement l'un des marchands les plus en vue de la capitale.

Mais lorsqu'elle arrive, il n'est pas là. A la place, elle est accueillie par sa sœur et le personnel de maison, sans trop comprendre ce qu'on attend d'elle au juste ici.

A son retour de déplacement commercial, Johannes lui offre son cadeau de mariage: une maison de poupées qui est la copie parfaite de leur résidence. Il lui dit que ça l'occupera pendant ses fréquents voyages et lui communique l'adresse pour commander des meubles et autres personnages et objets à mettre dans la maison miniature.

Nella s’exécute et commande des objets mais étrangement elle reçoit plus que ça commande, et notamment un berceau, alors que son mari refuse à ce stade de consommer le mariage... Est-ce une erreur? ou bien ce miniaturiste serait-il en train de lui faire parvenir par cette voie des informations sur les mystères de la maison et de ses occupants?

S’inspirant d'une vraie maison de poupée exposée au Rijksmuseum à Amsterdam, Jessie Burton nous plonge dans le Amsterdam du 17e siècle. Les intransigeances religieuses des calvinistes, les tensions politiques et économiques de l'époque, le poids des apparences sociales, les inégalités, etc.

Un roman historique plein de suspense, et qui se dévore tant on veut venir à bout des secrets du foyer et de ses occupants.

Un livre à lire pour comprendre que sous les apparences lisses et convenues peut se cacher toute autre chose, dans l'intime des vies et des parcours personnels. 

Un livre qui plaira à ceux qui aiment les ambiances mystérieuses, pleines de brouillard, où l'on va de cachoteries en dissimulations.

De beaux personnages aussi, plein de courage et de ténacité, pour être qui ils sont vraiment, coûte que coûte!

Merci à la librairie de Utrecht pour ce beau conseil!